Suétone

GAIUS SUETONIUS TRANQUILLUS naquit vers 70 ap. J.-C. à Ostie, de famille équestre. Intime de Pline le Jeune,  il eut ainsi ses entrées d’abord sous Trajan (98-117), puis sous Hadrien où il fréquenta le cercle de Septicius Clarus, devenu Préfet du Prétoire. Il parvint ainsi, de secrétaire A STUDIIS (directeur du bureau des documents impériaux), puis A BIBLIOTHECIS (directeur des bibliothèques)  au poste prestigieux de PROCURATOR AB EPISTULIS LATINIS, donc responsable de la correspondance latine du prince. Disgracié pour des raisons qui échappent même aux érudits malgré leurs conjectures (familiarité avec l’impératrice Sabina, femme d’Hadrien ? Disgrâce de Septicius ? Voire rejet par Hadrien du donneur de leçons de morale que s’avère être, par le truchement de ses portraits et des faits rapportés, Suétone ?), il mourut vers 130 à Hippone, en fait en exil, à l’instar d’Ovide, mais pour une raison inverse (Ovide étant trop laxiste, cf. son Art d’aimer, Suétone trop rigide), un siècle plus tôt

De son œuvre immense subsistent une partie d’un DE VIRIS ILLUSTRIBUS (consacré aux hommes de lettres), et bien sûr, les VITAE DUODECIM CAESARUM, composées entre 117 et 121, publiées à cette date. Suétone y brosse, tantôt par ordre chronologique (PER TEMPORA), tantôt par thème (PER SPECIES), les portrait successifs, avec un souci obstiné du détail piquant, pittoresque, voire cancanier, des empereurs julio-claudiens (après César, d’Auguste à Néron en passant par Tibère, Caligula et Claude, puis après 69 – Galba, Othon, Vitellius, les Flaviens : Vespasien, Titus, Domitien). L’exemple du bon prince est Trajan, qui sert de pierre de touche implicite pour évoquer les qualités et défauts des précités.

[RAPPEL : ordre chronologique : César, Auguste, Tibère, Caligula, Claude, Néron, Galba, Othon, Vitellius, Vespasien, Titus, Domitien.]

Après avoir présenté les antécédents familiaux de Néron (en relevant incidemment des marques de tare génétique) et évoqués des actions NON MEDIOCRI LAUDE DIGNA (=dignes d’une grande louange, dont l’arrêt – trop rare et trop remarquable pour ne pas être relevé – de l’expansion territoriale romaine), Suétone, à partir du chapitre XX les sépare nettement A PROBRIS AC SCELERIBUS (des turpitudes et des crimes), nous faisant tomber de Charybde en Scylla : Violences, obscénités et orgies en XXVI et XXVII, matricide en XXIV.