Micromégas, VII, § 4 - 7

Les 5/7ème de cette histoire philosophique – comme si le terme histoire rendait moins fabuleux l’existence de Micromégas, moins incroyables ses moyens de transport, plus probable sa rencontre avec le nain, par rapport à lui, de Saturne – sont consacrés, par le conteur anonyme, au héros éponyme, puis au couple disproportionné qu’il forme avec l’avatar de Fontenelle ; nous avons eu droit à force calculs, erronés quand il s’agit de l’infiniment grand comme de l’infiniment petit, justes quand il s’agit de notre tas de boue - le seul sujet en fait qui intéresse Voltaire puisqu’il élude avec esprit tous les problèmes concrets que posent la présence sur notre planète de tels géants - moult réflexions qualifiées de philosophiques, maintes hypothèses controuvées, de l’absence de toute vie sur cet astre mal bâti un vaisseau pris pour une baleine, avec comme point commun  la quête de la vérité, de la connaissance. Finalement, malgré les difficultés et sa petitesse extrême, nos explorateurs découvrent l’existence de l’être humain au chapitre V, et le rencontrent au chapitre VI. Comme en écho au chapitre II, le conte s’achève sur une conversation avec les hommes. Après déploration de l’existence de préjugé mortifères et bellicistes, le climat se détend sur la constatation que tout le monde est d’accord sur le réel, en utilisant les outils de la raison, principalement les mathématiques.

 Un dialogue socratique à but propédeutique en un jeu de massacre impitoyable.

A) Un débat bien mené :

·         Cet échange sur la nature de l’âme, querelle métaphysique s’il en fut, revient à un dialogue vivant, avec l’utilisation de verbes d’élocution fort simples : Voltaire ne cherche pas la richesse lexicale, qui se ferait ici au détriment de l’exposition, théoriquement claire, du moins ici bien tranchée, des positions de chacun ; «leur dit, dites-moi, parlèrent, citait, prononçait, dit, déclare, dit, dit, reprit, répliqua, prit la parole et dit, répondit, demandez, dit, dit, répondit, dit, dirais-tu, dit, adressant la parole, demanda, répondit, reprit, dit-il, répondit, adressé la parole, dit-il, coupa la parole, soutint, parla, il leur promit, dit-il», alors qu’il n’y a que deux substantifs pour évoquer cette démarche : «avis, discours» ; c’est donc bien une pensée en marche, qui se veut en recherche, dont il devrait être question, alors qu’en fait, elle n’assène que des affirmations inconciliables et plus ou moins délirantes, sauf les positions sceptiques de l’avant-dernier intervenant bien sûr. Ce dialogue est la suite naturelle de ce qui précède : «enfin», et le «puisque» sert de conclusion partielle en même temps que de point d’appui pour la suite, en transition : l’opposition «dehors/dedans» doit se résoudre dans une connaissance pleine et entière, vu l’analogie : «si bien, encore mieux». Le problème est très clairement posé par la demande sans ambages de Micromégas, très concise, et nous attendons des réponses aussi courtes que celles qui précèdent ; conformément à ces dernières, on croit tenir une réponse collective : «tous» deux fois, dénié brutalement par : «différents», ce qui ne peut que déconcerter le lecteur et éveiller ainsi son attention. Le premier intervenant est à peine esquissé, en fait par comparaison : «le plus vieux», mais c’est le seul ici qui soit caractérisé par un trait physique, sa vieillesse est mentionnée deux fois, avec un effet d’encadrement partiel dans ce passage, puisque le partisan de Locke est, lui, caractérisé par sa petitesse physique – ce qui montre bien que le dernier intervenant, le thomiste, n’a aucune importance et ne mérite que la dérision : la redondance «petit animalcule» le rend plus que microscopique.

·         Voltaire annonce son plan, et il le suivra sans rupture, fidèlement. L’énumération est en accumulation en terminant par le disciple de Locke, l’intervention du thomiste a donc lieu par surcroît… La suite semble temporelle, l’antiquité, les anciens réduits à un, puis les modernes, un du XVIIe, les autres dans l’orbite du siècle des Lumières : le texte est en fait d’actualité. Notons une rupture dans sa cohérence interne : on attendrait «le vieux péripatéticien», car il semble peu probable qu’il y en eût plus d’un. Ou tous seraient vieux, à l’instar de cette philosophie, jugée dépassée par Voltaire ? Quoi qu'il en soit, la démarche est bien propédeutique, c'est-à-dire conduire l'apprenant/lecteur/élève vers la connaissance... Ici, Locke; en effet, Aristote est expédié par l'accusation d'incompréhension, voire de non-sens; Descartes est pris en flagrant délit d'ignorance, alors que c'est le plus gros morceau, les deux autres sont mis sur le même pied: du bavardage inepte, des images fuligineuses qui n'éclairent pas le problème; il s'agit pour Voltaire de nous amener à la position sceptique de Locke, en définitive... car le thomiste s'expédie lui-même...

·         Comme dans un dialogue socratique, les questions et les réponses alternent, en quête de la vérité, de la connaissance de soi-même : Socrate se considérait comme un accoucheur de nous-même et s’appuyait sur l’adage du temple d’Apollon, dieu solaire, à Delphes : GNWQI SEAUTON, connais-toi toi-même… «vous savez mieux ce qui est en dedans», disait en exergue de ce passage, Micromégas. Et le sujet n’est-il pas lui-même ici celui du Phédon, texte de Platon ? Pourquoi alors Aristote, le fondateur de l’Académie ? Car le terme péripatéticien montre que Voltaire connaît ses… classiques : Aristote professait sa philosophie sous les portiques du gymnase du Lycée (du terme de loup), où l’on circulait, comme le signifie le verbe grec ; cette école se nomme aussi Académie, du nom du propriétaire des jardins, nommé Académos. Bizarrement, Voltaire n’utilise pas la philosophie qui lui serait la plus proche, vu son hédonisme, l’épicurisme. Mais l’ascétisme d’Épicure, le pessimisme de Lucrèce, c’est pénible. Le stoïcisme ? Trop sérieux ici ! Et trop récupéré par le christianisme, comme le platonisme ?  Voltaire préfère ridiculiser Aristote, qui présente l’avantage polémique d’avoir été utilisé par la Sorbonne, de voir sa physique remise en cause par celle de Newton, de faire partie des rayons de monstrance dans les bibliothèques des nouveaux riches : il fait partie des ouvrages de références que l’on a mais que l’on n’ouvre pas… 

·         Le disciple d’Aristote répond avec certitude, comme les sophistes dénoncés par Socrate qui leur prouve que leurs connaissances sont vides… Comme dans un dialogue socratique, ce qui est prêché ici par le contraire (entéléchie, définition frisant la tautologie : être ce que l’on est)  est une langue compréhensible au service d’une pensée claire et accessible à tous. Ce sera le cas pour la suite de ces dialogues successifs, grâce à Micromégas.

·         En effet, après le dialogue pédant, qui s’achève sur un aveu d’impuissance, c’est le cartésien que Micromégas met le plus de temps à mettre en coupe réglée. En fait, de fil en aiguille, de mot en mot, il faut savoir de quoi l’on parle : «esprit…» «qu’entends-tu par esprit ?» «Ce n’est pas de la matière», pour en arriver à la constatation objective de l’ignorance : «tu ne sais pas…». Le délire mystique du malebranchiste est vite liquidé, comme les images délirantes du leibnizien, qui se condamne lui-même par une antiphrase.

·         Le partisan de Locke se répète  : «sais pense sais pensé», mais ce qu’il dit est compréhensible ; il part de son expérience personnelle, et des sens. Il s’appuie, en bon dialecticien, sur l’omnipotence divine pour battre en brèche la séparation entre l’esprit et la matière, propre à Descartes. On voit bien alors le procédé : une fois le vieil Aristote liquidé, le cartésianisme obligé de reconnaître  (confesser publiquement ?) son ignorance, les deux avatars du christianisme balayés, Voltaire propose sa solution, un scepticisme léger, qui s’appuie sur le sensualisme, avec un acte de foi, un CREDO flou, proche de la pétition de principe, qui laisse sa part à Dieu, en fait en le mettant de côté, même si c’est avec respect : «je révère la puissance éternelle» ; ce faisant, il laisse la place à l’homme, en rendant de facto relatives les religions révélées…

·         Évidemment, ensuite, l’argument d’autorité du thomiste en paraît d’autant plus gratuit, il n’y a plus d’ailleurs dialogue mais monologue, en une courte phrase au style indirect dont on a franchement l’impression que le contenu a été résumé (heureusement pour le lecteur !) car, sinon, comment comprendre : «A ce discours» ? Oui, Il y  a bien soutenance de thèse : «soutint» ; dans ce cas, ses chapitres seraient-ils l’énumération qui suit, avec à chaque fois la conclusion anthropocentrique ?

·         Mais tout ceci ne mérite pas réponse et la seule est la dérision, avec la condamnation morale : «orgueil». Pourtant, comme tout le monde n’adhère pas au scepticisme de Locke, Il reste à Micromégas, pour nous donner une leçon de philosophie, à le mettre en pratique, à l’illustrer par l’image frappante et pédagogique du livre blanc : en fait, il n’y a rien à écrire  – ou c’est à nous/vous d’écrire ?   

B) Un jeu de massacre impitoyable :

Si les philosophes sont convoqués nominativement : Aristote, Descartes, Malebranche, Locke, nous notons d’abord que le dernier intervenant viendra en parasite car il n’est pas annoncé ici ; ensuite chacun, sauf le disciple de Locke, est désigné par un dérivé adjectival nominalisé : «péripatéticien», avec en conclusion le terme «savant», en antiphrase vu son ignorance : «la langue qu’on entend le moins». Le «cartésien» a droit ensuite à «raisonneur», ce qui est péjoratif,  puis, mieux : «l’homme» car il est plus simple, plus direct ou pour mieux nous ramener à la simplicité de l’observation ; bien sûr, l’«autre sage» est un rappel lui aussi en antiphrase, avec l’expression amphigourique de «philosophe malebranchiste», en néologisme qui prête à sourire ; pas mieux pour le «leibnizien qui est là», comme si l’on se demandait ce qu’il vient faire et ce qu’il peut bien avoir à dire ici… Par rapport à tous ceux-là, le «petit partisan de Locke» n’a pas droit à un dérivé pédant ;  et là où le leibnizien est simplement là, par hasard, lui a droit à une précision spatiale sympathique, comme empreinte de chaleur humaine : «tout auprès» ; certes, il est désigné ensuite par : «sectateur de Locke», mais cela n’a pas le sens péjoratif de sectaire : il signifie seulement «adepte de, partisan». De toute façon, la faconde de Voltaire est la plus forte, et une fois faite la part du feu avec Locke mis de côté (et qui le restera vu son mutisme : on lui a «enfin adressé la parole», il n’intervient donc pas de lui-même), il met le reste dans le même sac avec la plaisante périphrase pour le groupe qui parle: «tous les animalcules philosophes», après avoir mis en coupe réglée, avec le pléonasme, «un petit animalcule», déguisé avec son «bonnet carré» de sorbonnard.

En reprenant les éléments de ce qui s’avère être un abattoir philosophique sans nuance, nous saisissons mieux la technique de Voltaire pour dénigrer ce qu’il rejette. D’abord, ces idées s’incarnent dans des personnages dépréciés par leur dénomination, comme nous venons de le voir. Ensuite, tout le monde a droit à son traitement spécifique mais qui vise à mieux dénoncer le piètre rapport entre l’investissement et le résultat :

·         l’aristotélicien est un pédant, fier de sa suffisance, qui s’avèrera insuffisante : «tout haut, avec confiance» (il sera battu en cela à la fin du passage par le comportement hautain du thomiste, encore un encadrement) : une citation pontifiante, avec retranscription en français d’un terme grec obscur, citation exacte et de mémoire à l’appui, comme si ce texte était sa Bible d’ailleurs, dans l’édition de référence, s’il vous plaît : «du Louvre», édition de 1619, et Voltaire ne peut résister au plaisir de se moquer des cuistres en se payant le luxe d’une citation exacte, comme un docte. Ce n’est pas pour cela que le commentaire explicatif qui en est fait est plus clair : la répétition de «est» donne l’impression d’une tautologie. Au reste, comiquement, Micromégas rétorque par une litote prudente : «je n’entends pas trop bien le grec» – alors qu’il est apte à comprendre un nombre astronomique de langues. De toute façon, comment peut-il reconnaître le grec ? Nous, oui, mais à la lecture du texte ! Notre Fontenelle se retransforme (cf. «la») en mite philosophique. Micromégas affiche sans complexe son ignorance : «un certain Aristote», et dénonce ainsi nos préjugés : qui sur terre, ne connaît l’illustre Aristote ? Qui plus est, notre européano-centrisme est dénoncé par : «un certain». La réplique redondante : «point du tout, le moins» du «savant» souligne que ce dernier terme est une antiphrase et confirme implicitement l’ineptie de tout compte-rendu, rendu ainsi purement formel : «il faut bien citer», à l’appui de ses dires, comme dans une dissertation.

·         L’explication suivante du cartésien n’est pas plus claire ; on attendrait d’abord : pur esprit (vu la séparation franche chez Descartes entre le corps et l’âme), au lieu d’«esprit pur» aussitôt contrecarré par le réaliste et physiologique : ventre de sa mère ; qui plus est, c’est le corps qui sort du corps de la mère. La suite est encore plus amusante, avec le mélange du concret et de l’abstrait : aller à l’école ; le résultat, paradoxal vu l’investissement, est que le savoir devient évanescent : on est toujours avec cette philosophie entre deux ignorances ; «apprendre ce qu’elle a si bien su« et «ne saura plus». La «barbe au menton» poursuit la plaisanterie sur le mélange concret/abstrait et introduit un peu de pittoresque dans un sujet aride… L’opposition terme à terme : «si savante/si ignorante» renvoie à la totale aberration de cette position. Poussé dans ses retranchements, le raisonneur en perd toute faculté de représentation : «je n’en ai point d’idée» – au lieu de  «je n’en ai point idée» - et se rabat sur un «on», comme répugnant à citer Descartes – échaudé par le traitement infligé à Aristote ? Micromégas entend le pousser dans ses retranchements : il commence par lui demander ce qu’il en est, en précisant plus loin qu’il sait, lui, qu’il lui demande les «attributs» – et l’autre ne les lui expose pas tous : «quelques» ; la description est banale, sans réflexion : la «forme» n’est pas exactement caractérisée par un adjectif géométrique. Le terme «divisible» renvoie, par opposition, aux atomes. Micromégas raccourcit tout ceci en une énumération ternaire, en soulignant que tout ceci repose sur une observation superficielle : «paraît», et encore, l’exposition est incomplète : «quelques attributs». De toute façon, l’essentiel est «le fond de la chose», son essence, mis en exergue par la prolepse, en exigence intellectuelle incontournable. Après toutes les questions de Micromégas, après les réponses dilatoires du raisonneur, les «bien» qui parsèment ce passage (3 occurrences) se révèlent captieux et Micromégas peut abattre son jugement fondé sur le raisonnement : «tu ne sais donc pas».

·         Après cet aveu d’ignorance, Micromégas change d’interlocuteur, le conteur rappelant la petitesse du nouvel intervenant. Le possessif : «son âme», au style indirect (cf. 1), permet de montrer que personne n’a encore répondu à la question en répondant : mon âme est… Les deux premières philosophies ayant étant réduites à quia sur la définition, reste à montrer l’âme en action. Le moins que l’on puisse dire est que celle du malebranchiste – un néologisme qui n’a pas fait école - a tout du ravi, du pseudo-mystique : les tournures sont extatiques, avec l’abondance des répétitions, l’absolu des «tout», paradoxalement déniés dès le départ par : «Rien du tout» ! Ceci a tout de l’effusion illuminée, l’aveu, avec les «je», est touchant, mais infantile. Cet état de quiétisme, dans lequel l’homme ne semble plus intervenir est condamné, sans autre forme de procès, en une phrase brutale. Juste destin après cette scène de comédie décalante…

·         Qui se poursuit avec l’accumulation des métaphores filées du leibnizien, que l’apostrophe affective, «toi, mon ami», ne pousse pourtant pas, malgré cet appel sympathique, à faire un effort pour éclairer notre lanterne : le seul travail qu’il opère est stylistique avec un chiasme intérieur : «corps/carillonne//carillonne/corps», encadré qu’il est par le parallélisme : «montre le(s) heure(s)» ; il donne des définitions : «c’est, est» plusieurs fois, qui se veulent équivalentes, à notre bon vouloir : «si vous voulez», en métaphores brutales… Le fait que le corps fonctionne comme un carillon (mais qui donne le… branle ?) est hilarant, la suite est absurde (En ridicule précurseur du surréalisme ?) : comment envisager une aiguille qui carillonne : c’est grotesque, voire carrément obscène si le corps montre l’heure… Trop concret, trop mécanique ? Passons à la poésie des astres, les «ou bien» indiquant que les propos sont équivalents, donc en fait sans intérêt… Le leibnizien joue au bilboquet avec les mots et nous regardons comment ils retombent ; le rapprochement entre ces figures absconses et la conclusion transforme cette dernière : «cela est clair» en briseuse de miroir. Belle chute de comédie.

·         Le partisan de Locke est le seul qui échappe à ces mises à mort : il a l’aval de Voltaire, via Micromégas, dont le jugement en litote («il ne trouva pas celui-là le moins sage», dans le ton du conte») revient à une louange, par le truchement aussi du Saturnien, avec le sourire complice du lecteur, sourire induit par l’impossibilité de cette embrassade entre intellectuels…

·         Le dernier intervenant est si méprisable qu’il n’a même pas droit à son dérivé, comme si sa philosophie n’existait même pas. Il est présenté négativement, avec le présentatif : «il y avait là, par malheur», et le pléonasme : «petit animalcule». C’est aussi pour cela d’ailleurs que St Thomas d’Aquin n’a pas été annoncé parmi le groupe des philosophes énumérés : il est traité par le silence, alors que c’est son disciple qui «coupe la parole» à tous ceux qui énoncent leur opinion tandis que lui l’affiche hautement, avec une morgue bien ridicule et … disproportionnée où la différence d’échelle entre lui et les deux géants illustre le rapport proportionnel de leur intelligence : «haut en bas/célestes». Disproportion qui se retrouve entre l’accumulation, par emboîtements successifs (résumée par : «tout»), et le piteux petit mot : «l’homme» en fin de phrase : la balance n’est pas juste.

·         Tant d’orgueil déplacé déclenche un rire homérique digne de la farce : «l’un sur l’autre, leurs épaules et leurs ventres allaient et venaient», le mouvement étant illustré par les structures binaires, avec le détail ridicule de la chute du vaisseau dans une poche de culotte. La remise en état fait très petite main : «rajustèrent fort proprement». Un pastiche, en passant, de Pascal qui se trouve ici une utilité avec ses deux infinis qui, loin d’effrayer ici, ne provoquent qu’un sourire plein de condescendance. Le texte se termine par deux dernières piques contre la métaphysique, en la présentant trivialement : «voir le bout des choses» = présenter les causes finales, ce pourquoi les choses sont telles qu’elles sont. Les pages blanches du livre (du Livre ?) prouvent que ces questions sont insolubles et n’appellent pas de réponse. Une autre interprétation serait que, si  étude philosophique il y a, il ne faut pas attendre la réponse d’en haut, il faut la rédiger soi-même. Interprétation optimiste, sachant que les discussions avec Pangloss dans Candide se terminent par : «il faut cultiver notre jardin», pour clore le débat….