Histoire du Chevalier des Grieux et de Manon Lescaut

 

L'évasion de Saint-Lazare, de «Ce compliment devait le surprendre» jusqu'à «qui m'attendait avec deux amis, suivant sa promesse»

 

Le texte que nous allons lire est un des plus révélateurs, ou des plus ambigus, de l'Histoire du Chevalier des Grieux et de Manon Lescaut, Ce récit à la première personne, ce roman en forme de témoignage paru à Amsterdam en 1731 pour l'édition princeps comme septième tome des Mémoires et aventures d’un homme de qualité qui s’est retiré du monde, est présenté par le marquis de Renoncour; homme respectable, expérimenté, à l'âge de 60 ans, il précise dans son avis qui sert de prologue au roman lui-même qu'il veut peindre, avec le chevalier, un caractère ambigu, «un mélange perpétuel de vertus et de vices, un contraste perpétuel de bons sentiments et d'actions mauvaises: il s'agit de rendre un service considérable au public [...], l'instruire en l'amusant». Le seul problème est que nous ne savons pas si c'est le cas dans l'épisode que nous allons étudier... Vu la complexité du schéma narratif, nous nous contenterons de rappeler que notre narrateur, de retour de la Nouvelle-france, raconte à son interlocuteur ses tribulations à la suite de son coup de foudre avec Manon Lescaut. Trompé par elle, revenu à l'Église, dévoyé par cette dernière enrichie par son aventure avec un fermier général, M. B., tout aurait pu bien tourner si, dans un incendie, les économies du couple ne s'étaient évaporées. Et des Grieux ne se fait aucune illusion: Manon ne peut vivre sans plaisirs, «c'était des plaisirs et des passe-temps qu'il lui fallait... c'était une chose si nécessaire pour elle, d'être ainsi occupée par le plaisir, qu'il n'y avait pas le moindre fond à faire, sans cela, sur son humeur et ses inclinations»... Aussi notre héros se décide-t-il, sur les conseils du frère de Manon, à tricher. Il y réussit assez bien, et se fâche avec son ami Tiberge, devenu conscient de ses turpitudes. Tout serait allé pour le mieux dans le meilleur des mondes possibles si le valet et la femme de chambre de nos héros ne s'étaient acoquinés pour les voler. Aussi se retrouvent-ils sans le sou. Et sur les conseils de son frère, Manon ne trouve rien de mieux que de se rabattre sur un vieux voluptueux, M. de G... M... Finalement, notre chevalier se présente à ce dernier comme le frère de la jeune femme. S'ensuit une scène de comédie, du type arroseur-arrosé. Mais rira bien qui rira le dernier: M. de G... M... se venge en faisant enfermer Manon à la Salpetrière et des Grieux à Saint-Lazare. Ce dernier, poussé par le frère Lescaut, ne trouve pas d'autre solution que de prendre la clef des champs, ce qui serait amusant s'il n'y avait mort d'homme, ce que nous découvrirons au fil de la lecture...

 

lecture

 

Ce texte est 1) le récit enlevé d'une évasion, 2) présentée non sans une ironie entachée d'hypocrisie

 

1) Notre héros vient de se faire ouvrir la porte par le trop confiant supérieur, en se nommant. Il s'en est suivi une bousculade, puis il demande la remise des clefs. C'est ce que recouvre le renvoi: «ce compliment». Face à cette exigence, le supérieur reste pantois, tout ceci en deux courtes phrases, car les actions se suivent et semblent perdurer («quelque temps») alors qu'il s'agit de la durée personnelle, subjective, et non objective: le temps semble s'étirer, tandis que les sujets, par leur diversité, soulignent combien l'action reste vive: «ce compliment, il (demeura), je»... Devant l'absence de réactions de son ex-geôlier, des Grieux passe à la menace directe: après un compliment banal, il lui adresse son ultimatum, en personne: «moi, j'», pour ce moment même: «cette nuit même». A la parole qui s'étire en style indirect sur plusieurs lignes en un raisonnement bien fondé se joint la prudence de l'évadé: la nécessité d'un silence absolu, obtenu par la mise en vue, pour ne pas dire e dévoilement, d'un pistolet.

En fait, globalement, le récit alterne phrases longues et courtes, les différents types de phrase, voire les phrase nominales. L'accumulation de syndèses, avec des impératifs asyndétiques n'entre pas pour peu non plus dans la vivacité de cette évasion, proche du schéma d'un scénario: le tout est concentré, et la tension de l'action se suffit à elle-même, sans autre élément descriptif qui s'avèrerait superfétatoire: tout s'enchaîne, avec la menace devenue patente d'une mort imminente, qui ne sera pas celle, possible, de l'otage, mais celle d'un quidam, qui tentera de s'interposer inutilement, on oserait presque écrire: bêtement. L'art suprême de Prévost est d'ailleurs ici d'accumuler les échanges verbaux, comme dans une logomachie, voire un exercice tel que ceux pratiqués par des Grieux à Saint-Sulpice lors de sa préparation à la prêtrise, et de limiter au strict minimum ce qui concerne l'action elle-même: il arrive ainsi à une concentration pleine de suspens, et à nous faire partager la tension de la scène, en fusion avec le chevalier: il est vrai qu'en période de forte tension, l'attention se réduit aux éléments essentiels: les clefs, les portes ouvertes les unes après les autres, le dernier obstacle avant la liberté, traité plus longuement, la sortie finale; on voit bien que le plan est bien mené...

Quoi qu'il en soit, l'arme consterne et inquiète profondément le directeur qui se sent immédiatement menacé de mort, et les exclamatives expriment son inquiétude. Chacun reste sur son point de vue, mais le risque se fait plus précis: «c'est fait de vous absolument». Notons que ce personnage semble avoir l'intelligence occultée par sa propre peur. Ou chercherait-il à gagner du temps? Apparemment, pour lui, le pistolet ne peut que fonctionner, et contre lui. Cette incapacité à s'adapter à cette situation inattendue ne va pas sans irriter des Grieux: «avec impatience», conformément à son caractère en période d’urgence : habituellement calme et serein, notre chevalier découvre l’autre facette moins agréable de sa personnalité dans les périodes de crise – mais, dans le même temps, le lecteur se rend compte qu’une autre attitude serait inopérante, voire dangereuse ; tout ceci exonère donc à moindres frais le héros de notre jugement négatif. Les phrases, de divers types s'accumulent rapidement, en un dialogue très vivant, qui ne se déroule pas pour l'honneur du directeur qui n'a qu'une angoisse: celle de mourir: «m'ôter la vie, vouloir ma mort». Le malheureux est même incapable du moindre mouvement, il semble en oublier la présence sur sa table du trousseau salvateur, et c'est des Grieux qui prend l'initiative, sans que ceci soit le résultat d'une volonté héroïque de ne pas obéir, de ne pas plier, du père supérieur... En possession des clefs, le père supérieur se transforme en père tourier, en une scène de comédie très fine, avec d'un côté les lamentations réitérées du confesseur, et de l'autre les répliques du jeune bandit, exigeant le silence. L'otage donne l'impression de radoter, et d'être incapable de s'adapter à sa situation inattendue. A chaque porte franchie par le couple, a lieu la même scène. L'évasion se précise: «Enfin, nous arrivâmes»; une dernière image, «pistolet et chandelle»... avec la peur de l'otage: «s'empressait d'ouvrir». Mais un dernier obstacle se dresse – il faut du suspens, de l’aventure dans un roman, et avouons que des Grieux fait tout pour que notre plaisir de lecteur/auditeur soit complet : il a les qualités du conteur professionnel… Nous passons au présent de narration. Les actions s'enchaînent de façon inéluctable: «il met la tête à la porte» au présent de narration. Devant cette intervention inattendue, l'otage se croit sauvé, et appelle au secours, pour le grand dam de la future victime, dépréciée et non qualifiée par l’expression «puissant coquin», avec le terme coquin, méprisant dans la bouche du noble qu'est des Grieux. sans sensiblerie excessive - n'oublions pas que son père le destinait à entrer dans une Académie à Paris pour s'exercer au dur métier de gentilhomme - face à  la menace imminente: «qui s'élança sur moi sans balancer» (=hésiter), il lui tire dessus. La suite n'a pas besoin de commentaires. Le malheureux est tué sur le coup, et des Grieux n'en semble pas touché pour autant, il en accuse son otage et le pousse vers la dernière porte que ce dernier, bien lâchement, s'empresse d'ouvrir alors que le pistolet n'a plus de balle: belle preuve de lâcheté: il lui suffirait de se jeter sur des Grieux en évitant la crosse pour réussir sinon à l'arrêter du moins à gêner fortement son évasion. Tout se termine, avec ce suspens, sans anicroche: en toute innocence, notre assassin s'extrait de Saint-Lazare pour retrouver dehors l'aide attendue: «à quatre pas», avec ses deux amis: l'évasion, bien préparée, est couronnée de succès, malgré la mort du portier, ou du moins supposé tel, vu le contexte car même son métier précis ne nous est pas indiqué, ce qui prouve a fortiori son peu de valeur...

 

2) Or, nous verrons plus loin que, malgré les efforts de des Grieux pour se disculper, son crime est évident; pour l'instant nous sommes sensible surtout au charme du conteur, que nous avons déjà ponctué; et ceci est vrai d'emblée: d'abord son antiphrase: «ce compliment» qui résume la longue période contournée précédente au cours de laquelle notre candidat à l'évasion a réclamé les clefs. La surprise du directeur est soulignée deux fois: d'abord par l'expression: «devait le surprendre»: nous sommes bien dans un roman à focalisation interne à la première personne, et le narrateur ne peut que subodorer le motif des agissements des autres... ensuite par le fait qu'il en reste sans voix, interloqué: «sans me répondre». Ceci est une première preuve de lâcheté du supérieur, mais n'exonère pas pour autant de sa responsabilité notre jeune crapule... Celui-ci se veut efficace, poussé par l'urgence: il n'a pas de temps «à perdre» - ce qui semble excuser par avance son coup de pistolet, sous l'emprise de la nécessité, qui fait loi, comme chacun sait, ou, comme disait Machiavel dans son ouvrage Le Prince, «la fin justifie les moyens». Et les propos de notre jeune gandin viennent confirmer notre étude; il commence comme dans une conversation mondaine par une généralité polie:«j'étais fort touché de toutes ses bontés», pour ensuite arriver au fait, dans un syllogisme qui se veut imparable: en majeure: «la liberté est le plus cher de tous les biens» - et comment ne pas en être d'accord? N'est-ce pas une valeur qui mérite même que l'on donne sa vie pour elle? N'est-ce pas là l'idéal en fait de tout héros, cf. Brutus? La mineure: or, «on» (admirons l'indéfini, car le «on» qui renvoie à l'accusateur, voire au Système politique de l'époque - on le dit autrement actuellement: c'est la faute d'la société, explication qui trouve en elle-même ses propres limites, incarne son bras armé, oserait-on dire: bras séculier, paradoxalement d'ailleurs, en la personne du supérieur), «me la ravit», avec un surenchérissement ici très discutable: «injustement» (car si G... M... est un jouisseur, il paie une femme consentante, et voler un être moralement répugnant n'est pas une justification de ce délit!); conclusion: donc, je peux tout faire pour la retrouver... C'est là l'exemple même d'un raisonnement relevant de la casuistique jésuitique, justifiant par avance le péché mortel de mettre à mort celui dont les propos de des Grieux finissent par faire oublier qu'il est son frère chrétien en Jésus-Christ (n'oublions pas que l'homme de qualité est catholique, tout comme d'ailleurs malgré ses péchés, des Grieux): on voit bien ici combien la morale de notre petite frappe est élastique et prête à tous les faux-fuyants ou aux raisonnements les plus captieux... Il se donne une image héroïque: «j'étais résolu (remarque profondément individualiste, préfigurant l'idéal révolutionnaire?), à quelque prix que ce fût». Comme s'il était prêt à jouer sa vie, alors qu'il va jouer celle d'un autre.... De toute façon, les menaces affleurent: des Grieux est bien dangereux, derrière son côté affable: «surtout pour moi, ravissait injustement, cette nuit même». Notre évadé est conscient de sa situation: il ajoute la menace physique au raisonnement, avec une syndèse: «et»; il se méfie des réactions du Supérieur, en s'en moquant, ou plutôt en les dépréciant: «lui prît envie»; mais s'il y a un martyr qui sommeille en tout un chacun, nous constatons que cette hypothèse ne vient pas à l'esprit du Supérieur: il suffit pour cela à des Grieux de montrer, sans le prendre encore en main, un pistolet que par euphémisme ironique il appelle «une honnête raison de silence»: nous voilà en pleine comédie! avec le jeu de scène: «que je tenais sous mon juste-au-corps». Et la réaction du Supérieur est digne d'une farce, avec l'outrance des deux exclamatives: tout être courageux se tairait: «Un pistolet, quoi»! Avec l'automatisme de l'apostrophe du prêtre vis-à-vis d'une de ses ouailles égarées sur le chemin du vice: «mon fils»: les deux personnages sont aux antipodes l'un de l'autre, en une comédie de situation et de caractère de bon aloi. Au reste, le Supérieur semble penser que son humanité lui mériterait l'immunité, en bon égoïste: «reconnaître la considération que j'ai eue pour vous» - ce qui lui a peu coûté, avouons-le! Les moqueries de des Grieux sont cinglantes. Son juron est proche du blasphème: que diable vient faire Dieu dans cette galère? Et il connaît assez son monde pour savoir qu'il n'est pas face à un candidat-héros pour un assassinat dont il se lave d'ailleurs par avance les mains avec la placidité et la bonne foi d'un Ponce-Pilate: «me mettre dans cette nécessité». Mais notons que ce ton froid et détaché ne peut qu'impressionner: nulle pitié à apprendre, après cet euphémisme! L'inflexibilité, voilà la règle: «je veux, j'y suis si résolu» (une deuxième fois), «absolument», avec un nouvel euphémisme: «c'est fait de vous», et une nouvelle manœuvre dilatoire, une nouvelle excuse: «si mon projet manque par votre faute» - le dernier terme est d'un humour noir très spécial! Un simple transfert en argot actuel de la scène dévoilerait aux incultes toute sa charge de violence... Le Supérieur a du mal à s'adapter: «mon cher fils», sa peur ne le rend même pas pitoyable, mais méprisable: «d'un air pâle et effrayé»... Cette victime n'a donc pas droit à notre estime, dépréciation qui ne peut, par effet de contraste, que rendre plus estimable notre... héros! Elle se comporte de façon infantile, dans sa crainte de la mort, sentiment qui montre son peu de foi: «que vous ai-je fait?» On a parfois l'impression de lire un extrait d'un pamphlet de Voltaire: l'anticléricalisme vole bas, dans ce passage... On parle beaucoup de «raison», on accumule des arguties, alors qu'il n'est plus temps de discuter: il faut réagir, ce que le Supérieur n'arrive pas à faire.... Et nous finissons, nous aussi par partager, via l'interjection, l'«impatience» de d. G. Les phrases sont rapides, assez hachées, car ce Supérieur devient vraiment encombrant, et les fricatives soulignent l'irritation de d. G. devant ses inhibitions, sa lâcheté patente: «vous voulez vivre»... Il se permet donc l'invite ironique: «ouvrez-moi la porte»: nul besoin de tergiverser, la situation est claire... Tant d'hésitation pour éviter de donner les clefs, trop visibles? Le doute est permis, mais d. G. sait réagir, avec une paronomase amusée: «les pris et je le priai»... l'allusion: «en faisant le moins de bruit qu'il pourrait» renvoie aussi à la maladresse du Supérieur. Nous restons dans le cadre de la politesse, de l'entregent: «il fut obligé de s'y résoudre» (3ème occurrence de ce terme): n'oublions jamais que d. G. s'enfuit, à le lire, quasi à son corps défendant: c'est pour servir Manon. S'ensuit une scène de comédie déjà étudiée, mais qui ridiculise encore plus le Supérieur, avec le jeu: «Mon fils, Mon père» (terme dont on interpelle habituellement les jésuites...) Ils forment un groupe: «nous arrivâmes»... Le suspens est total, car un obstacle est évoqué: «je me croyais déjà libre». Serait-ce une ultime tentative du supérieur, en position d'infériorité puisque sous la menace du pistolet de notre évadé ? Non, toujours aussi lâche: «s'empressait d'ouvrir»... sans discrétion: «quelques verrous». Le «bon père» (terme protecteur ironique) renvoie sur ce dernier la responsabilité de l'appel imprudent, reposant sur l'ignorance: «le crut apparemment capable de m'arrêter»: il n'a pas fait preuve de discernement, ce qui est un péché, et c'est lui qui déclenche l'action mortelle par imprudence. Les sifflantes évoquent la rapidité de l'attaque qui laisse peu de choix, puisqu'elle a lieu sans hésiter («sans balancer»). De plus, les adversaires ne sont pas à égalité et seul le pistolet permet de régler le problème. Sans état d'âme, sans hésiter non plus de son côté: «je ne le marchandai point», je ne l'épargnai pas. D. G. décrit la scène avec froideur et objectivité, comme un compte-rendu après un coup de force, en osant un néologisme: un débriefing. L'oraison funèbre? Une simple périphrase: «Voilà de quoi vous êtes cause», avec l'ironique: «à mon guide»; aux yeux de d. G. tout se passe comme si le Supérieur était le coupable pour mal l’aider dans son évasion, et il se permet donc cette remontrance: «assez fièrement», ce que le lecteur ne manque pas de partager avec lui. Et son détachement après le meurtre se marque par son ordre poli, mais brutal physiquement: «en le poussant vers la porte». Dernière preuve de lâcheté: le coup parti, le pistolet ne sert plus; or, le supérieur ne tente rien. Le «Heureusement» (d. G. est assez coutumier des adverbes) sonne comme une libération, malgré le cadavre derrière soi. L'évasion se termine sur les retrouvailles avec le frère Lescaut et ses deux acolytes dehors. C'est donc sur cette notation banale que se termine cette... escapade... Sans même que le supérieur réagisse... C'est donc bien qu'il y a une providence pour, non pas la racaille, mais pour les incarcérés injustement: d. G. a eu toutes les chances possibles, même si c'est au détriment d'un... pauvre type, si peu important que l'affaire sera étouffée, enterrée, sans aucune suite... Enlevée, cette fuite disculpe donc des Grieux de toute charge: il n'a pas voulu cela, et il l'affirmera hautement ensuite au frère Lescaut en lui reprochant, tout en le remerciant, de ne pas lui avoir obéi, en chargeant le pistolet... Mais lui-même aurait pu s'en rendre compte, en tant que chevalier rompu au tir... Nous nageons encore une fois en pleine hypocrisie, sous le charme de notre jeune conteur...

Ne continuera-t-il pas, après ce forfait, à se montrer touchant: «Je souffrais mortellement dans Manon»? L'abbé Prévost a réussi à disculper son héros. Un peu lui-même? Mais laissons un voile pudique sur les turpitudes de notre auteur : il y a… prescription !