Demande de paix
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Scipio C- Laelio cum Syphace aliisque captivis Romam misso, cum quibus et Masinissae legati profecti sunt, ipse ad Tyneta rursus castra refert et quae munimenta incohaverat permunit. Carthaginienses non brevi solum sed prope vano gaudio ab satis prospera in praesens oppugnatione classis perfusi, post famam capti Syphacis in quo plus prope quam in Hasdrubale atque exercitu suo spei reposuerant perculsi, jam nullo auctore belli ultra audito oratores ad pacem petendam mittunt triginta seniorum principes; id erat sanctius apud illos consilium maximaque ad ipsum senatum regendum uis. Qui ubi in castra Romana et in praetorium pervenerunt more adulantium -- accepto, credo, ritu ex ea regione ex qua oriundi erant -- procubuerunt. Conveniens oratio tam humili adulationi fuit non culpam purgantium sed transferentium initium culpae in Hannibalem potentiaeque ejus fautores. Veniam civitati petebant civium temeritate bis jam eversae, incolumi futurae iterum hostium beneficio; imperium ex victis hostibus populum Romanum, non perniciem petere; paratis oboedienter servire imperaret quae vellet.
Scipion envoya Lélius à Rome avec Syphax et les autres prisonniers et fit partir en même temps les députés de Masinissa; puis il revint camper devant Tunis, et acheva les fortifications qu'il avait commencées. Les Carthaginois avaient eu un moment de fausse joie en apprenant le succès passager de leur attaque contre la. flotte romaine. A la nouvelle de la prise de Syphax, sur qui ils fondaient plus d'espoir, pour ainsi dire, que sur Asdrubal et sur leur armée, ils furent frappés de terreur; et, sans écouter davantage ceux qui conseillaient la guerre, ils envoyèrent pour demander la paix une ambassade composée des trente principaux vieillards. C'était le plus révéré de leurs conseils, et son influence était grande sur la direction du sénat lui-même. Arrivés au camp romain et au prétoire, ces députés, par manière de flatterie, et pour se conformer sans doute aux usages de leur mère-patrie, se prosternèrent à terre. Leurs paroles furent aussi humbles que leur hommage était servile; ils ne se justifiaient pas; ils rejetaient les premiers torts sur Annibal et sur les partisans de cet ambitieux capitaine. Ils demandaient grâce pour leur cité, que la témérité de ses habitants avaient déjà deux fois conduite à sa perte, et qui devrait son salut à la générosité de ses ennemis. "Le peuple romain voulait commander à ses ennemis vaincus, et non les anéantir. Ils étaient prêts à obéir en esclaves : Scipion n'avait qu'à leur faire connaître ses ordres."
Introduction au chapitre XVI
Le récit de l'opération secondaire lancée par Scipion contre Syphax sous le commandement de Masinissa et Laelius est à présent complètement terminé : toute opposition des Numides aux Romains est désormais exclue et l'histoire de Sophonisbe n'aura plus aucune incidence sur la suite des événements. Tite-Live revient à présent au théâtre d'opérations principal au point où il l'avait laissé au chapitre 10. Là, il expliquait que la flotte romaine qui assiégeait Tunis, à une vingtaine de kilomètres de Carthage, avait subi la perte d'une soixantaine de
navires de transport suite à une attaque de la flotte carthaginoise. Les opérations du siège avaient dû être interrompues. Bien que l'auteur ne le dise pas, il faut supposer que Scipion avait dû ensuite déplacer son camp vers un site moins exposé.
XVI [1] C. Gaius (l'abréviation traditionnelle du PRAENOMEN Gaius est C. Cela est dû au fait qu'à l'origine, le C notait aussi bien un son [k] qu'un son [g]. C'est que les Romains ont emprunté leur alphabet aux Etrusques - qui eux-mêmes avaient emprunté un alphabet grec « occidental ». Or, dans la langue étrusque, il n'y avait pas de distinction phonologique pertinente entre les sons [k] et [g]. Pour un Etrusque, les mots « cale » et « gale » auraient été des homophones, de même qu'en français la « rate », l'organe, ne se distingue pas de la « rate », l'animal, par la manière de prononcer le [r] : roulé, grasseyé… Aussi les Etrusques notaient-ils aussi bien un son [k] qu'un son [g] à l'aide du gamma grec auquel ils avaient donné la forme du C. Au départ, les Romains ont suivi l'usage étrusque (RECEI note REGI, le D. sg. de REX dans une inscription archaïque), mais en latin, le [k] et [g] servent à introduire des distinctions entre les mots : c'est ainsi que REGENS se distingue de
RECENS). Pour distinguer les deux valeurs possibles du C, un grammairien du IIIe siècle av. J.-C. nommé Spurius Carvilius a eu l'idée de tracer une petit signe diacritique, un petit trait vertical, à l'extrémité inférieure du C. Le G était né) LAELIO MISSO ROMAM Laelius ayant été envoyé à Rome (ablatif absolu) CUM SYPHACE ALIISQUE CAPTIVIS avec Syphax et les autres captifs, CUM QUIBUS avec lesquels LEGATI MASINISSAE PROFECTI SUNT ET des ambassadeurs de Masinissa partirent (de
PROFICISCOR) également (ET adverbe), SCIPIO IPSE Scipion lui-même REFERT RURSUS CASTRA ramène à nouveau son camp AD TYNETA devant Tunis (Acc. sg., le -A étant une désinence grecque. Remarquer la nuance dans l'emploi des noms de ville en fonction de complément de lieu-direction : ROMAM « à Rome » (on y entrera) en face de AD TYNETA « devant Tunis » (le camp est installé en dehors de la ville) ET PERMUNIT MUNIMENTA QUAE INCHOAVERAT et achève de construire (« fortifie jusqu'au bout ») les fortifications qu'il avait commencées (QUAE : Acc. neutre pl. COD de INCHOAVERAT). [2] CARTHAGINIENSES PERFUSI GAUDIO Les Carthaginois, (qui avaient été) inondés (de PERFUNDO) d'une joie (ablatif d'instrument) NON SOLUM BREVI non seulement brève SED ETIAM PROPE VANO mais encore presque vaine (= une joie qui n'avait pas beaucoup de raison d'être) AB à la suite de (ne pas confondre avec un complément d'agent) OPPUGNATIONE (leur) attaque. SATIS PROSPERA IN PRAESENS relativement (« assez ») couronnée de succès au moment même (provisoirement : victoire tactique sans conséquences stratégiques durables) CLASSIS contre (« de », Gén. objectif) (notre) flotte (OPPUGNATIO désignant un assaut lancé contre une position fortifiée ennemie, il peut paraître étonnant que Tite-Live parle d'OPPUGNATIO CLASSIS, car une flotte n'est pas une position fortifiée statique. En fait, le terme se justifie dans ce cas précis car Scipion n'avait pas voulu d'une bataille navale : il avait attaché entre eux les navires de transport ancrés devant Tunis pour constituer une muraille de navires. C'est contre cette « position fortifiée » flottante que les Carthaginois avaient lancé leur OPPUGNATIO), PERCULSI mais atterrés (l'asyndète [absence de coordination] entre les deux groupes de mots exprime ici une forte opposition) POST FAMAM après (avoir entendu) la rumeur CAPTI SYPHACIS de la capture de Syphax (« de Syphax pris » expression au génitif après FAMAM) IN QUO REPOSUERANT dans lequel ils avaient placé PROPE PLUS SPEI presque plus d'espoir QUAM IN HASDRUBALE ATQUE EXERCITU SUO que dans Hasdrubal et même que dans leur propre armée (le réfléchi SUO renvoie en principe au sujet de la prop. dans laquelle il se trouve, qui est ici CARTHAGINIENSES ; pour exprimer « dans Hasdrubal et son armée », on aurait normalement IN HASDURBALE EXERCITUQUE EIUS) ; [3] NULLO AUCTORE BELLI Aucun partisan de la guerre IAM AUDITO ULTRA n'ayant plus (NULLUS IAM : « ne… plus aucun ») été écouté par la suite (« au-delà ») (ablatif absolu. Sens : sans écouter davantage les partisans de la guerre qui avaient tenu jusque-là le haut du pavé), MITTUNT ORATORES ils envoient (en tant que) porte-parole (Acc. pl. attribut du COD PRINCIPES) AD PACEM PETENDAM pour demander la paix (« vers la paix à demander » PETENDAM : adjectif verbal de PETO, Acc. fém . sg. épithète de
PACEM) TRIGINTA PRINCIPES trente notables SENIORUM pris parmi les Anciens (Génitif partitif : « d'entre les gens relativement vieux » SENIORES désigne des Anciens, des espèces de sénateurs qui constituaient un Conseil des Anciens doté de larges pouvoirs. Les institutions politiques carthaginoises sont toutefois mal connues.). APUD ILLOS ID ERAT CONSILIUM SANCTIUS Chez eux (les Carthaginois) c'était (là) un « conseil » (Dans ce CONSILIUM, il ne faut sans doute pas voir un comité permanent, un conseil restreint constitué au sein du Sénat de Carthage, mais plutôt une « commission sénatoriale » de trente Anciens chargés spécifiquement de cette ambassade. On connaît d'autres cas où une telle délégation de trente Anciens a été chargée de l'une ou l'autre tâche spécifique) relativement honorable (comparatif ayant sa valeur originelle d'intensité) QUE VIS MAXIMA et une force très importante (« très grande ») AD REGENDUM SENATUM IPSUM pour diriger le Sénat lui-même. [4] [QUI = ET EI] ET UBI EI PERVENERUNT IN CASTRA ROMANA ET IN PRAETORIUM Et quand ceux-ci (=les porte-parole) arrivèrent au camp romain puis (« et ») au quartier-général PROCUBUERUNT ils se prosternèrent (de PROCUMBO) MORE ADULANTIUM à la manière (de MOS, ablatif de manière) d'adorateurs (« d'[hommes] flattant » : de ADULOR part. prés. actif Gén. masc. pl. substantivé) - CREDO, ACCEPTO RITU c'est que, je crois, ils avaient reçu (ce) rite (« le rite ayant été reçu », ablatif absolu, valeur causale) EX EA REGIONE EX QUA ERANT ORIUNDI de la (« cette », le EA ne fait qu'annoncer le relatif QUA) région dont ils étaient originaires (ORIUNDUS,A,UM est un adjectif ordinaire, ne pas y voir une forme du verbe
ORIOR). N.B. La REGIO dont question est la côte de Phénicie (Liban). Carthage (dont le nom correspond à « Villeneuve ») était en effet une colonie phénicienne, et les Romains le savaient. Le prosternement est inconnu des Romains de l'époque (qui prient debout. Il faudra encore attendre environ trois siècles pour que les Romains se prosternent devant leur empereur). Il apparaît à Tite-Live comme une bizarrerie orientale quelque peu dégradante qui mérite une remarque explicative.
[5] ORATIO, CONVENIENS TAM HUMILI ADULATIONI, (Leur) discours, conforme à un si humble prosternement, NON FUIT ne fut pas (un discours) PURGANTIUM CULPAM de gens qui justifiaient (leur) faute (« d'[hommes] justifiant une faute » PURGANTIUM cf. ADULANTIUM sens : les parlementaires plaident coupables) SED TRANSFERENTIUM INITIUM CULPAE mais (un discours) de gens qui reportaient (« reportant », cf. ADULANTIUM et PURGANTIUM) l'origine de (cette) faute IN HANNIBALEM sur Hannibal QUE FAUTORES POTENTIAE EIUS et (sur) ceux qui favorisaient son influence (« les soutiens de la puissance de celui-ci » N.B. FAUTOR, qui est un mot apparenté à FAVEO, « favoriser », a donné en français « fauteur » [de troubles]. Ce mot est sans rapport avec « faute », qui remonte en fin de compte à FALLO, « tromper »). [6] PETEBANT VENIAM Ils demandaient l'indulgence (« le pardon ») CIVITATI IAM EVERSAE BIS pour (leur) cité déjà ruinée (« renversée » de EVERTO, participe passé passif D. fém. sg. détermine CIVITATI) par deux fois (la première fois lors de la première guerre punique [264-241] et la seconde fois… à l'instant même) TEMERITATE CIVIUM par l'inconséquence (l'irréflexion) de (ses) citoyens, FUTURAE INCOLUMI ITERUM BENEFICIO HOSTIUM qui (ne) devrait à nouveau son salut (qu') à un bienfait de (ses) ennemis (« sur le point d'être [participe futur actif de ESSE Dat. fém. sg. détermine CIVITATI] saine-et-sauve [datif attribut de CIVITATI] pour la seconde fois grâce à un bienfait des ennemis ») ; [7] POPULUM ROMANUM PETERE le peuple romain (ne) demandait (proposition infinitive dépendant d'un DICENTES sous-entendu) EX HOSTIBUS VICTIS à (« hors des, sortant des ») (ses) ennemis vaincus, IMPERIUM NON PERNICIEM (que) le pouvoir (de commander à ceux-ci) , non (leur) destruction. IMPERARET [EA] QUAE VELLET Qu'il commande (Subj. jussif représentant un impératif présent IMPERA « commande ! » du style direct)
[EA] QUAE VELLET ce qu'il voulait (j'interprète le QUAE comme un pron. rel. Acc. neutre pl. COD de VELLET, lui-même subjonctif imparfait qui représenterait un VIS du style direct, mais il pourrait s'agir d'un interrogatif, alors VELLET représenterait un subjonctif présent VELIS du style direct) PARATIS à des (gens) disposés (« prêts », de
PARATUS,A,UM, participe passé passif de PARO devenu adjectif, Dat. masc. pl. COI de IMPERARET , substantivé) SERVIRE OBOEDIENTER à être (ses) esclaves soumis (« à être-esclaves avec soumission »).
Tite-Live minimise le revers subi par la flotte romaine. Le contraire eût été étonnant, bien sûr.
a) Le récit du revers romain a été suivi immédiatement de celui de la victoire sur Syphax, sans que Tite-Live fasse alors état de l'allégresse des Carthaginois. b) Ici, cette allégresse est mentionnée (GAUDIO), mais :
1° sa portée est réduite à l'avance par les adjectifs BREVI et VANO, tandis que la mention du succès de l'attaque (PROSPERA) est tempérée par le IN PRAESENS (succès sans lendemain);2° elle est mentionnée de manière indirecte, dans un groupe de mots subordonné à une idée principale qui est que les Carthaginois décident d'entamer des négociations de paix.
c) Remarquer que le groupe NON BREVI… PERFUSI est aussitôt contredit par le groupe, placé en asyndète, POST FAMAM… PERCULSI, de même longueur et de construction sensiblement analogue, avec les deux participes paronymes rejetés à la fin (parallélisme) : le second groupe est là pour remplacer, pour « écraser » le premier, ce qui correspond exactement à l'idée que la victoire sur Syphax neutralise le revers de la flotte romaine dans l'esprit des Carthaginois (ainsi que dans l'esprit du lecteur, bien entendu). L'importance de
Syphax aux yeux des Carthaginois est soulignée par le IN QUO… REPOSUERANT. On peut expliquer que ces derniers n'avaient pas une confiance illimitée en leur propre armée par le fait qu'il s'agissait principalement d'une armée de mercenaires étrangers (mais ceux-ci
n'avaient jamais trahi Hannibal).
L'ambassade carthaginoise
a) Le prosternement est mis en évidence car le PROCUBUERUNT est rejeté en fin de phrase et séparé du reste par la longue expression ACCEPTO… ERANT. Bien que cette manifestation d'humilité soit de bon augure, elle heurte un peu la dignité romaine et Tite-Live semble toujours un peu gêné de devoir rapporter des manquements à la bienséance. C'est ainsi que dans l'histoire de Manlius Torquatus (VII, 10), il est question d'un combat singulier entre un Romain et un Gaulois. « Les compagnons de Manlius, dit Tite-Live, ARMATUM ADORNATUMQUE ADUERSUS GALLUM STOLIDE LAETUM ET—QUONIAM ID QUOQUE MEMORIA DIGNUM ANTIQUIS UISUM EST—LINGUAM ETIAM AB INRISU EXSERENTEM PRODUCUNT « l'escortent tout armé et équipé à la rencontre du Gaulois stupidement joyeux et – puisque cela a paru digne de mémoire aux Anciens, tirant la langue par dérision. » On voit que l'expression gênante LINGUAM… EXSERENTEM est elle aussi détachée du reste par une remarque préliminaire qui permet à Tite-Live de prendre ses distances.
b) Les propos des parlementaires
1) La forme. Le discours est résumé à l'extrême : ce n'est même pas du discours indirect, à part la dernière ligne.
2) Objectif exprimé : obtenir l'indulgence (VENIAM) au prix d'une soumission complète (OBOEDIENTER SERVIRE). Ceci revient à demander l'ouverture de négociations de paix.
3) Arguments
- Seuls quelques hommes sont vraiment responsables de la guerre : Hannibal et ses partisans ;
- Carthage a déjà été punie de ses erreurs par une double suite de souffrances (BIS EVERSAE: l'Histoire se répète)
- La demande carthaginoise est conforme à l'usage romain envers les vaincus. Cette idée est d'abord amenée par un paradoxe : Carthage a été deux fois victimes de l'irréflexion de ses citoyens et, ne devra, cette fois encore, son salut qu'à ses ennemis. Le paradoxe de l'ennemi
salvateur est mis en évidence par le chiasme (voir note ci-dessous) CIVIUM TEMERITATE (a) EVERSAE (b), INCOLUMI FUTURAE (b') HOSTIUM BENEFICIO (a') : la première expression ayant la forme (a-b) et la seconde la forme (b'-a'), la construction met le (a') en évidence. Cette allusion flatteuse à la grandeur d'âme romaine est en même temps une petite manipulation. En effet, le « second » salut de Carthage n'est pas encore assuré. Les porte-parole ont donc intérêt à présumer que l'attitude romaine se répétera comme le reste, et qu'elle sera conforme au principe qui est rappelé pour terminer (IMPERIUM… NON PERNICIEM). La manipulation consiste donc à rappeler aux Romains les « règles du jeu » qu'ils appliquent eux-mêmes puisque ces règles sont favorables à Carthage.
Pourquoi Scipion accepterait-il alors que Carthage est en mauvaise posture ?
- Il est un fait que, dans l'Antiquité, on accepte régulièrement la reddition des villes. La règle était que la ville avait le droit de se rendre, évitant ainsi une catastrophe absolue, jusqu'à ce que le bélier de l'assaillant ait frappé la muraille pour la première fois. Après, il était trop tard.La logique ordinaire des guerres antiques n'est pas celle de la guerre d'extermination.
- C'est une question de bon sens : une reddition évite tous les aléas d'un siège et d'un assaut,
les travaux nécessaires, les pertes en hommes et en matériel sous la menace permanente d'un échec. De fait, quand les Romains ont décidé de détruire Carthage, en 149 (Troisième Guerre punique), ils ont dû procéder à un siège de trois ans avant d'en venir à bout, alors que la puissance punique n'était plus que l'ombre d'elle-même et qu'au départ les Romains avaient réussi par traîtrise à priver les Carthaginois de leurs armes.
Conclusion : on ne s'étonnera pas que Scipion accepte de donner ses conditions de paix dans le passage suivant.
N.B. Le chiasme. Cette figure de style très populaire auprès des professeurs est le contraire du
parallélisme. Ex. de parallélisme : XV, 11 : SELLA (subst. 1) CURULI (adj. 1) ET SCIPIONE (subst. 2) EBURNEO (adj. 2). Chacune des expressions comporte un substantif en 1e place et un adjectif en 2e place. Exemple de chiasme (Ibidem) TOGA (subst. 1) PICTA (adj. 1) et PALMATA (adj. 2) TUNICA (subst. 2). Ici, le substantif est en première place dans la première expression mais en seconde place dans la seconde expression. D'où vient le nom de cette figure ? Il est dû aux rhéteurs grecs. « Chiasme » dérive de « chi », nom de la 22e lettre de l'alphabet grec, valant [kh]. Cette lettre avait la forme d'une croix de saint André (???????Si l'on écrit l'une en-dessous de l'autre les expressions composant la figure, et si l'on joint les termes homologues par un trait, on tracera ladite croix. Chiasme !TOGA PICTA?
PALMATA TUNICA Un autre chiasme se trouve en XVI, 5 : NON CULPAM (a) PURGANTIUM (b) SED TRANSFERENTIUM (b') INITIUM CULPAE etc. (a'). L'intérêt de la figure est ici de rapprocher les deux participes exprimant des actions qui s'opposent (effet contrapuntique : les mots ainsi rapprochés se mettent mutuellement en valeur) et aussi de terminer la phrase par l'expression la plus longue et la plus significative (IN HANNIBALEM… FAUTORES).