Avis aux latinistes: les noms sont donnés non latinisés quand leur porteur est grec!
: le fondateur du stoïcisme
, donc Zénon et l'ancien stoïcisme.
: le moyen stoïcisme.
: le nouveau stoïcisme.
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Le problème que se posent les grecs au IVème siècle av. J.-C. est celui que se pose tout homme: comment être heureux? La réponse, avant l'effondrement d'Athènes, suite à la guerre du Péloponnèse (fin Vème), puis les victoires de Philippe, suivies des foudroyantes conquêtes d'Alexandre, de la constitution de son empire qui a détruit le cadre étroit de la Cité antique, semblait aller de soi: servir sa cité en étant un citoyen courageux, payant ses impôts, fidèle aux dieux de son terroir et fier de ses enfants mâles. Dans un univers élargi par ces conquêtes et la réflexion philosophique - aussi bien des sophistes que de Socrate, suivi de ses disciples - cet idéal n'est plus de mise; il faut pourtant vivre, si possible bien! Bref, comment être heureux (les anciens sont plus pragmatiques que métaphysiciens!)?
Deux solutions se proposent:
celle d'Epicure
Celle de Zénon est aussi finalement l'absence de troubles, l'apatheia (=non-souffrance, cf. passion), mais parce que nous avons le sentiment profond du devoir accompli et d'avoir agi dans le droit fil de la nature, de la conscience universelle (=LOGOS). Aussi curieux que cela puisse paraître à certains décadents de notre époque, accomplir son devoir d'Etat, voire l'avoir accompli, par ex. quand on se fait torturer par un tyran - comme moi-même quand, en tant que professeur, je partage mes acquis intellectuels sur Internet avec vous, néophyte, au détriment de mes loisirs, sans être payé (AD MAJOREM ISTIUS MINISTRI GLORIAM?) en tapant ceci - permet d'être heu-reux ou, du moins... stoïque! Remarquons que, dans ces deux philosophies, nous échappons aux contingences extérieures, donc politiques, et que tout dépend en fait de notre conscience personnelle, que nous ayons agi en fonction de nos plaisirs (épicurisme) ou du Logos: la conscience/cohérence du monde (stoïcisme) . Une telle autonomie psychologique ne sera pas oubliée par le christianisme...
Né en -332, 10 ans après Epicure, à Cittium, dans l'île de Chypre; il se rend à 21 ans à Athènes, soit 1 an après la mort d'Aristote et 2 après celle d'Alexandre. Notons qu'au départ, les stoïciens se recrutent surtout dans les grandes cités populeuses et commerçantes de l'Asie Mineure. Elles avaient souvent changé de maître. D'où le cosmopolitisme stoïcien, ainsi que l'indifférence du stoïcien pour le lieu où il habite, même s'il est avant tout un homme des villes, là où sa propagande peut s'exercer.
Revenons à Zénon: il suit d'abord l'enseignement des Cyniques - dont le nom vient de chien, car ils se comportent comme tels, en ne se pliant à aucune des convenances sociales. (cf. Diogène du bord de son tonneau rétorquant à Alexandre qui lui demandait ce qui lui ferait plaisir: "ôte-toi de mon soleil."; autre anecdote: Diogène circulant en plein jour une lanterne à la main et disant à ceux qui s'inquiètent de son comportement: "je cherche un homme". Ne se caressait-il pas en public pour monter qu'il était inutile de se fatiguer à chercher un/e partenaire pour satisfaire ses pulsions sexuelles? Athènes assiégée, Diogène se mit à faire rouler son tonneau pour participer à l'agitation commune). Un tel comportement asocial - car refusant les préjugés, les convenances traditionnelles préétablies et considérées comme indiscutables - ne convient pas à Zénon qui voit dans la culture le développement de la nature. Aussi, pour lui, le sage doit vivre de façon harmonieuse en accord avec la nature, donc non seulement notre nature propre, mais la nature universelle, qui est pénétrée de raison, d'un élément divin; ce Logos est une émanation divine, un souffle igné qui anime tous les corps. On arrive ainsi à une cosmologie vitaliste: Zénon unit les thèses naturalistes de certains successeurs de Platon (l'Académie) et la recherche morale des Cyniques. Cette doctrine permet, à l'époque, d'unifier l'homme et le monde: une seule et même raison, dans la dialectique, enchaîne les propositions conséquentes aux antécédentes, dans la nature lie ensemble toutes les causes, et dans la conduite établit entre les actes un accord parfait. C'est dans ce sentiment d'unité, joint à un dynamisme très actif, que se trouve Zénon. En -300, ce dernier peut donner la réplique à Epicure sous un portique décoré de fresques (la STOA POIKILH), stoa, qui devait donner son nom à cette philosophie: le stoïcisme ou philosophie du Portique, par opposition à l'Epicurisme, la philosophie du Jardin. Zénon meurt à 72 ans, en - 262.
Si les Epicuriens s'intéressent en fait à la physique uniquement en ce qu'elle sert à calmer l'angoisse existentielle, la physique, couronnée par la morale qui lui est intimement liée, est au centre du système stoïcien; Zénon estime qu'on reconnaît l'être à sa capacité d'agir; et tout ce qui agit est corporel - certes, il y a des incorporels: les énoncés exprimables, le vide extérieur au monde, le lieu, le temps, mais ils sont un simple quelque chose qui ne peut ni agir ni pâtir.
La substance du monde est éternelle, même si des changements (cf. l'usure! - ou notre entropie!) apparaissent: il s'agit de périodes cosmiques, au cours desquelles le monde se forme, puis se dissout: Le feu primitif et divin donne par condensation naissance à l'air, puis apparaît l'élément humide, germe du monde. La terre se dépose au centre, et ainsi l'univers se met en ordre. Par la suite, le feu reprend le dessus et assimile progressivement les autres éléments, jusqu'au terme de la Grande Année, avec son embrasement final: ekpyrosis (EKPURWSIS) - mais qui n'est pas la Fin du Monde: l'univers, ramené à son principe, est ainsi purifié et peut recommencer. Ce feu est identifié à la raison, au Logos. De son déploiement proviennent les "raisons spermatiques" qui dirigent le développement des êtres individuels, parties de la nature universelle. La nature est donc un feu artiste qui, par sa force ordonnatrice, maintient le monde et ses parties et lui donne sa beauté: chez les êtres inorganiques, c'est une force de cohésion, chez les plantes: c'est la force végétative; chez les animaux, c'est l'âme dont dépendent la perception sensible, la représentation imaginative et l'impulsion motrice. Chez l'homme s'y ajoute le Logos qui l'apparente aux dieux et le sépare des animaux ainsi que de l'enfant de moins de 7 ans... Ce feu artiste pénètre donc le monde et les hommes en y exerçant une véritable providence: prendre connaissance de cette action, la vénérer, s'y conformer, voilà la piété authentique. Ainsi les conceptions religieuse et scientifique s'unifient-elles ici. Cette force, considérée dans l'enchaînement des causes, est aussi Destin, confirmé d'ailleurs aussi bien par le retour éternel que par la sympathie des parties du monde qui s'interpénètrent en se mélangeant, puis se séparant. Cette notion de Destin est en contradiction - plus ou moins contournable par la dialectique stoïcienne - avec la morale et la psychologie stoïcienne qui souligne l'autonomie de nos décisions, la responsabilité de nos actes, le fait que nous pouvons toujours refuser notre accord à ce qui n'est pas conforme avec la raison.
pour fonder cette morale, il faut avoir la certitude absolue d'être dans le vrai: la fermeté et la constance de cette croyance sont la condition essentielle du bonheur (cf. ataraxie?), incompatible avec le regret dérivant de l'assentiment à l'erreur. C'est donc dans une nature stable, rationnelle, identique à elle-même, que le stoïcien va chercher la satisfaction de besoins auxquels ni la Famille ni la Cité ne peuvent plus répondre: la raison qui crée en nous cette stabilité est la même qui guide l'univers; l'homme se sent alors en sympathie avec les choses: il sait que, malgré les apparences contraires, c'est la raison qui règne, seule et éternelle. L'adéquation obtenue donne à certains individus - reproduisant en cela dans la sphère philosophique ce que les monarques absolus de droit divin développent à cette époque dans la société - d'incarner la Sagesse... Tout ceci permet l'action par ex. politique, au rebours des Epicuriens et des Cyniques.
Il convient donc de vivre de façon cohérente, conforme à la raison comme à notre nature, qui, au fond, ne font qu'un. Ceci n'amène pas à privilégier nos plaisirs, comme chez les Epicuriens;: grâce à notre connaissance du logos, nous pouvons diriger notre vie conformément à la raison. Et elle nous montre que le bonheur ne peut se trouver que dans la vertu qui est un accord avec soi-même. Certes, l'homme n'est pas que raison: il lui arrive de donner son assentiment à ses passions, qui sont des impulsions irrationnelles, qui dépassent les bornes et dévient par rapport au Logos. Face à cela, Zénon préconise l'apathie, pour venir à bout de la peine, due à l'opinion récente de la présence d'un mal, de la crainte, due à l'opinion d'un mal menaçant, du plaisir, due à l'opinion d'un bien présent, du désir, issu d'une impulsion qui vise passionnellement un objet opiné. Mais il ne va pas jusqu'à adopter l'insensibilité radicale des Cyniques: de bonnes passions peuvent aussi s'opposer aux mauvaises: la circonspection à la crainte, la joie au plaisir, le désir raisonné au désir passionné. Au reste, entre les choses bonnes et mauvaises, il y en a d'indifférentes, certaines l'étant réellement, d'autres étant préférables tandis que d'autres encore sont à éviter. Aussi à l'action correcte et vertueuse du sage accompli se juxtapose l'acte convenable, conforme à la nature et justifiable par de bons arguments. Tout ceci rend possible le progrès moral et explique qu'une place importante soit donnée aux conseils, la "parénétique" dans le stoïcisme. Il s'ouvre ainsi à l'altruisme qui prend son origine dans l'inclination et qui, faisant fi, comme l'indiquaient les Cyniques, des lois conventionnelles propres aux Cités particulières, s'étend jusqu'à la société universelle: c'est le cosmopolitisme du sage stoïcien qui est un citoyen du monde.
II - Les élèves de Zénon et l'ancien stoïcisme
Ceux-ci s'engagent, au rebours des épicuriens: un des disciples de Zénon, Persée, fut appelé par Antigone Gonatas à sa cour; il devint le précepteur de son fils et succomba en défenseur de l'hégémonie macédonienne contre le sursaut d'indépendance de la ligue achéenne. Un autre, Sphairos, se retrouva à Sparte auprès de Cléomène, puis d'un Ptolémée, à Alexandrie...
Quelques ruptures: Denys d'Héraclée, convaincu par la maladie que la douleur est un mal, abandonna le Stoïcisme pour l'Epicurisme. Ariston, considérant que l'unité de la vertu rend superflus tous les préceptes de détail, refuse la parénétique, l'art des conseils moraux, et fait fi de la physique ainsi que de la logique: il quitte l'Ecole.
Malgré son côté obscur tâcheron, il prit la direction de l'école en -262 et resta son scolarque pendant 30 ans. Auteur d'un Hymne à Zeus, où le Destin apparaît comme l'ordre divin qu'enfreignent seuls les méchants, il s'adresse avec émotion à un dieu suprême et personnel, comme à un père et un sauveur. Connu lui-même pour son énergie obstinée, il insiste en morale sur l'importance de la force de caractère et de la tension, à laquelle il ramène les vertus. Le feu solaire, comme pour Zénon, est la chaleur vitale et bienfaisante d'un être animé.
Né en -277, il succède à Cléanthe et meurt vers 204: travailleur acharné et constant, on lui attribue 705 traités, ce qui le rend le quasi créateur de la logique stoïcienne. En physique, il affirme tout à la fois, avec la sympathie universelle qu'établit la théorie du mélange total, l'unité d'une cause qui est acte, aboutissant ainsi à un monothéisme cosmique, et la multiplicité conspirante des êtres qui conservent en même temps leur originalité propre! Il essaie aussi de résoudre l'opposition entre le destin et la liberté, en mettant en valeur la cause principale d'un événement: celle qui nous est intérieure et nous exprime; ainsi, la raison donne ou refuse son assentiment. Un des disciples de Cléanthe, Diogène de Babylone, participa à l'ambassade des Athéniens à Rome en -156 et y exposa la doctrine, dépassant ainsi le succès de scandale du sceptique Carnéade sur la Justice. Certains disciples remettent même en cause la conflagration universelle. Le problème de la survie de l'âme amène lui aussi des réponses variables. Si, pour Cléanthe, elle subsiste jusqu'à la conflagration, pour Chrysippe l'âme débile meurt lors de la mort, celle du sage participe à cette immortalité restreinte.
III - Panaïtios, Poseidonios (moyen stoïcisme)
Le système stoïcien a à subir les assauts de la Nouvelle Académie, de Carnéade et Clitomaque qui s'efforcent d'abattre l'édifice dogmatique, et les prétentions à la vérité absolue de l'ancien stoïcisme. De plus, trois faits sont à relever à cette époque
Le penchant des romains, esprits concrets, pour ne pas dire étriqués, voire bornés, pour les préceptes pratiques directement utilisables, plus portés vers la pratique que vers la théorie.
Une recrudescence de l'esprit religieux, avec la préoccupation de l'au-delà (cf. le senatus-consulte des bacchanales), avec l'âme sur terre comme sur un lieu d'exil
L'ancien stoïcisme ne répond qu'imparfaitement à ces nouveaux besoins:
Zénon comme Chrysippe ou Cléanthe étaient plus préoccupés de définir la vie spirituelle parfaite du sage que d'entrer dans les détails complexes - ou mesquins - de la vie pratique, plus enclins à poser des principes qu'à en déduire les applications
L'idée d'une âme indépendante du corps, même si cette idée ne leur est pas totalement étrangère, n'a pas d'influence sur leur conception de la destinée de l'homme.
Tout ceci au rebours de Platon (l'Académie) et d'Aristote (le Lycée): Platon dans le Phédon avait donné à l'indépendance de l'âme une valeur imminente, tout en soulignant son dualisme interne: une intelligence attirée par le monde des idées, et les fonctions de la sensibilité qui se rapportent au corps. Aristote, lui, a bâti une œuvre encyclopédique.
Panaïtios
Son enseignement nous est connu surtout grâce à Cicéron. Le premier, né à Lindos de Rhodes vers - 180 rejoint l'historien Polybe à Rome en - 146. Il accompagne Scipion Emilien dans ses périples méditerranéens. Conformément aux besoins du temps, il assouplit le stoïcisme vers une morale plus pratique: Il rejette la conflagration, la sympathie universelle et l'astrologie qui va avec. Il admire la beauté du monde, réfléchit sur la théologie physique qui personnifie les forces naturelles, oppose à la nature offerte à l'homme celle que l'homme instaure de ses mains et fonde ainsi la philosophie opérative préconisée ultérieurement (!) par Francis Bacon. Il s'oppose à l'intellectualisme de Chrysippe (qui ne tient pas compte de la vie affective) par sa conception dualiste (cf. Platon) de l'homme: il y a en nous des impulsions irrationnelles et des tendances fondamentales conformes où s'associent nature et raison. A charge pour nous de nous appuyer sur les deuxièmes pour discipliner les premières. A l'homme ne suffisent pas les ressources nécessaires à la vie matérielle (VICTUS), la vertu de justice lui ouvre celles de la vie civilisée (CULTUS), permettant de passer de la vie familiale à la société humaine. La vertu de modération nous pousse vers le beau moral (HONESTUM), opposé à l'utile, et vers le DECORUM, ce qui est décent, l'aspect extérieur de la conduite morale qui révèle notre beauté intérieure (nous sommes là aux antipodes du Cynisme, bien insensible au decorum). Panaïtios développe l'individualisme: ne rien faire contre la nature universelle, mais, celle-ci respectée, suivons notre propre nature. En fait, pour lui, le bonheur exige certes la vertu, mais aussi la santé, la force et les ressources matérielles.
Né entre -140 et -130. Disciple de Panaïtios, il enseigna à Rhodes: Cicéron y suivit ses cours en -78/77. En accord avec les besoins de son temps, il donne au stoïcisme une vive impulsion à la fois vers la religion et vers la science: Il laissa une œuvre de la taille de celle d'Aristote et s'occupa même - ce qui est exceptionnel pour l'antiquité - de technologie en étudiant l'origine des civilisations (fondées par la succession de sages, rois, puis législateurs et pour finir inventeurs. Il continua aussi l'œuvre de Polybe. Il reprend la conception dualiste de la psychologie à Platon et à Panaïtios, en proposant une thérapeutique des passions: les arguments échouant sur elles, pourquoi ne pas utiliser par ex. la musique? Poseidonios n'est pas non plus insensible aux mathématiques, à la géographie, à l'astronomie, en retrouvant ici l'influence des astres sur la terre, donc la divination! Sa théologie est bien hiérarchisée: Zeus serait la force dans son unité, le destin, la même force envisagée sous ses aspects multiples tandis que la nature serait la puissance, émanée de Zeus, pour relier les forces multiples du destin; ainsi l'unité cosmique se déploie-t-elle en multiplicité et une des difficultés théoriques du stoïcisme dépassée! En fait, Poseidonios tente une synthèse des sciences dans une perspective stoïcienne.
Tandis que Panaïtios et Poseidonios se rapprochent de Platon, la propre école de ce dernier, l'Académie, se rapproche du Portique, comme le fait Antiochus d'Ascalon, scolarque de 85 à 69 et dont Cicéron suivit les cours en 79/8, en ce qui concerne la théorie de la connaissance: il veut fonder cette dernière sur des critères plus objectifs, en reprenant la théorie de l'assentiment - ou non! On peut donc au besoin retenir son jugement. Cicéron lui-même se rattache certes aux néo-Académiciens : le systématisme du stoïcisme est contraire à son tempérament. Mais il est profondément sensible à la morale stoïcienne. Dans les Tusculanes, il est très proche de Panaïtios en ce qui concerne la douleur même si, sur les passions, il s'inspire de Chrysippe. L'idée de joindre à l'HONESTUM le DECORUM, à la VIRTUS, l'HUMANITAS est du moyen stoïcisme
IV - le stoïcisme impérial (nouveau stoïcisme)
Des besoins nouveaux naissent à cette époque, car la conscience intellectuelle et morale est alors bien désemparée: je n'en veux pour preuve que l'œuvre de Sextus Empiricus, créateur d'une somme du... scepticisme! Le problème urgent est en fait de fixer les consciences et de donner un centre à la vie morale, puisque les stoïciens sont aussi sceptiques, à cette époque, que leurs adversaires sur les solutions apportées par les anciens stoïciens sur la physique et se contentent des affirmations théologiques qui gardent une valeur pratique. Les nouveaux stoïciens cherchent surtout par leurs prédications et leurs conseils à propager l'habitude de la réflexion morale et de l'examen de conscience, en reprenant ainsi la prédication morale chère aux... Cyniques! Il s'agit de diatribes, qui reprennent la tradition cynique qui tient du discours protreptrique et du sermon. Cette direction de conscience se retrouve sous forme écrite chez Sénèque, orale chez Epictète, d'examen de conscience chez Marc-Aurèle.
Le stoïcisme devient une école de pensée indépendante où les hommes qui osent résister au despotisme impérial puisent leur force; les empereurs le considèrent comme un foyer d'insoumission et le persécutent. Au culte des divinités protectrices des Julii, puis de Sérapis, cher aux Flaviens, les stoïciens préfèrent celui de Jupiter. Notons pour finir qu'il y a aussi un rapprochement entre cette opposition et les prosélytes de la religion juive.