traductions et commentaires: Hubert steiner
VI, 295 - 383
Enéide, Charon, VI, 295-336
HINC VIA QUAE FERT AD UNDAS ACHERONTIS TARTAREI De là une voie qui mène aux eaux de l’Achéron infernal (Tartaréen, adj d’Achéron!). Via: phrase nominale, HINC: adv. question UNDE, AD UNDAS question QUO. HIC GURGES TURBIDUS CAENO Ici, gouffre troublé de fange QUE VASTA VORAGINE et à l’immense tourbillon (puisque TURBIDUS et le GN ablatif de qualité fonctionne au même niveau: qualifiant!), AESTUAT ATQUE ERUCTAT OMNEM HARENAM COCYTO il bout et vomit tout son sable dans le Cocyte (le sable est dû au fait que l’Achéron, dans sa violence, balaie son lit en en faisant remonter le sable.. Cocyto: datif locatif). AESTUAT/ ATQU(E) OM/NEM CO/CYT(O) E/RUCTAT HA/RENAM PORTITOR HORRENDUS SERVAT HAS AQUAS ET FLUMINA un passeur horrible protège ses eaux et les fleuves (=Hendiadyn, donc les eaux des fleuves), CHARON TERRIBILI SQUALORE Charon d’une saleté effrayante (abl. de qualité), CUI CANITIES PLURIMA JACET INCULTA MENTO pour qui une blancheur abondante s’étend, sans soin, sur le menton, LUMINA FLAMMAE STANT Ses yeux (lumières) de flamme sont hérissés, donc brillent, AMICTUS SORDIDUS DEPENDET EX UMERIS NODO un vêtement sale pend de ses épaules par un noeud. SUBIGIT IPSE RATEM CONTO Il pousse lui-même le radeau avec sa perche QUE MINISTRAT VELIS et il fait le service avec les voiles ET SUBVECTAT CUMBA CORPORA FERRUGINEA et il transporte avec son esquif couleur bleu foncé (de fer!) les corps. FERRUGINEA CUMBA car scansion: ET FER/RUGINE/A SUB/VECTAT/ CORPORA/ CUMBA SENIOR JAM vieux désormais SED SENECTUS CRUDA VIRIDISQUE DEO mais la vieillesse (est) vigoureuse et robuste quand il s’agit d’un dieu (en fait: un dieu a une vieillesse etc.) OMNIS TURBA EFFUSA RUEBAT HUC AD RIPAS Toute une foule sans retenue se ruait là (question QUO) vers les rives, MATRES ATQUE VIRI, mères et hommes, CORPORA MAGNANIMUM HEROUM des corps de héros au grand coeur DEFUNCTA VITA ayant achevé leur vie, PUERI QUE PUELLAE INNUPTAE des enfants et des jeunes filles non mariées (vierges, à l’époque) QUE JUVENES IMPOSITI ROGIS ANTE ORA PARENTUM et des jeunes gens placés sur le bûcher devant la bouche (d’où le visage, voire le corps, par synecdoque) de leurs parents; QUAM MULTA FOLIA LAPSA PRIMO FRIGORE AUTUMNI CADUNT IN SILVIS aussi nombreuses les feuilles ayant glissé à cause du premier froid de l’automne tombent dans les forêts AUT QUAM MULTAE AVES GLOMERANTUR AB ALTO GURGITE AD TERRAM aussi nombreux les oiseaux sont réunis en peloton venant du gouffre profond (de la mer) vers la terre UBI FRIGIDUS ANNUS FUGAT TRANS PONTUM quand le froid de l’année (=hiver) les fait fuit au-delà de la mer ET IMMITTIT TERRIS APRICIS et les envoie dans les terres ensoleillées. v. 313 STABANT ORANTES TRANSMITTERE CURSUM PRIMI Ils (tous les morts évoqués antérieurement) se tenaient debout, priant (cf. oratoire) d’effectuer leur traversée (m. à m.: passer de l’autre côté, quant à leur course) les premiers QUE TENDEBANT MANUS AMORE RIPAE ULTERIORIS Et ils tendaient les mains par(dans leur) désir (et non: amour; ici, sens fréquent chez notre auteur) de la rive au-delà. SED TRISTIS NAVITA NUNC ACCIPIT HOS, NUNC (ACCIPIT) ILLOS Mais le sinistre nocher tantôt reçoit ceux-ci, tantôt (reçoit) ceux-là, AST ARCET ARENA LONGE ALIOS SUBMOTOS mais il éloigne de la grève (cf. arène, où le sable aspire le sang des morts au loin les autre ayant été reculés) qu’il a fait reculer. AENEAS MIRATUS ENIM QUE MOTUS TUMULTU AIT: Enée (étonné naturellement: ENIM, sens affirmatif ancien) et ému du tumulte dit: DIC, O VIRGO, QUID VULT CONCURSUS AD AMNEM Dis (cf. DUC, FAC, FER), ô vierge, que veut ce rassemblement vers le fleuve VE QUID PETUNT ANIMAE et que cherchent les âmes? (N.B.: la conjonction de coordination entre deux interrogatives est VE(L) en latin, et non ET!) VEL QUO DISCRIMINE HAE LINQUUNT RIPAS Et selon quel critère les unes quittent les rives, ILLAE VERRUNT VADA LIVIDA REMIS les autres traversent les bas-fonds livides de leurs rames? v. 321 SACERDOS LONGAEVA FATA EST SIC OLLI BREVITER la prêtresse chenue lui répondit (passé simple) ainsi brièvement. ANCHI/SA GENE/RATE DE/UM coupe ephthémimère CER/TISSIMA/PROLES GENERATE (voc. type DOMINE) ANCHISA, PROLES CERTISSIMA DEUM (pour DEORUM, gen. archaïque) Généré par Anchise, descendance indubitable des dieux, VIDES STAGNA ALTA COCYTI QUE PALUDEM STYGIAM Tu vois les étangs profonds du Cocyte et le marais stygien (=du Styx) CUJUS DI (=DII) TIMENT JURARE ET FALLERE NUMEN dont les dieux craignent de d’évoquer (dans leurs serments) et de tromper la puissance divine. MONIS HAEC TURBA QUAM CERNIS EST INOPS QUE INHUMATA toute cette foule (en désordre, par opp. au POPULUS, organisé politiquement) est sans secours (des humains, comme l’ensevelissement du cadavre d’un inconnu) et sans inhumation. ILLE PORTITOR, CHARON ce passeur (est) Charon. HI QUOS VEHIT UNDA SEPULTI ceux qu’il transporte sur l’eau ont été ensevelis. NEC RI/PAS coupe trihémimère DATUR/ HORREN/DAS coupe ephthémimère ET RA/UCA FLU/ENTA (trochée final) cf. harmonie imitative en -A-, liquides R, occlusives dures NEC DATUR TRANSPORTARE RIPAS HORRENDAS ET FLUENTA RAUCA Et il n’est pas donné (donc permis, sous-entendu ILLI, datif, Charon) de faire passer les rives horribles et les courants retentissants (Zeugma, ex.:vêtu de probité candide et de lin blanc) PRIUSQUAM OSSA QUIERUNT SEDIBUS avant que les os ne se soient reposés dans une demeure (pl car plusieurs morts!). HAEC ERRANT ET VOLITANT CIRCUM LITORA CENTUM ANNOS Celles-ci errent et volettent autour des rivages pendant cent ans. (doctrine propre à Virgile, comme la longue patience des attendants!) TUM DEMUM ADMISSI REVISUNT STAGNA EXOPTATA Alors seulement (pas avant! à ce moment exact) admis, ils contemplent à nouveau (RE) les étangs souhaités vivement (EX, intensité). SATUS (P.P.P de sero, ere, planter) ANCHISA CONSTITIT ET PRESSIT VESTIGIA le procréé par Anchise s’arrêta et appuya le pied sur la marque de ses pas, PUTANS MULTA QUE MISERATUS ANIMO SORTEM INIQUAM méditant beaucoup (de choses) et ayant pitié en son âme du sort inégal (car la circonstance est fortuite=de l’iniquité du destin! [comme vous en cours de Latin]). CERNIT IBI MAESTOS ET CARENTES HONORE MORTIS il aperçoit là, affligé Er manquant des honneurs dûs à leur mort LEUCAPSIM ET ORONTEM DUCTOREM CLASSIS LYCIAE Leucapsis et Oronte, amiral de la flotte lycienne QUOS VECTOS SIMUL A TROJA PER AEQUORA VENTOSA OBRUIT AUSTER (tournons au passif) eux qui, transportés en même temps de Troie à travers les plaines venteuses (de la mer) ont été engloutis par l’Auster, INVOLVENS AQUA NAVEMQUE VIROSQUE roulant dans l’eau le navire et les hommes (avec une syndèse). OBRUIT/ AUSTER A/QU(A) INVOL/VENS coupe ephthémimère NA/VEMQUE VI/ROSQUE.
Enéide, Palinure, VI, 337-383
ECCE (particule démonstrative)GUBERNATOR PALINURUS SESE AGEBAT: Voici le pilote (celui qui tient le gouvernail) (qui) s’avançait, QUI NUPER CURSU LIBYCO (Y à prononcer Ü) qui (pronom relatif) récemment, lors du périple libyen (ablatif car QUANDO?) DUM SERVAT ASTRA pendant qu’il observait (DUM+indicatif présent) les astres, EXCIDERAT PUPPI (dat. complément d’un verbe composé) était tombé de la poupe EFFUSUS (effundo is ere) IN MEDIIS UNDIS jeté dans le milieu des eaux (cf. SUMMA ARBOR, le sommet de l’arbre). HUNC UBI/ VIX // MUL/TA MAES/TUM // COG/NOVIT IN/ UMBRA donc coupes trihémimère et ephthémimère, avec 4 spondées marquant la difficulté de la perception dans l’obscurité... UBI COGNOVIT VIX MAESTUM IN MULTA UMBRA (parfait de COGNOSCO) Dès qu’il (l’) a reconnu, avec peine (adv.), (l’) affligé dans l’ombre épaisse ADLOQUITUR SIC PRIOR il l’interpelle en ces termes en premier: QUIS DEORUM, PALINURE, TE ERIPUIT NOBIS Qui d’entre les dieux (gén. partitif), Palinure (voc.) t’a arraché à nous QUE MERSIT SUB MEDIO AEQUORE et t’a englouti au fond de la mer (mot-à-mot:sous le milieu de la mer, cf. SUMMA ARBOR)? DIC AGE (1)DIC: DIC, DUC, FAC, FER, les 4 impératifs irréguliers en latin, car très fréquents avec les esclaves! 2)AGE:ce dernier impératif, tiré de AGO, faire, renforce un autre impératif, => donc!) Parle donc! NAMQUE MIHI (datif éthique) en effet, en ce qui me concerne, APOLLO, HAUD ANTE REPERTUS FALLAX Apollon, non auparavant trouvé trompeur DELUSIT ANIMUM HOC UNO REPONSO a trompé mon esprit en cette seule réponse QUI CANEBAT TE FORE PONTE INCOLUMEM lui qui chantait (prophétisait) que tu serais sur la mer sain et sauf QUE VENTURUM FINES AUSONIOS et que tu arriverais au territoire de l’Ausonie (acc. seul avec les verbes de mouvement, donc but) EN HAEC FIDES PROMISSA EST? Voilà indignation!), cette fidélité à la parole a-t-elle été tenue? AUTEM ILLE Mais celui-ci: NEQUE CORTINA PHOEBI TE FEFELLIT DUC ANCHIASIDE Ni le chaudron (pour oracle!) de Phébus ne t’a trompé, (notre) chef, fils d’Anchise, NEC DEUS ME MERSIT AEQUORE ni un dieu ne m’a englouti au moyen de la mer. NAMQUE GUBERNACULUM REVULSUM FORTE MULTA VI en effet, le gouvernail (qui m’a été) arraché fortuitement avec une grand violence, CUI DATUS CUSTOS HAEREBAM auquel, donné comme gardien, j’étais attaché et avec lequel (EO sous-entendu)je dirigeais nos courses, PRAECIPITANS TRAXI (TRAHO IS ERE) MECUM tombant la tête en avant, je l’(=GUBERNACULUM du V. 349) ai tiré avec moi. JURO MARIA ASPERA je jure (par) les mers âpres NON CEPISSE ULLUM TANTUM TIMOREM PRO ME que je n’ai pris aucune aussi grande crainte pour moi QUAM TUA NAVIS NE DEFICERET que ton navire ne coule SPOLIATA ARMIS dépouillé de ses armes (ici, son instrument, le gouvernail), EXCUSSA MAGISTRO dépouillé (privé en secouant! le vaisseau est comparé implicitement à un cheval) de son maître, TANTIS UNDIS SURGENTIBUS de si grandes houles se levant (abl. abs.) TRES NOTUS/ HIBER/NAS // IM/MENSA PER/ AEQUORA/ NOCTES coupe penthémimère VEXIT/ ME // VIO/LENTUS A/QUA // VIX/ LUMINE/ QUARTO coupes tri- et ephth. TRES NOCTES HIBERNAS PER AEQUORA IMMENSA (acc. de durée) Pendant trois nuits de tempête à travers les mers immenses (pl. ici emphatisant, en hyperbole!) NOTUS VIOLENTUS ME VEXIT AQUA (abl. locatif) le violent Notus me transporta sur l’eau. LUMINE QUARTO à la quatrième lumière (=4ème jour) PROSPEXI VIX, SUBLIMIS, AB UNDA SUMMA ITALIAM j’ai aperçu, avec difficulté, (étant) en l’air), sur une lame (mot-à-mot:depuis le bord du sommet de l’onde) l’Italie (vers pittoresque, où l’on voit l’effort du malheureux: PRO-, VIX, SUBLIMIS, AB+abl, place du verbe!) PAULATIM ADNABAM TERRAE peu à peu je nageais vers la terre (datif avec verbe composé!) JAM TENEBAM TUTA déjà je tenais un lieu sûr NI GENS CRUDELIS INVASISSET FERRO si un peuple cruel ne s’était pas précipité avec le fer GRAVATUM CUM VESTE MADIDA (sur moi) alourdi par (avec) mes vêtements trempés QUE PRENSANTEM MANIBUS UNCIS CAPITA ASPERA MONTIS et tentant de saisir de mes mains crochues (bonne notation, après 3 jours de... bain, mains accrochées au gouvernail!) les excroissances dures de la falaise QUE PUTA(VI)SSET IGNARA PRAEDAM et si (ce peuple) ne (m’) avait pas considéré, dans son ignorance (apposition à GENS) comme du butin (attribut du COD ME s.-e.). NUNC FLUCTUS ME HABET Maintenant le flot me possède QUE VENTI VERSANT IN LITORE et les vents me ballottent sur le rivage. QUOD TE ORO Aussi je t’en prie, PER JUCUNDUM LUMEN par la lumière agréable ET AURAS CAELI et par les souffles du ciel, PER GENITOREM par ton père, PER SPES JULI SURGENTIS par les espérances que représente Jules en train de grandir, ERIPE ME, INVICTE, HIS MALIS arrache-moi, toi l’invaincu, à ces malheurs (qui sont les miens): AUT TU INJICE MIHI TERRAM ou jette sur moi de la terre (NAMQUE POTES) en effet tu le peux QUE REQUIRE (impératif de REQUIRO!) PORTUS VELINOS et demande le port de Vélia AUT TU, SI QUA VIA EST, ou toi, s’il y a quelque moyen, SI CREATIX DIVA OSTENDIT TIBI QUAM (=ALIQUAM après SI, NISI, NE, NUM, CUM, AN, UT, UBI, QUO, QUANDO) (VIAM) si ta mère divine te montre quelque (moyen), ENIM NEQUE PARAS INNARE FLUMINA QUE PALUDEM STYGIAM NUMINE DIVUM en effet, tu ne te prépares pas à traverser les fleuves et le marais stygien sans l’accord des dieux DA DEXTRAM MISERO donne ta main droite à un malheureux ET ME TOLLE TECUM PER UNDAS et enlève-moi avec toi à travers les ondes UT QUIESCAM SALTEM IN MORTE SEDIBUS PLACIDIS afin que je repose au moins dans la mort dans un endroit tranquille (préposition IN inutile avec un mot de lieu affecté d’un adjectif) ERAT FATUS TALIA CUM VATES COEPIT TALIA il avait dit de tels mots quand la prophétesse commença de tels mots: UNDE, O PALINURE, HAEC CUPIDO TAM DIRA TIBI D’où, Palinure, ce désir personnel si sacrilège à toi (=>d’où possèdes-tu un tel désir,car s.e. EST: CUPUDI EST TIBI tu as un désir). TU ASPICIES INHUMATUS toi tu verras sans être inhumé AQUAS STYGIAS QUE AMNEM SEVERUM EUMENIDUM les eaux du Styx et le fleuve sévère des Euménides VE ADIBIS RIPAM INJUSSUS et tu approcheras la rive, sans en avoir reçu l’ordre? (VE sert de coordination à deux interrogatives en latin; INJUSSUS, comme INHUMATUS apposition du sujet (TU)) DESINE SPERARE FATA DEUM FLECTI PRECANDO (gérondif de moyen) cesse d'espérer que les édits des dieux soient fléchis par ta prière SED CAPE DICTA MEMOR mais reçois mes paroles en t’en souvenant (MEMOR apposition à (TU)), SLACIA DURI CASUS comme consolation de ton dur destin (SOLACIA, apposition à DICTA, les choses qui ont été dites, donc paroles). NAM FINITIMI ACTI LONGE ET LATE PER URBES PRODIGIIS CAELESTIBUS en effet des voisins, poussés au loin et largement à travers les villes par des prodiges célestes PIABUNT TUA OSSA (forte disjonction!) honoreront tes os ET STATUENT TUMULUM t’élèveront un tombeau ET MITTENT SOLLEMNIA TUMULO et enverront des offrandes solennelles à ton tombeau. QUE LOCUS HABEBIT NOMEN AETERNUM PALINURI et le lieu aura le nom éternel de Palinure. QUE PARUMPER (PARUM+PER) DOLOR PULSUS CORDE TRISTI et en peu de temps la douleur est chassée de son coeur triste. GAUDET COGNOMINE TERRAE il se réjouit du surnom de la terre.
1) un texte alerte (le jeu des coordinations NAMQUE (V. 343) NEQUE NEC (347/8) et locutions conjonctives, ILLE AUTEM (347), des particules: ECCE 337, EN 346, voire des conjonctions de subordination: UBI... SIC (341/2)) vif (série de petits tableaux, en croquis saisis sur le vif: disparition de Palinure v. 338-9, repris à son compte par Enée V. 342; le doute du héros v. 343-346; la chute avec le gouvernail; l’angoisse du pilote fidèle, plus inquiet du destin de son bateau que de son sort personnel, ce qui est bien dans la tradition de la marine, de tout temps; l’errance, l’arrivée crue salvatrice, la crispation des mains sur le roc, la prière, par ce qu’Enée peut avoir de plus précieux, la réplique outrée séche, au départ, de la Sibylle), prenant (alternances phrase longues, courtes), des questions, des appositions, des impératifs (DIC AGE)
2) pour un triste destin éveillant la pitié: v. 339 voyelles fermées, MAESTUM, VIX perte de l’identité dans l’ombre profonde au v. 340; l’horreur de la noyade: deux fois( 339, 342: MEDI/IS/O) MERSIT 342, 348; la présence inquiétante, en arrière plan de la mer: AEQUOR, UNDA, PONTO, MARIA ASPERA, TANTIS UNDIS SURGENTIBUS (avec le jeu de mot cruel, à distance d’Ascagne SURGENS v. 364), AEQUA, l’espoir trompeur: TERRAE v. 358) devenue CAPITA ASPERA MONTIS en périphrase au v. 360, MADIDA, FLUCTUS; voire Enée sur le fleuve des Enfers: lui n’y perd pas la vie. Palinure atteindra le port: TUMULUS 2 fois, et la TERRE, à son nom.
3) où le respect religieux, la PIETAS (cf. les serments, le voc. employé) baigne tout le texte, sans remarque épicurienne de Virgile face au mystère de la mort et de l’inhumation... Notons que ce n’est pas pour une impiété personnelle que Palinure est ainsi en suspens; son impureté est purement matérielle... Mais la religion romaine tient peu compte de ce qui se passe dans le for intérieur de chacun et est assez étrangère à la notion de pêché.