deux créations «poétiques», versifiées
un impromptu | une ballade |
UNE VOIX, chantant au fond.
Monsieur de Cyrano
Vraiment nous tyrannise,
Malgré ce tyranneau
On jouera la Clorise.
Cette création à l'improviste se présente en un quatrain dont les rimes croisées, faisant passer au second plan, paradoxalement Cyrano, puisqu'il est le «trouble-(fête)représentation», privilégient au final la Clorise, comme le montre la reprise par toute la salle, toujours en hexasyllabes, en ban, en écho: «La Clorise, La Clorise!...» Le début se veut respectueux, avec le titre de «Monsieur» et sa particule, que même Le Bret vient d'omettre quand il constate, non sans plaisir, l'absence (déconcertante, car attendue à plus d'un titre!) du personnage principal; Il est en fait bien là, vu le présent et l'adverbe qui souligne sa cruauté, avec le verbe d'action qui amènera naturellement, comme en polyptote, le néologisme dépréciatif, et paradoxalement en diminutif, puisque le personnage est en soi hyperbolique: «tyranneau», nonobstant la préposition censée le mettre de côté. Le démonstratif «ce» n'entre pas pour peu dans ce processus de minoration, ce afin que la Clorise, qui claque comme un appel - ce que montrera sa reprise immédiate par toute la salle - puisse enfin être jouée, après tous les intermèdes précédents. Ou les interludes (cf. nos remarques précédentes sur les différentes jeux et mise en scène dans acte, sc. 1 - et je me refuse à instaurer ici un lien hyper-texte!)... La variation des référents personnels est extrême ici: 3ème sg précis, «M. de C. tyrannise», avec un «nous» collectif objet qui subit; mise à distance du trublion via le «ce», évocation sans précision de la troupe par le truchement d'un «On», à la réflexion méprisant, à la hauteur exacte du piètre, voire répugnant Montfleury. L'impromptu se clôt sur cette fameuse Clorise dont nous ne savons rien, et n'en saurons jamais plus d'aileurs! L'annonce en fait rimera avec renonce...
une ballade
CYRANO
Déclamant
«Ballade du duel qu'en l'hôtel bourguignon
Monsieur de Bergerac eut avec un bélître !»
LE VICOMTE
Qu'est-ce que ça, s'il vous plaît ?
CYRANO
C'est le titre.
LA SALLE, surexcitée au plus haut point
Place ! -Très amusant ! -Rangez-vous ! -Pas de bruits !
tableau. Cercle de curieux au parterre, les marquis et les
officiers mêlés aux bourgeois et aux gens du peuple ; les
pages grimpés sur des épaules pour mieux voir. Toutes les
femmes debout dans les loges. A droite, De Guiche et ses
gentilshommes. A gauche, Le Bret, Ragueneau, Cuigy, etc.
CYRANO, fermant une seconde les yeux
Attendez !... je choisis mes rimes... Là, j'y suis.
Il fait ce qu'il dit, à mesure.
Je jette avec grâce mon feutre,
Je fais lentement l'abandon
Du grand manteau qui me calfeutre,
Et je tire mon espadon ;
Elégant comme Céladon,
Agile comme Scaramouche,
Je vous préviens, cher Mirmydon,
Qu'à la fin de l'envoi je touche !
Premiers engagements de fer.
Vous auriez bien dû rester neutre ;
Où vais-je vous larder, dindon ?...
Dans le flanc, sous votre maheutre ?...
Au coeur, sous votre bleu cordon ?...
-Les coquilles tintent, ding-don !
Ma pointe voltige : une mouche !
Décidément... c'est au bedon,
Qu'à la fin de l'envoi je touche.
Il me manque une rime en eutre...
Vous rompez, plus blanc qu'amidon ?
C'est pour me fournir le mot pleutre !
- Tac ! je pare la pointe dont
Vous espériez me faire don :-
J'ouvre la ligne,- je la bouche...
Tiens bien ta broche, Laridon !
A la fin de l'envoi, je touche
Il annonce solennellement
ENVOI
Prince, demande à Dieu pardon !
Je quarte du pied, j'escarmouche,
je coupe, je feinte...
Se fendant.
Hé ! là donc,
Le vicomte chancelle ; Cyrano salue.
A la fin de l'envoi, je touche.
lecture: veiller à prononcer à la fin, don (par licence poétique!)
une ballade | le duel | de l'esprit au détriment d'un bélître |
1) Cette ballade se présente malgré sa facture technique parfaitement maîtrisée (3 huitains, 1 quatrain dont les rimes correspondent à la structure du deuxième quatrain de chaque huitain, rythme bien sûr octosyllabique vu les huitains, rimes croisées en symétrie, à l'identique pour les 3 premières strophes, explication reprise infra), comme un impromptu, d'emblée, à l'audition de l'interjection: «hop!», cf. v. 390: «je vais à l'improvisade» - le néologisme souligne la nouveauté du procédé, encadrée qu'elle est par l'exclamation ultérieure d'un marquis: «nouveau!...» en 430 - «vous composer une ballade»... Le titre lui-même est d'une longueur surprenante pour notre goût moderne, mais c'était souvent le cas dans les ballades traditionnelles, les plus connues - outre ce pastiche - étant celles de Villon... Mais elles visent rarement l'anecdote: même la ballade dite des pendus ou l'épitaphe Villon, (comme l’hôtel Dieu pour : l’hôtel de Dieu) encore plus précisément: la ballade que composa Villon, s'attendant à être pendu avec ses amis... Puis se développe l’artifice technique de la ballade elle-même, avec sa pointe amenée de loin ! Valvert a droit à différentes appellations, et Cyrano nous ballade de façon vertigineuse : Myrmidon (antiquité grecque), dindon (basse-cour), Laridon (La Fontaine), voire Prince, en un retournement final, avant l’estocade. Lui-même passe de soldat-ruffian (Espadon) au genre bucolique (Céladon), pour arriver au théâtre italien (Scaramouche), d’où un mélange des genres : raffiné, «grâce, élégant, agile», puis réaliste, voire grotesque : «larder». Le corps se ridiculise: nous passons de «flanc» à «cœur» pour terminer sur : «bedon», repris par : «broche». Avec la scansion attendue du refrain : «A la fin de l’envoi, je touche», où Rostand joue aussi sur le double sens ici d’«Envoi», terme technique propre à la ballade (cf. Prince) mais aussi, envoi de la botte finale… ce faisant, le contrat est rempli: le genre poétique est évoqué 4 fois (391, en interrogation par la reprise sceptique de Valvert, empreinte d'après Cyrano d'inculture, alors que ce travail poétique est tout simplement inadéquat ici - Notre héros est coutumier du fait, cf. son retournement de situation quand il considère que les insultes qui lui sont infligées permettent en fait à l'émetteur de se présenter lui-même ès qualités: «Maraud, faquin, butor de pied plat ridicule». Nous avons ensuite droit à sa définition technique (du moins la petite ballade en interrogation); le plus amusant est que cette ballade va être créée, alors que la Clorise, tout autant réclamée antérieurement n'a pas été, elle, représentée; il s'agit bien de 3 couplets de huit vers et d'un envoi de quatre. Valvert ne laisse pas le temps à Cyrano de compléter: donc en octosyllabes, avec la reprise du même vers à chaque fin de strophe, ce leitmotiv donne son côté dansant à cette forme poétique, ce qu’affirme son étymologie. L'envoi lui-même doit commencer, par l'apostrophe: «Prince», ici par antiphrase – ou alors c’est le fait d’être estoqué par Cyrano qui le promeut : la victime expiatoire est sacralisée, mise au pinacle ; elle est en fait enguirlandée, comme l’est Valvert dans un autre sens, vu les nombreuses insultes essuyées au revers des apostrophes diverse - ou Princesse... la structure des rimes compose un axe de symétrie interne (ici abab#bcbc), elles sont reprises d'un couplet sur l'autre, le dernier couplet reprenant la deuxième moitié des strophes. C’est donc une structure d’une extrême complexité, propre à mettre en valeur les capacités intellectuelles, l’agilité d’esprit – on n’ose dire l’inspiration poétique – de Cyrano. En fait, il fait tout de même mieux que Ragueneau plus loin avec sa recette des tartelettes amandines, car il a le sens de la dérision et ses clins d’œil sont propres à amuser l’auditeur-spectateur : il choisi la difficulté car si une rime suffisante en tr est facile, la riche en eutre l’est beaucoup moins. A preuve son utilisation en tant que tel, en mettant en valeur l’énonciation et l’acte de rédaction-création lui-même : il me manque une rime en eutre ; l’humour du poète se marque aussi non seulement par les noms propres qui mêlent à l’envi différentes périodes, mais aussi par le prosaïsme outré des termes utilisés : lui aussi fait dans le culinaire : larder, dindon, amidon, broche ; le bassement physiologique : flanc, cœur certes, mais le trivial bedon ! Sans oublier le bien matérialiste et importun, trop commun, mouche, en bonne compagnie avec l’infantile : ding-don. les rimes sont souvent aussi amusantes que le bobo rimant avec beau (cf. ciel bleu//… morbleu). En une esthétique non plus du contraste mais de l’incongruité assumée. L’art du duelliste s’apparente alors à celui du poète, de touche en touche, de mot en mot, tout cela voltige… comme les mouvements propres au duel.
2) Duel où les deux protagonistes ne sont pas à égalité : le premier huitain permet à Cyrano de se mettre en scène, avec ses occurrences de la première personne, souvent en début de vers. Lui-même se complimente : «grâce, élégant, agile» avec force comparatifs : «comme», qui laissent la place à un dépréciatif sanglant pour les férus d’hellénisme : «Myrmidon» renvoie bien sûr à fourmi et le «cher» fleure l’antiphrase – ou est une marque de supériorité apitoyée… La deuxième strophe semble vouloir laisser plus de place à l’adversaire déjà mentionné avec le: «je vous préviens», menace que corroborent effectivement le conseil trop tardif : «Vous auriez dû», puis l’interrogation inquiétante : «Où vais-je», mais c’est pour laisser place, non sans une brutalité insigne soulignée par l’adverbe «Décidément», à son «bedon». La troisième équilibre apparemment les deux adversaires, tout en passant néanmoins au tutoiement de la part d'un supérieur : «Vous espériez» glisse vers l’impératif: «tiens». L’envoi commence, comme de juste, par Valvert, «demande», mais le «je» de Cyrano se multiplie alors (4 occurrences)… C’est qu’il est maître du jeu, de l’escrime : les termes sont exacts et le déroulement du combat s’opère à l’instar d’une reconstitution historique. Il s’agit d’un duel où l’arme est le fleuret (cf. v. 5), une arme d’estoc et non de taille, ce qu’attestent les termes «pointe» (2 fois), et «ligne», comme le verbe : «touche» (cf. le nom «touche !» employé par un des bretteurs à la scène 1 de l’acte I, lui-même recevant un coup de fleuret comme indiqué dans la didascalie, sans doute avec une mouche; les vrais combats ont lieu avec des fleurets démouchetés, d’où la reprise de cette expression pour évoquer une logomachie virulente, sanglante). Les termes eux-mêmes renvoient à une lame effilée : «espadon», voire «broche». Le rituel du duel est respecté : on ôte son couvre-chef, on se bat en chemise, car un manteau serait trompeur et cacherait les mouvements du corps alors que cette confrontation se veut directe, sans faux-fuyants : l’affrontement fait autant appel à la bravoure (qualité que n’a pas le lâche Valvert : «plus blanc qu’amidon», un plat bien engoncé à lui tout seul, «pleutre») qu’à la maîtrise technique de la lame. La mise en place des deux duelliste a donc lieu lors du premier huitain. L’engagement s’opère dans le second, avec les parties du corps susceptibles d’être transpercées : «flanc, cœur… bedon» ! Attaque et contre-attaque dans le troisième, la préparation de l’estocade et sa réalisation dans l’Envoi qui n’a jamais aussi bien porté son nom. La précision du vocabulaire convoqué est extrême et Rostand s’amuse, non sans pédanterie, voire affectation souriante : passons sur «jette», mais il est exact qu’on «tire» son… épée, comiquement transfigurée en pointe d’«espadon». La maheutre est une manche recouvrant le bras, puis un coussin rembourrant la manche d'un habit, entre l'épaule et le coude (un leurre vestimentaire pour donner plus de volume à l'épaule, faire une recherche d 'images sous n'importe quel moteur!, cf. le vertugadin). Chacun se retrouve donc en chemise (blanche? Elle sera amidonnée plus tard, au XIXème - date non garantie!), soit concrêtement (abandon du manteau en I), soit symboliquement: «sous votre maheutre»; le bleu cordon renvoie à une décoration royale donnée pour acte de bravoure, dont on est bien loin avec le vicomte de Valvert! Elle arborait fièrement des coquilles Saint-Jacques (en commémoration de ce saint très respecté, avec son pèlerinage qui attirait les foules), en métal, d'où le ding-don (et non dong!). La «pointe voltige», dans le jargon technique des bretteurs, cf. cette mine: http://www.synec-doc.be/escrime/dico/dico_escrime On rompt l’engagement en reculant vivement. «Tac» est l’onomatopée exacte, cf. répondre du tac-au-tac ! On pare la pointe de l’adversaire, comme on ouvre la ligne (ouverture pour amener une attaque de l’adversaire que l’on entend contrer), ce qui vise à le fatiguer. A peine ouverte, elle est bouchée, apparemment en affaiblissant la prise de l’adversaire sur la poignée de son fleuret : «tiens bien ta broche» (Valvert est un piètre marmiton, implicite dans Myrmidon, et la cuisine, voire la Bouffe! est une obsession dans cette pièce, Cyrano/Ragueneau). La suite, malgré ses néologismes, respecte la cohérence : la quarte d’après le Littré, est, dans l’escrime, la manière de parer un coup d’épée en tenant le poignet au dehors ; c’est une des quatre gardes générales, opposée à la seconde; «escarmoucher» est combattre légèrement ; «couper» revient à frapper de taille, «je feinte» est une esquive, puis le coup porté : «je touche», déjà appelé 3 fois, selon la cohérence propre à la ballade. Pour plus de détails, se reporter à l’ouvrage très complet : http://www.fencing.ca/coaching_manuals/level3_foil_fr.pdf . Au reste, ce duel a tout d’une annonce funèbre, une courte chronique d’une mort annoncée, avant la lettre de Gabriel-Garcia Marquez. Et le refrain prend à la fin toute sa valeur performative, pour citer nos linguistes... Celle-ci met en scène l’aveuglement de Valvert qui, face aux capacités d’esquive et d’attaque de son adversaire, subit l’estocade finale alors que nous en sommes à l’envoi… Son inculture littéraire aussi est en cause, puisqu’il semble tout ignorer et de la ballade et de sa dernière strophe. Nonobstant, tout ceci est d’une grande cruauté, car, compte non tenu de l’attente perverse du spectateur qui sent ou qui sait bien comment tout cela va finir, Cyrano est assez maître de lui et du traitement qu’il inflige à Valvert pour se permettre d’improviser, en vers strictement construits, la mise à mort de sa victime; comme dans les sacrifices antiques, il l’enguirlande, ici d’avanies ; il annonce même trois fois son geste de victimaire, dans les trois reprises, en le soulignant par: «je vous préviens, Décidément, tiens bien»… Ceci est d’une telle inhumanité que Rappeneau remplace l’estocade par un jeu de scène de Cyrano qui touche de son doigt l’appendice nasal de son adversaire ; ce dernier s’empalera de lui-même, par maladresse, sur l’arme de Cyrano, jeté à terre par traîtrise. Podalydès est, paradoxalement – car sa mise en scène affiche le modernisme le plus affecté avec de la vidéo (préparation de Montfleury en coulisse, Roxane en présentation) - plus classique et fait mourir, conformément à la tradition la plus avérée du Français (=la Comédie française) concernant la bienséance, Valvert dans les coulisses, accompagné d’une projection de gros confettis rouges pour les gouttes de sang, comme les pétales des coquelicots dans les blés, cf. les cadets de Gascogne ! Et celles qui tombent de la «dernière lettre» de Christian avant le baisser de rideau…
3) Mais, malgré le sérieux induit par l’accumulation de tous ces termes techniques et leur recherche érudite qui frise le pédantisme, Edmond Rostand, comme à son habitude, fait assaut… d’esprit, parfois là où l’on attend le moins :
* Nous relevons un oxymore : «jette», au n iveau de langue bien commun, concret, «avec grâce», de niveau relevé
* une synecdoque pour le couvre-chef, avec une matière bien pauvre, le feutre
* les nasales ralentissent certes ensuite le mouvement du déshabillage avant l’assaut, haussé de fait par le terme : «abandon», mais le verbe «calfeutrer» transforme Cyrano en porteur de trous car si «se calfeutrer» veut dire se couvrir chaudement et au sens figuré cacher sa vie (sa laideur ? cf. l’aide aussi du feutre comme masque), ici le sujet n’est pas une personne, mais une chose, le manteau.
* Glissons sur l’artifice trop marqué des rimes en «eutre», qui n’intéresseraient que les grands rhétoriqueurs – auxquels Rostand n’était pas étranger – mais le remplacement du fleuret par l’«espadon», le tout pour la partie, ne manque pas de sel, surtout en rime avec «Céladon», un des héros de l’Astrée, d’Honoré d’Urfé, encore une fréquentation littéraire, par-delà les siècles, de Rostand.
* Après la pastorale, le roman picaresque ou la commedia dell’arte : Scaramouche, pour terminer par l’épopée, mais par le petit bout de la lorgnette avec le nom ridicule, mais assumé, des compagnons d’Achille, les Myrmidons, à la consonance comique vu la duplication de la syllabe initiale (BIS REPETITA PLACENT !).
* Rostand, pour illustrer sa menace, joue alors sur les fricatives : «Vous préViens, Fin de l’enVoi».
* Le regret pour lui qu’il ne soit pas resté neutre devient polysémique : n’être pas un homme, ne s’engager ni avec une femme ni au combat ! Il n'atteindra aucun de ces objectifs, et ses tentatives lui coûtent en fait la vie (on ressort rarement vivant au XVIIe des suites de cette blessure, cf. Croiser le fer, violence et culture de l'épée dans la France moderne (XVIe - XVIIIe siècle, Brioist-Drévillon-Serna, Champ Vallon, 2002)
* L’interrogative partielle avec inversion du sujet, malgré sa politesse apparente : «Où vais-je ?», est une plaisanterie, confirmée par les triviaux : «larder» et «dindon» en animalisation dépréciative (cf. bedon): Rostand/Cyrano a la «plume» acérée… Les points de suspension laissent le temps aux «engagements de fer», comme le dit la didascalie, de s’opérer… sous nos yeux, en rupture avec la règle classique de la bienséance.
* La «maheutre» laisse perplexe, car cette pièce de vêtement est bien vieille… Le «ding-don» des coquilles (Saint-Jacques ?) a été plaisamment repris par Rappeneau, quand Valvert se prend une série de barreaux d’une grille dans la figure !
* La «mouche» importune, mais sert aussi à éluder «la pointe»… Avec les niveaux de langue qui se mêlent; on passe au familier avec : «bedon» ! Comme l’«amidon», on ne sortira pas de la cuisine avec la «broche». Valvert n’est même pas un adversaire : il n’est que faire-valoir… littéraire, et sert d'assaisonnement, en se faisant assaisonner : «C’est pour me fournir le mot pleutre»…
* un bel euphémisme ensuite: «faire don» d’une pointe renvoie à l’estocade mortelle ! La suite est tout autant en contradiction : notons l'emphase de l’appel à la contrition avec : «demande à Dieu pardon», où le tutoiement méprisant du «tiensۚ» laisse à place à celui de la fraternité chrétienne, suivi de la rupture induite par l’accumulation des actions virevoltantes, dont l’expression technique : «je quarte du pied», car nous subodorons que Rostand a puisé à des sources hautement crédibles, à l’instar de ses didascalies…
Il y a donc mise à mort, mise en scène et en vers (pour paraphraser le sous-titre de Cyrano) de cette mort…