Mes inspections
Il eût été plus exact de titrer « Quels propos, à mon encontre puis à mon égard, ont tenu les personnes qui ont assisté à l’exercice attendu d’un cours tenu en leur présence ?» ; Ceci semble taillé à l’aune de la plus grande objectivité… Nonobstant, surtout compte tenu de divergences personnelles incontournables, on ne peut qu’être frappé de la constance du résultat : une carrière somme toute banale, une progression sans fleurs ni couronne autres que des compliments qui ne coûtent rien. L’exercice est convenu, très artificiel ; le plus surprenant ? Sortir du cadre ou s’y enfermer n’a aucun effet. C’est que le corps des inspecteurs est formaté, prôner l’expérimentation permet de se refaire une beauté, le temps de passer devant le miroir. Pour les deux seules parties qui comptent en présence, la classe étant, elle, forcément bien tenue en laisse. Remontent à la surface, tels des remugles, des encouragements de pure forme. Avec une notation dûment encadrée, sans dépassement envisageable. Le pire ? C’est la solution la moins pénalisante, car combien ai-je vu de faiseurs patentés, en bons parasites, se goberger de leur promotion au mieux disant au détriment de plus méritants ! On en arriverait presque à souhaiter une notation par ses pairs, alors que pour certains, l’enseignement est leur bâton de maréchal… Les élèves de même ne seraient pas bons juges : ils sont si faciles à manipuler, un zeste d’autorité, un soupçon d’humour, la pirouette du petit pas de côté, et le tour est joué. A condition toutefois de se montrer soi-même d’une déontologie inattaquable : devoirs rendus à l’heure, des deux côtés, sans rigueur déplacée, gestion crédible et respectueuse des notes, acceptation sans masochisme d’aménagements intelligents de la vie commune. J’allais oublier : savoir gérer l’autodérision au point de se rompre soi-même en visière, sans perdre la face. En fait, l’art du démineur… D’où le taux d’estropiés dans la fonction ! Je m’en suis sorti, je reconnais avoir sans doute un peu cabossé des élèves lors de mon début de carrière. Mais j’ai véritablement eu du plaisir à enseigner mes trente dernières années, au point de passer pour pertes et profits les centimètres de copie à traiter pendant les vacances de Noël. Le plus jouissif ? Ne plus savoir si l’on joue le prof (ulcéré, vitupérant, glacial, fou) ou si on l’est réellement. Et le pétillement de ceux qui comprennent subitement que tout ça, c’est pour jouer avec ses propres idées/pensées/paroles. En laissant l’action, même inévitable, à plus tard. De toute façon, en dehors du cénacle scolaire. Quand ils testeront la fiabilité de leur formation…
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