Prêtre
de Neptune (2, 201). D'après Servius, Laocoon, déjà prêtre d'Apollon,
aurait été désigné par le sort pour remplacer le prêtre troyen de Neptune,
lapidé par ses concitoyens pour n'avoir pas empêché les Grecs de débarquer.
On a dit plus haut que la tradition hésitait sur le statut exact de Laocoon.
Ténédos
(2, 203). L'île où les Grecs s'étaient repliés.
Tritonienne
(2, 226). Les serpents vont donc se réfugier dans le temple de Pallas Athéna.
la Tritonienne (2, 171). Pallas-Athéna (Minerve dans l'interprétation
latine) était aussi appelée Tritonia, "la Tritonienne". C'est
le décalque latin du grec "Tritogénie", une épiclèse dont
l'origine est relativement obscure. Ce terme aurait désigné au départ une
divinité indépendante, qui aurait été dans la suite identifiée à Pallas
Athéna. Le mot renverrait à un lac ou à un fleuve du nom de Triton, qui
aurait été le père de cette divinité ou près duquel aurait eu lieu sa
naissance. "Tritogénie" aurait été élevée en compagnie d'Athéna,
qui l'aurait tuée accidentellement. Peu importe. Ici, comme en d'autres
endroits de l'Énéide Virgile a simplement repris en latin une épiclèse
grecque.
(Epiclèse :Les
grecs attribuaient sans cesse à leurs dieux des épithètes ou des adjectifs
particuliers destinées à mettre en relief une de leurs qualités particulières,
le lieu où la divinité est célébrée, une association avec un autre
dieu....)
Introduire
en se servant des documents donnés sur l’Enéide. (vous êtes censés avoir
lu le début du livre 2 en traduction)
Situer
le passage à traduire / Lecture / Traduction
Annonce
des axes.
Axes :
- Une structure dramatique tendue
- Neptune, l’adversaire caché
des Troyens
- Caché, pourquoi ? la
triple lecture possible de cet épisode.
1°-
une structure dramatique tendue
.Le rôle du
locuteur :
C’est
Enée qui raconte à Didon ; il intervient peu personnellement dans ce
passage – rapporte un fait dont il a été le témoin – mais juste assez
pour guider les émotions de ses auditeurs.
Des
modalisateurs comme « aliud majus multoque tremendum … magis »
insistent sur la croissance de la
peur par rapport à ce qui précède ;
idem
pour « improvida pectora » (+ tout ce qui concerne la scansion) :
insiste cette fois sur la nature bien humaine de ces pauvres Troyens dont on
sent qu’ils vont être des victimes ; aide à s’assimiler à eux ;
à partir de là, nous nous identifions aux Troyens et nous revivons la scène
avec eux.
L’intervention
directe de Enée « horresco referens » se passe un peu à la manière
de l’intervention du chœur antique : il exprime tout haut ce que chacun
de nous doit ressentir en lui-même ; en même temps, il anticipe pour
faire naître l’appréhension et l’intérêt (Enée/Virgile fin conteur) ;
ainsi lorsque au vers 212 nous entendons « diffugimus x
visu exsangues », avec la coupe tri, le ‘nous’ n’est plus seulement
Enée et les Troyens ; il nous inclut aussi : nous en aurions fait
autant.
- 199-200- Deux vers pour nous rappeler les Troyens, leurs malheurs et leur trouble ; ils forment encore groupe (pluriel de pectora –mot pied)
-
201-202 : Puis par son statut et ses fonctions, Laocoon se trouve isolé (+
coupe tri ; + ductus –donc il est sorti du groupe- et sacerdos en fin de
vers insistant bien sur son statut particulier= faire des actes sacrés).
Sacrifice d’ailleurs rapporté bizarrement : séparation dans le vers de
sollemnes / aras (cf scansion) qui semble déjà indiquer une sorte de
dysfonctionnement ; ajouter l’imparfait « mactabat » :
nous prenons l’action entrain de s’accomplir ; toile de fond d’un
autre événement qui se prépare.
- 203-204 : rupture avec ce qui précède ; impression et attente confirmées par « ecce » qui marque la rupture dans les habitudes ; l’apparition d’un nouvel élément dont on ne sait d’abord rien d’autre que « gemini », puis le lieu d’origine de l’apparition et son trajet ; rien n’est encore clairement inquiétant ; mais il y a la parenthèse immédiatement suivie de la révélation exacte de ce qui avance : coupes + rythme / avancée inéluctable des serpents.
-
A partir du vers 204 jusqu’au vers 211 le texte est entièrement consacré à
la description des deux monstres ; tout est fait pour en montrer la
puissance et la détermination ; l’accumulation des compléments de lieu
indique qu’ils ne se déplacent pas au hasard mais qu’ils visent un but précis,
encore inconnu (à moins d’avoir gardé en mémoire l’isolement de Laocoon
au début) + accumulation de notations descriptives qui concourent toutes à
faire visualiser les monstres et à créer la peur (cf scansion + allitérations….).
Aisance de ces bêtes sur tous les éléments (champ lex abondant pour la mer) :
mer + terre. Observer la précision de plus en plus grande de la description à
mesure que les serpents approchent des humains. Le narrateur nous donne tous les
détails qui peuvent être perçus par les hommes restés sur place, détails
suffisamment horribles pour provoquer la panique.
-
Quand elle se produit au vers 212, elle a pour effet d’isoler encore davantage
Laocoon (cf les coupes + la valeur du préverbe –dis-) ; installation
d’une solitude tragique.
- 212-215 : puis choix des premières victimes ; cf coupe qui isole L. de ses fils ….façon dont Virgile retarde l’annonce des victimes de façon à rendre encore plus insoutenable la mort des deux enfants. Première torture pour Laocoon : voir ses enfants mourir de cette façon horrible.
- 216-224 : La victime principale, saisie d’abord dans son geste pour secourir ses fils ; puis transformée en victime de sacrifice au point que son cri rappelle celui du taureau… (cf commentaires des vers scandés.)
- 225-227 : disparition des deux monstres dans le sanctuaire de leur déesse protectrice, qui semble dénoncer Laocoon, et montrer que le sort qu’il vient de subir est un châtiment divin.
Une telle puissance alliée à une telle assurance ne
peut pas se commenter uniquement par l’amplification propre à l’épopée ;
mais il est clair que Virgile / Enée par
cette façon de raconter veut faire sentir l’intervention des dieux
dans cet épisode –comme dans toute la Guerre de Troie.
2- Neptune
l’adversaire caché des Troyens
(Rappel :
Neptune avait élevé avec Apollon les murs de Troie ; mais il avait été
frustré du salaire convenu ; il combat donc auprès des Grecs contre les
Troyens ; d’autre part, Athéna est évidemment la déesse de la ville
d’Athènes par excellence et donc elle aussi du côté des Grecs)
Bien des éléments du
texte font percevoir au lecteur (ou à l’auditeur) la présence d’une force
bien supérieure aux hommes qui participent à la Guerre de Troie !
- un événement
innommable et imprévisible
Enée
qui a vécu l’épisode qu’il raconte ne peut parvenir rétrospectivement à
nommer ce qui est entrain de se passer : il arrive « aliud »
autre chose, qqch d’innommable, dans tous les sens du terme ; +
totalement inimaginable : im-pro-vida n’est pas obligatoirement une
critique à l’égard de ceux qui n’ont rien vu venir : le malheur qui
se prépare est, à la lettre, impossible (im) à voir (vida) à l’avance
(pro). (+ coupe…), pour un homme ordinaire.
D’autant
plus que Laocoon offre un sacrifice justement au dieu Neptune, et que l’objet
du sacrifice est normalement fait pour l’apaiser : taurum
ingentem (isolé par deux coupes) / en outre Laocoon a été « ductus
sorte » ; il semble donc être là par hasard, pour la première fois
dans ce rôle, et s’acquitter de sa tâche avec la solennité voulue.
- tout est
faussé
La
distorsion du vers 202 nous conduit à douter d’emblée de la réelle
intervention du hasard dans le tirage au sort. Est-ce bien pur hasard ? ou
une main divine n’a-t-elle pas fait ce qu’il fallait pour que le sort
tombe sur celui qui vient de s’opposer aux desseins des Grecs ?
Enée fait sentir la duplicité du dieu dès l’apparition monstrueuse :
interrompt l’évocation des monstres par des notations qui auraient dû être
rassurantes : Tenedos tient sa prospérité de Troie : quel mal
pourrait venir de là ? De plus la haute mer est calme « tranquilla
per alta », on pourrait donc en déduire que Neptune n’a d’animosité
contre personne.
Au début les monstres n’auraient rien de véritablement effrayant (si
ce n’est leur taille) si Enée n’indiquait pas que ce souvenir le terrifie
(horresco) ; cependant le rythme inéluctablement régulier du vers 204
laisse planer l’impression d’une sourde menace.
Car dès leur apparition, domine la certitude que ces monstres ne sont pas sortis par hasard ; ils suivent une direction précise (ad litora tendunt –scansion / plus loin agmine certo +scansion – mots pieds) ; ils dominent l’élément marin (inter fluctus superant undas- scansion), et se déplacent avec autant d’aisance sur mer et sur terre (scansion 207-8-9) + reprise de immensa ; ces serpents sont hors normes, et montrent une sûreté de déplacement effrayante ; on dirait aujourd’hui qu’ils ont l’air téléguidé par une volonté cachée et déterminée. Voir d’ailleurs la manière dont à la fin ils regagnent le sanctuaire (cf scansion, rythme, coupes etc…)
Le plus effroyable est qu’ils sont en outre épouvantables à voit (210-211 + scansion), et présentent tous les signes porteurs de menace et de mort (le feu/le sang/ la langue sifflante tendue vers la proie)
- de fins stratèges,
d’une grande cruauté
Leur
seule vue suffit à libérer la place (diffugimus exsangues + coupe) ;
première réussite, obtenue sans porter de coups particuliers.
Leur
marche les conduit ensuite vers ce que chacun pourrait penser être leur proie
principale : Laocoon (cf début vers 213 + place de Laocoonta dans le vers) ;
mais on sait immédiatement (coupe et structure de ce vers) que c’est une
tactique : le père est séparé immédiatement des enfants qui sont les
premiers visés (cf scansion de 213-4) ; force du mot « natorum »
comme rappel du lien de sang, de chair.
L’astuce
est simple : s’attaquer aux enfants est la meilleure manière de
s’assurer de la présence de Laocoon qui ne peut pas partir et laisser faire ;
les serpents sont sûrs d’atteindre à la fois le prêtre et sa descendance et
se livrent à un carnage épouvantable (scansion 215) ; acte qui serait éminemment
sacrilège s’il venait des humains.
Puis
par la seule force de leur enlacement ils transforment Laocoon en victime ;
double sens de « vittas » mis en évidence par la coupe ;
proximité du cri de L avec celui du taureau, mis en évidence par le spondée
initial du vers 223 (qualis) et la coupe qui isole « qualis mugitus ».
De monstres, ils deviennent prêtres au service d’une divinité, Neptune,
dont ils sortent des eaux, ou Athéna, chez qui ils trouvent un refuge qui
semble naturel. Cf rythme des 3 derniers vers.
C’est
donc bien une volonté divine qui s’exprime ici.
3-Pourtant cette responsabilité est plutôt évoquée
que précisée clairement.
Double raison :
- C’est Enée qui raconte ; il doit donc
« faire sentir sans le dire » la
responsabilité des Dieux : peut-il en effet courir le risque de s’aliéner
Neptune, alors qu’il ne sait pas encore s’il est arrivé ou s’il devra
repartir vers une autre terre d’accueil ? D’autre part, il ne connaît
pas son but ultime et ne peut pas savoir quelle va être la fin de sa quête
d’une nouvelle terre.
- Mais c’est Virgile qui compose !
·
D’une part, il joue sur la double lecture de l’événement :
Celle qui a été faite par les Troyens et par Enée :
Athéna est irritée contre les Grecs ; les Grecs sont partis ; le
cheval est une offrande qui accordera la victoire aux Troyens et qui ne peut être
violée ; or Laocoon s’est opposé à son entrée ; et des serpents
envoyés par les flots l’ont tué. C’est un châtiment et il faut faire
entrer le cheval.
Celle qui est faite par les lecteurs
qui connaissent les œuvres d’Homère : Athéna et Neptune sont hostiles
aux Troyens ; les Grecs ne sont pas partis et le cheval est un piège ;
mais Laocoon s’est opposé à son entrée dans la ville ; il faut donc
l’éliminer pour favoriser la victoire des Grecs qui nécessite la présence
du cheval dans Troie ; et le caractère sacré de Laocoon et du sacrifice
qu’il offre à Neptune n’a pesé
d’aucun poids dans la décision divine.
·
D’autre part, il n’oublie pas son propos qui est de chanter la
gloire de Rome !
Et nous pouvons comprendre alors l’épisode en le
lisant d’une troisième façon : les dieux, en éliminant Laocoon pour
imposer l’entrée du cheval, n’ont pas seulement favorisé la victoire des
Grecs, ce qui serait une vue à court terme ! Ils ont surtout rendue
possible la fuite d’Enée, ses pérégrinations et l’accomplissement de son
destin, qui est de fonder Rome.
Conclusion
- Texte
très construit, très efficace encore aujourd’hui (donne à voir, à
entendre, à craindre…) ;
- Nous nous retrouvons
comme Didon, émus de cette horreur sans nom, et tout prêts à prendre fait et
cause pour les Troyens en général, et à donner notre adhésion et notre
compassion à Enée en particulier.
- Ce qui sert le dessein de
Virgile ; donner à la famille d’Auguste d’illustres ancêtres, afin
d’asseoir l’empereur (et donc l’empire) sur des bases valorisantes.
Nourrir ce commentaire par la scansion, et par
les autres documents (le côté tragique, par exemple) ; vous pouvez
aussi aller pêcher des idées dans le commentaire un peu touffu mais fort
pertinent de H.Steiner sur le site de Lutèce. (cet addenda de C. O. prouve à
l’envi que le site Lutèce ne pratique pas (l’auto-) censure. Cum
grano salis. Signé:
H. Steiner )
199 :
dsdsdt : –tri –pent - hepht; mise en valeur de majus
et miseris + multoque tremendum: annonce d’une catastrophe ; rappel
que les malheurs ne cessent de tomber sur les Troyens ; accumulation mise
en valeur par l’alternance régulière de d/s…menace sourde ; allitération
en M : sorte de mélopée triste = coupe hepht : même insistance sur
l’horreur par isolement de multoque tremendum
200 :
ddsddt : –tri-: insistance de nouveau sur l’attaque
(objicitur) et l’excès (magis) ; si on admet une coupe après élision,
isolement de la 2° moitié du vers : les improvida pectora ; pas
moyen pour des hommes ordinaires de prévoir un malheur pareil ! + pectora
mot-pied et dactyle obligatoire, ainsi que turbat : mot-pied final ;
précise que l’événement dont on attend le récit a perturbé les cœurs et
donc sans doute l’analyse que les Troyens en ont fait.
201 :
dsssds : –tri –pent : isole Laocoon, qui ne fait
plus partie du groupe –déjà comme prêtre – : solitude du héros qui
va affronter seul le péril, dont on attend toujours de connaître la nature ;
ductus mis en évidence par les deux coupes et donc remis en cause :
est-ce bien un hasard ?? la main des dieux n’a-t-elle pas agi pour que le
sort tombe sur celui qui a parlé contre les grecs ? Ne faut-il pas prendre
« ductus » au pied de la lettre (conduit) et pourtant cf tous les
spondées : Laocoon s’acquitte de sa tâche avec solennité et sérieux.
202 :
ssssds : –tri –hepht : mise en évidence de
l’objet du sacrifice : taureau énorme , entre les deux coupes; et
pourtant, l’énormité du sacrifice ne joue pas en faveur des Troyens ; séparation
de solemnes et aras, de taurum et mactabat : rien ne va dans ce sacrifice !
noter l’abondance de spondées : gravité+poids de l’événement.
203 :
sddsdt : –tri –hepht : isole ‘gemini a Tenedo’ +
‘tranquilla per alta’ : gemini annonce les monstres sans encore les
nommer ; attente, suspense…création d’une tension ; a Tenedo :
les Troyens ne peuvent se
douter que de là peut venir le danger (voir note) + la mer est « tranquilla »
(noter les longues sur ce mot) : le royaume de Neptune ne donne pas de
signes de colère (doute :
dissimulation du dieu, qui a pris parti pour les grecs ; le sacrifice de Laocoon
aura-t-il un effet bénéfique ?
on peut déjà en douter)
204 :
sdssds : – tri- pent : la coupe isole la parenthèse,
et les deux mots qui la composent, le frémissement d’Enée, intervention du
locuteur qui ne peut continuer sans horreur ; retarde encore la révélation
de la nature de « gemini » ; longues sur « horresco »
et sur « immensis » « angues » : régularité du
vers (sds/sds), avancée inéluctable des ‘angues’.
205 :
sddsds : – tri - pent : avant la coupe tri, incumbunt
avec trois longues sur ce verbe ; d’un côté de la coupe pent , la mer,
de l’autre la terre ; longues sur les deux verbes ; pelago en miroir
avec litora (uu-/-uu) + litora tendunt : deux mots pieds ; comment
lutter contre ces êtres monstrueux qui manifestement savent où ils vont?
206 :
dsssdt : – pent- hepht : met en évidence la partie
antérieure des ‘angues’ ; isole ‘pectora’ de ‘jubae’ , comme
une façon d’allonger cette partie ; sépare ‘inter fluctus ‘ de
‘arrecta’ , insistance sur la domination des serpents sur les éléments
liquides –les deux coupes isolent aussi ‘fluctus’ élément des
angues; ce sont bien des êtres venus de la part de Neptune, en accord .
207 :
ddssdt : –tri – pent- hepht : noter le rejet de
‘sanguineae’ , isolé par la coupe tri; les deux coupes tri et pent
isolent à leur tour « superant » , leur supériorité ne fait donc
plus aucun doute ; mise en valeur d’un des aspects les plus effrayants de
ce qui s’avère petit à petit être des monstres ;noter les deux
dactyles du début = suggèrent des ondulations légères+deux spondées pour la
puissance et la supériorité sur ‘undas’ ; + mots pieds en dactyle
obligatoire et trochée final ; insistance marquée sur la domination des
serpents sur l’élément marin .
208 :
ddsddt : -tri -: coupe met en valeur le rejet de
« pone legit » : aisance dans le déplacement des deux monstres ;
abondance des dactyles : ondulations ; spondée du milieu fait
ressortir immensa ; mot-pied sur trochée final « terga » ;
mise en relief encore de l’énormité des monstres ; hors normes, hors
dimensions humaines
209 :
dsdsds : -tri –hepht (noter les allitérations) ;
noter la régularité des alternances ds (avancée inéluctable des bêtes) ;
mise en relief par les coupes de « spumante salo » : insistance
renouvelée sur l’aisance des serpents sur la mer (quel qu’en soit l’état) :
la coupe hepht + jam+ arva= arrivée rapide sur la terre ferme et au milieu des
humains. Aussi à l’aise donc sur terre que sur mer. Comment douter encore que
ces monstres soient des créatures envoyées par les dieux ?
210 :
sdssds : –pent ;
‘ardentes oculos’ d’un côté ; ‘suffecti sanguine et igni’ de
l’autre ; un vers entier pour les yeux de ces monstres ; insistance
sur le ‘feu’ et la couleur rouge ; allitérations en s
:211 :
dsssdt : –pent (hepht) : abondance de longues au
centre du vers ; dactyles pour sibila (mot pied) + (vi)brantibus/ ora, à
savoir pour ce qui est en mouvement perpétuel chez ces monstres et qui les rend
encore plus effrayants. Vers encadré par « sibila … ora », qui
renforce l’effet sonore de sifflement.
212 :
dsssds : -tri –hepht : l’hepht sépare les humains
des serpents ; la tri met en valeur le verbe diffugimus, et donc
l’affolement des hommes qui partent dans tous les sens, par opposition aux
serpents « agmine certo » (+ deux mots pieds), et abandonnent donc
totalement Laocoon ; opposition de exsangues avec « sanguine »
du vers 210 ; brève apparition des humains dans cette description et ce récit
de l’avancée inéluctable des monstres ; mots-pieds sur agmine certo.
Les humains sont de peu de poids !
213 :
ddssdt : –pent : sépare la cible principale
et les premières victimes ; dactyles pour Laocoon ; spondées
pour le choix des premiers à mourir ; + primum en mot-pied ; mise en
valeur de « parva » avant même qu’on sache de qui il s’agit :
provoquer l’émotion / duorum en fin de vers : parallèle horrible entre
les deux serpents et les deux petits corps d’enfants auxquels ils vont
s’attaquer ;
214 :
dsssdt : –pent –
hepht- ; rejet de « corpora natorum » au début de ce vers +
corpora, dactyle initial mot-pied : les victimes sont dévoilées, et c’est
insoutenable : deux enfants ; la coupe pent sépare les enfants des
serpents et insiste sur le mot « natorum », mettant en évidence
la filiation avec Laocoon; la coupe hepht met en valeur l’agresseur « serpens »
devenu singulier, plus résolu, plus invincible ! mais « uterque »
nous rappelle qu’ils sont deux ; mais ils agissent de la même manière.
Deux serpents déterminés contre deux enfants désarmés.
215 :
ddssds : –tri ?- pent – hepht : couper tri c’est séparer
« et » de ce qu’il coordonne ; la coupe pent met en valeur
l’adjectif « miseros » qui évoque les enfants ; la coupe
hepht isole « morsu » + (allitération m/r), donc les victimes et
les sévices au centre du vers ; dactyles sur « implicat/
de/pascitu/(r) », c’est à dire sur les actes des serpents : ils
ont l’air de s’adonner à leur massacre avec la plus grande exultation !
216 :
sddsdt : -pent- noter les deux élisions sur ipsum (Laocoon)
et subeuntem (ce que veut faire Laocoon), comme voué à l’échec. La coupe
isole auxilio, et donc montre l’aspect dérisoire de l’aide que Laocoon a
voulu porter à ses fils, rapportée après la mort de ces derniers. D’où
insistance sur la rapidité des monstres : Laocoon n’a pas eu le temps de
commencer à tenter de les secourir que déjà les enfants sont morts.
217 : dsdsdt : -tri-hepht-
à la fois mise en valeur de la « méthode » des serpents contre L.
et séparations de spiris/ingentibus ce qui rend peut-être encore les « spiris »
plus effroyables. Régularité dans l’enchaînement des mètres, comme les
enroulements…
218 :
dsssdt : - pent- qui scande les deux parties et l’anaphore
de « bis ». Trois mots pieds à la fin, mettant en valeur la mort
imminente de Laocoon (collo … circum) et le dégoût de la vision « squamea »
219 :
dddsds : -tri-pent- qui isolent superant ; de l’autre
côté de la coupe pent, insistance sur la supériorité des serpents.
220 :
ddssds : -tri-pent-hepht : tous les mots mis en valeur
par les coupes montrent la vanité des efforts de Laocoon. Mot pied final :
nodos ; seul mot du vers concernant les serpents ; mais suffisant pour
rappeler leur force.
221 :
sdssds : -tri-pent-hepht- : isolent d’abord perfusus ,
l’état visible de Laocoon, souillé ; puis sanie, ce dont il est couvert
et qui est plus que répugnant (bave, sang souillé, pus) ; puis vittas,
qui prend de ce fait un double sens : Laocoon porte les bandelettes du prêtre,
mais ces bandelettes ne sont-elles pas aussi celles de la victime qui va être
sacrifiée ? Laocoon change de « statut ».
222 :
sdssdt : -tri- hepht- ; vers quasiment calqué sur le précédent ;
abondance des spondées dans ces deux vers qui relatent les conditions de la
mort de L. Abondance de longues qui rendent le rythme plus funèbre ; la
coupe hepht met en valeur les hurlements de L. avant ; après, deux
mots-pieds sur sidera et tollit, en fin de vers. L’appel de L. vers le ciel
met-il en évidence le responsable de sa mort ? quelle que soit la version
adoptée, Athéna, Neptune ou Apollon, les dieux sont visiblement désignés
comme responsables par cet appel.
223 :
ssssdt : - pent- avec qualis en mot pied, ce qui impose plus
encore la vision de Laocoon comme victime : ce « qualis mugitus »
(… taurus en rejet), nous rappelle ce que Laocoon faisait au vers 201,202 :
// taurus.
Abondance de longues encore.
224 :
dsssdt : -hepht : évocation difficilement soutenable de
la victime à moitié achevée seulement. Encore beaucoup de spondées.
225 :
dsssds : -tri-pent- : opposition de « at gémini »
isolé par la tri et qui montre que les monstres ne sont en rien troublés par
le sort de L. Mise en évidence
manifeste de leur rôle « téléguidé » par les dieux. La deuxième
coupe allie les « dracones » avec « delubra ad summa ».
Lapsu, entre les deux coupes, montre que leur allure est toujours aussi inéluctable.
226 :
dsdsdt : -tri- hepth- : régularité du rythme des
monstres. Mise en évidence de « saevae » qui désigne Athéna comme
responsable de la mort de Laocoon. Ce qui explique les décisions suivantes des
troyens ; on peut penser en effet qu’Athéna se venge des propos et des
gestes hostiles de L. contre le Cheval, donc de son sacrilège.
227 :
dddddt : -pent : vers très régulier ; une seule
coupe ; les dactyles évoquent bien les ondulations des deux serpents
montant vers le sanctuaire et trouvant refuge auprès de Athéna. La coupe
unique insiste sur les « attributs » d’Athéna , refuge des
serpents.