A. L’homéopathie en pratique
a. Administration et effets
Les exemples de placebo sont très variés et peuvent être très simples (le « bisou magique ») ou dans des médicaments qui, sans cet effet placebo, seraient moins efficaces.
Ainsi, quand affligé d’un terrible mal de crâne, vous avalez deux comprimés d’aspirine, si vous vous sentez déjà mieux au bout de dix minutes, ce n’est pas parce que l’aspirine fait déjà son effet (elle est encore dans votre estomac) mais grâce à l’effet placebo. Ce qui veut dire que même les médicaments efficaces sont doués d’effet placebo !
De même, quand un parent embrasse la blessure d’un enfant, si l’enfant cesse vite de pleurer, ce n’est pas la « magie » du baiser qui l’a soulagé, mais son effet placebo. De même, quand un patient entre chez le médecin avec des symptômes inquiétants et en ressort en souffrant moins après que le médecin lui a expliqué que ses symptômes sont bénins, c’est encore grâce à l’effet placebo.
L’effet placebo n’est donc pas seulement véhiculé par les médicaments.
B. Les dérives de cette médecine dans les pays étrangers
Dans les pays développés, l’homéopathie n’est utilisée qu’en complément de soins ou pour traiter des maux bénins (mal des transports par exemple). En Afrique, l’argument économique a changé la donne. Si les homéopathes se contentent dans les pays riches de cantonner effectivement l’homéopathie au rang de complément, ils proclament son efficacité sur les pathologies graves et épidémies, comme le SIDA et la malaria.
Sur les sites des associations, comme celui d’Abha Light, promouvant ce type de médication, des exemples de gens s’étant guéris du SIDA grâce à l’homéopathie sont publiés. A nouveau, le faible coût de ce traitement est mis en avant, alors que l’on peut se rendre rapidement compte grâce à d’autres études que des négociations ont permis la baisse des coûts : en 42% des malades avaient accès aux soins allopathiques contre 33% en 2007.
Les pratiques de ces associations restent d’ailleurs floues. La directrice de l’association « Didi Ananda Ruchira » refuse par exemple tout protocole d’évaluation en estimant que la simple « observation de cas » est suffisante et peut constituer une parfaite « démarche scientifique ». La politique est alors mêlée à ces débats éthiques : le recours à l’homéopathie ne semblant alors n’être plus qu’une façon de s’opposer à « la domination des compagnies pharmaceutiques ». On est alors bien loin du simple apport d’aide aux populations démunies.
Cependant, on est malheureusement obligés de constater que les gouvernements des pays d’où proviennent ces associations ne font rien pour améliorer les contrôles. Lorsque le responsable du site « Quackometer » a osé dénoncer les agissements de l’association Abha Light auprès des responsables britanniques, des avocats lui ont immédiatement demandé de retiré tous ces articles, recherches et critiques de son site sous peine de poursuite en justice pour diffamation…
C. Fonctionnement de l’effet placebo
Michael Balint, psychiatre anglais qui a beaucoup écrit sur la relation médecin-patient, explique que le premier médicament du médecin, c’est le médecin lui-même. Et dans toute relation thérapeutique, le respect mutuel que s’accordent soignant et patient se concrétise par un fort effet placebo.
L’effet placebo découle donc également de la confiance de l’utilisateur dans le médicament qu’il absorbe mais ce n’est pas un effet magique : il déclenche à l’intérieur de son cerveau, la sécrétion de substances appelées endorphines qui soulagent la douleur et divers autres symptômes. Autrement dit, l’effet placebo est la conséquence biochimique d’une suggestion symbolique.
D. Effet nocebo
L'effet placebo n'est pas toujours bénéfique, il peut être de nature dommageable pour l'individu : c'est l'effet nocebo (du latin : « je nuirai »).
On a ainsi pu observer l'apparition de troubles chez des riverains d'une antenne relais de téléphonie mobile, alors même que l'installation n'avait pas encore été mise en service. Il a été étudié également l'influence de la prière sur la guérison d'un malade. Si ce dernier était au courant que des prières étaient exercées en sa faveur, le malade avait plus de risque d'avoir des complications médicales, les prières étant généralement réalisées pour les mourants. Le stress supplémentaire serait également la cause des risques de complications.
Cet effet nocebo peut aussi prendre la forme des effets indésirables d'un vrai médicament. Il est présent car le patient, sachant qu'il prend un médicament, recrée inconsciemment les effets indésirables dont il a pu entendre parler auprès de ses amis, dans les médias, ou simplement lus sur la notice. Ces effets, distincts des effets secondaires réels d'un médicament, sont de nature purement psychologique - même si la distinction entre les deux n'est pas toujours aisée. 20 à 30% des sujets en parfaite santé observent des effets secondaires tels que maux de tête, somnolence et nausée.