Le tout: Hubert Steiner

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SENECA LUCILIO SUO SALUTEM 
(1) Persevera ut coepisti et quantum potes propera, quo diutius frui emendato animo et composito possis. Frueris quidem etiam dum emendas, etiam dum componis: alia tamen illa voluptas est quae percipitur ex contemplatione mentis ab omni labe purae et splendidae. (2) Tenes utique memoria quantum senseris gaudium cum praetexta posita sumpsisti virilem togam et in forum deductus es: majus expecta cum puerilem animum deposueris et te in uiros philosophia transscripserit. Adhuc enim non pueritia sed, quod est gravius, puerilitas remanet; et hoc quidem pejor est, quod auctoritatem habemus senum, vitia puerorum, nec puerorum tantum sed infantum: illi levia, hi falsa formidant, nos utraque. (3) Profice modo: intelleges quaedam ideo minus timenda quia multum metus afferunt. Nullum malum magnum quod extremum est. Mors ad te venit: timenda erat si tecum esse posset: necesse est aut non perveniat aut transeat. (4) 'Difficile est' inquis 'animum perducere ad contemptionem animae.' Non vides quam ex frivolis causis contemnatur? Alius ante amicae fores laqueo pependit, alius se praecipitavit e tecto ne dominum stomachantem diutius audiret, alius ne reduceretur e fuga ferrum adegit in viscera: non putas virtutem hoc effecturam quod efficit nimia formido? Nulli potest secura vita contingere qui de producenda nimis cogitat, qui inter magna bona multos consules numerat. (5) Hoc cotidie meditare, ut possis aequo animo vitam relinquere, quam multi sic complectuntur et tenent quomodo qui aqua torrente rapiuntur spinas et aspera. Plerique inter mortis metum et vitae tormenta miseri fluctuantur et vivere nolunt, mori nesciunt. (6) Fac itaque tibi jucundam vitam omnem pro illa sollicitudinem deponendo. Nullum bonum adjuvat habentem nisi ad cujus amissionem praeparatus est animus; nullius autem rei facilior amissio est quam quae desiderari amissa non potest. Ergo adversus haec quae incidere possunt etiam potentissimis adhortare te et indura. (7) De Pompei capite pupillus et spado tulere sententiam, de Crasso crudelis et insolens Parthus; Gaius Caesar jussit Lepidum Dextro tribuno praebere cervicem, ipse Chaereae praestitit; neminem eo fortuna provexit ut non tantum illi minaretur quantum permiserat. Noli huic tranquillitati confidere: momento mare evertitur; eodem die ubi luserunt navigia sorbentur. (8) Cogita posse et latronem et hostem admovere jugulo tuo gladium; ut potestas major absit, nemo non servus habet in te vitae necisque arbitrium. Ita dico: quisquis vitam suam contempsit tuae dominus est. Recognosce exempla eorum qui domesticis insidiis perierunt, aut aperta vi aut dolo: intelleges non pauciores servorum ira cecidisse quam regum. Quid ad te itaque quam potens sit quem times, cum id propter quod times nemo non possit? (9) At si forte in manus hostium incideris, victor te duci jubebit - eo nempe quo duceris. Quid te ipse decipis et hoc nunc primum quod olim patiebaris intellegis? Ita dico: ex quo natus es, duceris. Haec et ejusmodi uersanda in animo sunt si volumus ultimam illam horam placidi exspectare cujus metus omnes alias inquietas facit. 
(10) Sed ut finem epistulae imponam, accipe quod mihi hodierno die placuit - et hoc quoque ex alienis hortulis sumptum est: 'magnae divitiae sunt lege naturae composita paupertas'. Lex autem illa naturae scis quos nobis terminos statuat? Non esurire, non sitire, non algere. Ut famem sitimque depellas non est necesse superbis assidere liminibus nec supercilium grave et contumeliosam etiam humanitatem pati, non est necesse maria temptare nec sequi castra: parabile est quod natura desiderat et appositum. (11) Ad supervacua sudatur; illa sunt quae togam conterunt, quae nos senescere sub tentorio cogunt, quae in aliena litora impingunt: ad manum est quod sat est. Cui cum paupertate bene convenit dives est. Vale.

traduction universitaire

Persévère dans ta voie, et hâte-toi de toutes tes forces pour jouir plus longtemps de l’heureuse réforme d’une âme rendue à la paix. C’est jouir déjà sans doute que de travailler à cette réforme et à cette paix ; mais bien autre est la volupté qu’on éprouve à contempler son âme pure de toute tache et resplendissante. Il te souvient, n’est-ce pas, quelle joie tu ressentis lorsque ayant quitté la prétexte tu pris la toge virile et fus mené en pompe au forum : attends-toi à mieux pour le jour où, dépouillant toute marque de l’enfance morale, tu seras inscrit par la philosophie au rang des hommes. Nous ne sommes plus jeunes, mais, chose plus triste, nos âmes le sont toujours ; et, ce qui est pire, sous l’air imposant du vieil âge, nous gardons les défauts de la jeunesse et non de la jeunesse seulement, mais de l’enfance même : la première s’effraie de peu, la seconde de ce qui n’est pas ; nous, de l’un et de l’autre. Fais seulement un pas, et tu reconnaîtras qu’il est des choses d’autant moins à craindre qu’elles effraient davantage. Il n’est jamais grand le mal qui termine tous les autres. La mort vient à toi ? Il faudrait la craindre, si elle pouvait séjourner en toi ; nécessairement ou elle n’arrive point, ou c’est un éclair qui passe. « Il est difficile, dis-tu, d’amener notre âme au mépris de la vie. » Eh ! vois quels frivoles motifs inspirent quelquefois ce mépris ! Un amant court se pendre à la porte de sa maîtresse ; un serviteur précipite d’un toit pour ne plus entendre les reproches emportés d’un maître ; un esclave fugitif, de peur d’être ramené, se plonge un glaive dans le sein. Douteras-tu que le vrai courage ne fasse ce que fait l’excès de la peur ? Nul ne saurait vivre en sécurité s’il songe trop à vivre longtemps, s’il compte parmi les grandes félicités de voir une nombreuse série de consuls. Que tes méditations journalières tendent à quitter sans regret cette vie, que tant d’hommes embrassent et saisissent, comme le malheureux qu’entraîne un torrent s’accroche aux ronces et aux pointes des rochers. La plupart flottent misérablement entre les terreurs de la mort et les tourments de l’existence ; ils ne veulent plus vivre ; et ne savent point mourir. Veux-tu que la vie te soit douce ? Ne sois plus inquiet de la voir finir. La possession ne plaît qu’autant qu’on s’est préparé d’avance à la perte. Or quelle perte plus facile à souffrir que celle qui ne se regrette point ?
Exhorte donc, endurcis ton âme contre tous les accidents, possibles même chez les maîtres du monde. L’arrêt de mort de Pompée fut porté par un roi pupille et par un eunuque ; celui de Crassus par l’insolente cruauté d’un Parthe. Caligula commande, et Lépidus présente la tête au glaive du tribun Dexter ; lui-même tendra la sienne à Chéréas. Jamais la Fortune n’élève un homme tellement haut qu’elle ne le menace d’autant de maux qu’elle l’a mis à portée d’en faire. Défie-toi du calme présent : un instant bouleverse la mer : le même jour, là même où ils se jouaient, les vaisseaux s’engloutissent. Songe qu’un brigand, qu’un ennemi peut te mettre l’épée sur la gorge, qu’à défaut des puissants de la terre, le dernier esclave a sur toi droit de vie et de mort. En effet, qui méprise sa vie est maître de la tienne. Parcours la liste de ceux qui périrent par embûches domestiques, par force ouverte ou trahison, tu verras que la colère des esclaves n’a pas fait moins de victimes que celle des rois. Que t’importe, ô homme ! le plus ou le moins de puissance de celui que tu crains, quand, le mal que tu crains, tout autre peut le faire ? « Mais, si le hasard te jette aux mains de tes ennemis, le vainqueur te fera conduire .... » Eh ! certes, où tu vas. Pourquoi t’abuser toi-même et reconnaître seulement ici la fatalité que tu subis depuis longtemps ? Entends-moi bien : du jour où tu es né, c’est à la mort que tu marches. Voilà quelle sorte de pensées il faut rouler dans son esprit, si l’on veut attendre en paix cette heure dernière dont la frayeur trouble toutes les autres.
Mais pour terminer ma lettre, écoute la maxime qui m’a plu aujourd’hui (encore une fleur dérobée aux jardins d’autrui) : « C’est une grande fortune que la pauvreté réglée sur la loi de la nature. » Or cette loi, sais-tu à quoi elle borne nos besoins ? à ne point pâtir de la faim, de la soif, du froid. Pour chasser la faim et la soif, il n’est pas nécessaire d’assiéger un seuil orgueilleux, ni d’endurer un écrasant dédain, ou une politesse insultante, il n’est pas nécessaire de s’aventurer sur les mers ni de suivre les camps. Aisément on se procure ce que la nature réclame : la chose est à notre portée ; c’est pour le superflu que l’on sue, c’est le superflu qui nous use sous la toge, qui nous condamne à vieillir sous la tente, qui nous envoie échouer aux côtes étrangères. Et l’on a sous la main ce qui suffit ! Qui s’accommode sa pauvreté est riche.

traduction par groupe de mots

SENECA LUCILIO SUO SALUTEM (DAT)Sénèque (donne son salut à) salue son +cher+ Lucilius

1 - PERSEVARA UT COEPISTI Continue comme tu as commencé ET PROPERA QUANTUM POTES et hâte-toi autant que tu le peux, QUO (=UT EO) POSSIS FRUI DIUTIUS afin que, de ce fait, tu puisses jouir plus longtemps ANIMO EMENDATO ET COMPOSITO d'une âme réformée et mise en ordre. QUIDEM FRUERIS ETIAM Certes tu jouiras aussi DUM EMENDAS pendant que tu +te+ réformes, ETIAM DUM COMPONIS aussi pendant que tu +te+ mets en ordre. TAMEN ILLA VOLUPTAS EST ALIA Néanmoins ce plaisir est différent, QUAE PERCIPITUR EX CONTEMPLATIONE qui est (pris) tiré de la contemplation MENTIS PURAE AB OMNI LABE d'un esprit pur de toute tache ET SPLENDIDAE et éclatant.

2 - UTIQUE TENES MEMORIA En tout cas, tu retiens au moyen de ta mémoire, QUANTUM GAUDIUM SENSERIS quelle grande joie tu as ressenti CUM PRAETEXTA +TOGA+ POSITA lorsque, la +toge+ prétexte une fois déposée, SUMPSISTI TOGAM VIRILEM tu as revêtu la toge virile ET DEDUCTUS ES IN FORUM et que tu a été conduit au forum. EXPECTA +GAUDIUM+ MAJUS attends une +joie+ plus grande, CUM DEPOSUERIS ANIMUM PUERILEM lorsque tu auras déposé ton âme infantile ET PHILOSOPHIA TRANSSCRIPSERIT IN VIROS et que la philosophie t'aura inscrit dans les/au nombre des hommes. ADHUC ENIM NON PUERITIA REMANET Jusqu'à ce point, ce n'est pas l'enfance qui subsiste, SED QUOD EST GRAVIUS, PUERILITAS mais, ce qui est plus grave, la puérilité. ET QUIDEM HOC EST PEJOR Au reste, assurément, ce qui va suivre est pire (PEJOR est la LECTIO DIFFICILIOR retenue ici par l'éditrice et présentée globalement par la tradition manuscrite, corrigée en PEJUS par Erasme, avec une conjecture de Gertz qui explicite cette forme: PEJOR RES ; est-ce une coquetterie de Sénèque pour ne pas reprendre le US de GRAVIUS ?) , QUOD HABEMUS AUCTORITATEM SENUM le fait que nous ayons l'autorité des vieillards, VITIA PUERORUM +mais (très forte asyndète) les défauts des enfants, NON TANTUM PUERORUM SED INFANTUM non seulement des enfants +d'ailleurs+, mais des bébés (IN-FANS est celui qui, étymologiquement, ne parle pas, cf. blasphème, euphémisme, le FANUM, là où le dieu parle, donc le temple; avec l'adepte du temple, le fanatique, un lieu mal famé, un remède infâme, puis un remède de bonne femme, par fausse (sic!) étymologie; notons que l'on est passé du sens : qui ne parle pas, à : qui n'a pas droit à la parole, d'où en fr. l'enfant!). ILLI FORMIDANT LEVIA les premiers craignent (des choses, cf. neutre pl.) ce qui (pèse) est peu/n'est pas grand-chose, HI FALSA les seconds ce qui n'existe pas, NOS UTRAQUE nous l'un et l'autre.

3 - PROFICE (PROFICIO) MODO Avance seulement: INTELLEGES QUAEDAM MINUS TIMENDA tu comprendras que ce doit être moins craint IDEO QUIA AFFERUNT MULTUM METUS (pour cette raison parce que) que ceci apporte/induit beaucoup de/une grande crainte (nous neutralisons tous les pluriels neutres car le français préfère la tournure plus abstraite). NULLUM MALUM MAGNUM Aucun mal n'est grand QUOD EST EXTREMUM qui est le dernier. MORS VENIT AD TE La mort vient vers toi. ERAT TIMENDA Elle serait (sens irréel avec un adjectif verbal) à craindre SI POSSET ESSE CUM TE si elle pouvait être/exister avec toi; NECESSE EST +Mais+ (traduction de l'asyndète!) il est nécessaire AUT NON PERVENIAT ou qu'elle n'arrive pas AUT TRANSEAT ou qu'elle aille au-delà +de toi en t'ayant touché+.

4 PERDUCERE ANIMUM AD CONTEMPTATIONE ANIMAE Amener un esprit vivant au mépris de la vie EST DIFFICILE, INQUIS est difficile, dis-tu. NON VIDES QUAM EX FRIVOLIS CAUSIS CONTEMNATUR Tu ne vois pas à partir de/pour quelles causes sans fondement elle est méprisée? ALIUS PEPENDIT (PENDEO, même parfait que PENDO) LAQUEO (LAQUEUS I m) L'un est suspendu (verbe intransitif) avec une corde ANTE FORES AMICAE devant les portes de sa maîtresse, ALIUS SE PRAECIPITAVIT E TECTO un autre s'est précipité d'un toit NE AUDIRET DIUTIUS pour ne pas entendre plus longtemps DOMINUM STOMACHANTEM son maître (ayant de la bile, déponent) en colère (des évocations décalées du fameux suicide stoïcien? Une belle preuve d'humour - si c'est volontaire - de la part de Sénèque), ALIUS ADEGIT IN VISCERA FERRUM (synecdoque, pour l'épée), un autre a enfoncé dans ses viscères une épée NE REDUCERETUR E FUGA pour ne pas être repris après sa fuite: NON PUTAS VIRTUTEM EFFECTURAM Ne penses-tu pas que la vertu réalisera HOC QUOD NIMIA FORMIDO EFFICIT ce que la trop grande peur a réalisé? VITA SECURA POTEST CONTINGERE NULLI Une vie sûre/tranquille ne peut arriver à quelqu'un QUI COGITAT NIMIS DE PRODUCENDA (VITA) qui pense trop à la prolonger, QUI NUMERAT INTER MAGNA BONA qui compte parmi/au nombre des grands biens MULTOS CONSULES de nombreux consuls => de nombreuses années (puisque l'on compte les années par consuls: CICERONE CONSULE, donc en - 63; à l'époque impériale, cette tradition perdure vu le conservatisme romain, ou plutôt la constance à sauvegarder les superstructures, et l'empereur nomme un consul éponyme qui donne son nom à l'année.)

5 - MEDITARE COTIDIE HOC Médite chaque jour ceci, UT POSSIS RELINQUERE VITAM à savoir que tu puisses quitter la vie AEQUO ANIMO avec un esprit égal/tranquille (cf. DE TRANQUILLITATE ANIMI du même auteur) QUAM MULTI CONPLECTANTUR +vie+ que beaucoup embrassent ET TENENT SIC QUOMODO et +re+tiennent (ainsi) comme QUI RAPIUNTUR AQUA TORRENTE ceux qui sont pris par une eau impétueuse (avec cet adjectif issu d'un participe et affecté à un nom de chose, on attendrait plutôt TORRENTI; faut-il y voir une apposition: une eau, torrent? On comprend alors la leçon du manuscrit Parisinus 8540 (fin IXè, début Xè, qui s'arrête à la lettre 71, 7), malgré les critiques à l'encontre de son copiste: TORRENTIS, l'eau d'un torrent... De toute façon, par delà les règles des grammairiens, la tradition n'est pas claire sur la répartition entre -I -et -E à l'ablatif sg des adjectifs/participes, donc sur la valeur à leur attribuer. RAPPEL: d'après Grimal dans sa grammaire: si l'adjectif qualifie une personne, abl. sg. en -E, en -I s'il s'agit d'une chose; le participe présent à valeur verbale a toujours -E; malheureusement, s'il faut appliquer ces règles en thème, en version, la situation est nettement moins tranchée, sauf dans les éditions scolaires, bien sûr!) +embrassent et retiennent+ SPINAS ET ASPERA les ronces et les (choses raboteuses) aspérités. PLERIQUE MISERI FLUCTUANTUR La plupart, et ils en sont malheureux (valeur performative, de réalisation) sont ballotés INTER METUM MORTIS entre la crainte de la mort ET TORMENTA VITAE et les tourments de la vie ET NOLUNT VIVERE et ils ne veulent pas vivre, NESCIUNT MORI, ils ne savent pas mourir.

6 - ITAQUE FAC TIBI VITAM JUCUNDAM C'est pourquoi fais-toi la vie agréable DEPONENDO OMNEM SOLLICITUDINEM PRO ILLA en déposant tous les soucis envers elle. NULLUM BONUM ADJUVAT HABENTEM Aucun bien n'aide (son possédant) celui qui le possède, NISI AD AMISSIONEM CUJUS si ce n'est celui à la perte duquel ANIMUS PRAEPERATUS EST son âme a été préparée. AUTEM AMISSIO NULLIUS REI Or, la perte d'aucune chose EST FACILIOR QUAM n'est plus facile que QUAE AMISSA NON POTEST DESIDERARI de celle qui, perdue, ne peut être regrettée (avec un effet de concision: ce n'est pas l'AMISSIO qui peut être AMISSA, mais une RES).

Cette lettre (BACCALAUREATI CAUSA) est scindée en deux dans l'Edition Hatier-les Belles Lettres; nous en acceptons l'augure, même si cet éditeur, en faisant payer aux professeurs leur outil de travail, ne mérite pas, objectivement, autant de respect. Mais F(O)IN de notre digression, poursuivons.

ERGO ADVERSUS HAEC QUAE POSSUNT Donc contre ce qui peut ( sg., en fait collectif, neutre en fr.) INCIDERE ETIAM POTENTISSIMIS arriver même aux plus puissants, ADHORTARE TE exhorte-toi ET INDURA et endurcis-toi (sans EPO, of... course?).

7 - PUPILLUS ET SPADO Un p'tit enfant et un eunuque TOLERE SENTENTIAM DE CAPITE POMPEI ont donné (un) leur sentence (sur la tête de) contre la vie de Pompée (en fait, on peut se massacrer entre romains, lors de guerres civiles, mais qu'est devenue Rome, semble sous-entendre Sénèque, quand des inférieurs se sont permis de régler les comptes de ses querelles intestines?), PARTHUS CRUDELIS ET INSOLENS le Parthe cruel et insolent (vu sa rapacité, Crassus est mort d'une ingestion contrainte d'or fondu) DE CRASSO a tué Crassus GAIUS CAESAR JUSSIT Caius César (=Caligula) a ordonné que LEPIDUM PRAEBERE CERVICEM TRIBUNO DEXTRO Lépide fournît son cou au tribun Dexter, IPSE PRAESTITIT CHAEREAE lui-même présenta le sien à Chéréas. FORTUNA PROVEXIT NEMINEM EO La fortune n'a amené personne à ce point UT NON ILLI MINARETUR qu'elle ne le menace pas (tu ne comprends pas? - X - = + !) TANTUM QUANTUM PERMISERAT autant qu'elle lui avait donné d'opportunités. NOLI CONFIDERE Ne te fie pas TRANQUILLITATE HUIC à la tranquillité présente/tienne. MARE EVERTITUR MOMENTO La mer est bouleversée en un moment. EODEM DIE UBI NAVIGIA LUSERUNT Le même jour où les navires se jouaient, SORBENTUR ils sont engloutis (cf. résorption).

8 - COGITA ET LATRONEM ET HOSTEM Pense qu'un voleur ou un ennemi POSSE ADMOVERE GLADIUM TUO JUGULO peut approcher un glaive de ton cou. UT POTESTAS MAJOR ABSIT Pour que +ce+ pouvoir plus grand soit absent, NEMO NON SERVUS (personne ne pas) tout (le monde) esclave HABET ARBITRIUM IN TE a le pouvoir sur toi VITAE NECISQUE de vie et de mort (au point que l'antique loi de responsabilité collective des esclaves dans le cas du meurtre du maître par l'un d'entre eux, tombée en désuétude à l'époque impériale, a été appliquée de nouveau sous Néron: la mort pour tous les esclaves présents dans la DOMUS. Ainsi une FAMILIA de plus de 500 esclaves a-t-elle été éliminée pour cause d'assasssinat du maître). DICO ITA Je parle (ainsi) à juste titre.: QUISQUIS CONTEMPSERIT SUAM VITAM celui qui a méprisé sa propre vie, EST DOMINUS TUAE est maître de la tienne (ne retrouvons-nous pas un écho de ce passage dans L'homme révolté de Camus?). RECOGNESCE EXEMPLA EORUM Rappelle-toi les exemples de ceux QUI PERIERUNT INSIDIIS DOMESTICIS ont péri dans des embuscades privées AUT VI APERTA ou par une violence directe AUT DOLO ou par ruse: INTELLEGES NON PAUCIORES tu comprendras que pas moins nombreux CECIDISSE IRA SERVORUM sont morts par la colère des esclaves QUAM REGUM que par celle des rois. ITAQUE QUID AD TE C'est pourquoi en quoi (vers toi) ceci te concerne-t-il QUAM POTENS EST (combien puissant est celui) quelle est la puissance de celui QUEM TIMES que tu crains, CUM NEMO NON POSSIT alors que tout le monde peut ID PROPTER QUOD TIMES ce pour quoi tu le crains?

9 - AT SI FORTE INCIDERIS Mais si par hasard tu (seras tombé) tombes IN MANUS HOSTIUM dans les mains des ennemis, VICTOR JUBEBIT TE DUCI le vainqueur ordonnera que tu sois conduit +à la mort+: EO QUO NEMPE là où, c'est indéniable DUCERIS tu es conduit. QUID TE DECIPIS IPSE? Pourquoi te détrompes-tu toi-même ET INTELLEGIS NUNC PRIMUM et comprends-tu maintenant pour la première fois QUOD PETIEBARIS OLIM ce que tu souffrais autrefois? HAEC ET EJUSMODI Ceci et d'autres de ce genre SUNT VERSANDA IN ANIMO doivent être ressassés dans l'esprit, SI VOLUMUS EXPECTARE PLACIDI si nous voulons attendre placides ILLAM ULTIMAM HORAM cette dernière heure CUJUS METUS FACIT dont la crainte fait OMNES ALIAS INQUIETAS toutes les autres sans repos.

10 - SED, UT INPONAM FINEM EPISTULAE Mais, pour mettre en place la fin de ma lettre, ACCIPE QUOD MIHI PLACUIT reçois ce qui m'a plu DIE HODIERNO au jour d'hui; ET HOC QUOQUE et ceci aussi SUMPTUM EST EX HORTULIS ALIENIS a été pris (des) dans les jardinets d'autrui: MAGNAE DIVITIAE SUNT de grandes richesses sont PAUPERTAS COMPOSITA LEGE NATURAE la pauvreté disposée selon la loi de la nature. AUTEM SCIS QUOS TERMINOS mais sais-tu quelles bornes (le SCIS ne manque pas de sel, puisque Lucilius est un ancien épicurien, qui semble d'ailleurs souffrir de retours de flamme!) ILLA LEX NATURAE cette fameuse loi de la nature NOBIS STATUAT nous a établies? NON ESURIRE, ne pas avoir faim, NON SITIRE ne pas avoir soif, NON ALGERE, ne pas souffrir. UT DEPELLAS FAMEM SITIMQUE pour (que tu) chasser la faim et la soif, NON EST NECESSE il n'est pas nécessaire ABSIDERE LIMINIBUS SUPERBIS d'assiéger des seuils orgueilleux NEC PERPETI SUPERCILIUM GRAVE ni de supporter une arrogance pesante ET HUMANITATEM ETIAM CONTUMELIOSAM ni un entregent à ce point méprisant, NON EST NECESSE il n'est pas nécessaire TEMPTARE MARIA (d'essayer) de courir les mers, NEC SEQUI CASTRA ni de suivre le camp. QUOD NATURA DESIDERAT ce que la nature réclame PARABILE EST est facile à acquérir ET ADPOSITUM et sous la main.

11 - SUDATUR AD SUPERVACUA on sue en vue du superflu. ILLA SUNT QUAE CONTERUNT TOGAM Voilà ce qui use la toge (et non la craie avec laquelle ces dernières étaient blanchies!), QUAE NOS COGUNT ce qui nous contraint SENESCERE SUB TENTORIO à vieillir sous la tente, QUAE INPINGUNT IN LITORA ALIENA qui +nous+ jettent sur les rivages étrangers (souvenir de l'exil de Sénèque en Corse?): QUOD SAT EST ce qui est suffisant EST AD MANUM est (près) sous la main. EST DIVES est riche CUI BENE CONVENIT CUM PAUPERTATE celui pour qui il y a un bon accord avec la pauvreté. VALE. Salut.

commentaire

Il s'agit de la lettre d'un directeur de conscience (1) où Sénèque opère sans artifice, dans le naturel d'un échange personnel (2); en fait, ce texte entend s'incarner dans sa réalité contemporaine (3) et il nous permet aussi de comprendre comment mettre en pratique une philosophie fondée sur la volonté. (4)

1) Une lettre de direction, d'encouragement où l'on voit que l'argument du plaisir peut faire partie aussi de la dialectique stoïcienne. Le champ sémantique de la direction de conscience est bien souligné par l'abondance du préfixe PER en composition verbale, impliquant tout aussi bien le processus de transformation que l'effort à fournir pour le mener à bien: d'emblée: PERSEVERA, le point de départ étant marqué par le préfixe E (cf. EMENDARE), et celui d'arrivée, avec son achèvement équilibré: COM (cf. COMPONERE), mouvement marqué en image renvoyant aux REALIA romains: DEDUCTUS ES IN FORUM, IN VIROS avec son acc de mouvement. Ce parachèvement est personnel, la mort n'a rien à voir ici, ce que souligne subtilement la reprise du même préfixe dans MORS NON PERVENIAT; PERDUCERE (4).

l'encouragement? Les impératifs de 2ème personne confortent le catéchumène dans son projet: PERSEVERA et PROPERA, en homéotéleute, encadrant une succession d'occlusives sourdes, dont l'impact est renforcé par les rencontres des voyelles PERSEVERA UT, puis COEPISTI ET (cf. plus loin ANIMO ET), compte non tenu d'ailleurs de la reprise des mêmes séquences phonématiques: pErsEvEra cOEpIstI pOtEs prOpEra, comme, plus tard: dIUtIUs frUI; les conseils sont instants: PROFICE, avec l'effet immédiat, vu la proximité du verbe, qui fonctionne alors comme une consécutive, puisqu'il suit logiquement la première action, si l'on accepte, bien sûr, de l'opérer: MODO.

Le vocabulaire du plaisir: verbe déponent FRUI (1), avec le DIUTIUS qui renvoie implicitement à la théorie d'Epicure selon laquelle il faut satisfaire aux plaisirs naturels et nécessaires, sans l'angoisse due aux lendemains qui ne chanteraient plus, donc se contenter de ce dont on est en permanence (DIU, aussi longtemps que le corps dure) assuré (une nourriture simple - sans risque donc d'ESB - , de l'eau, une pierre pour dormir), lui-même repris par le futur FRUERIS. VOLUPTAS entre dans le même champ sémantique, avec le verbe PERCIPITUR où le PER marque bien l'intensité du ressenti...dépourvu de la notion d'effort surhumain: QUANTUM POTES, POSSIS: il s'agit de ne pas dépasser les capacités propres au disciple, comme semble le préciser le souci de la concomitance impliqué par l'anaphore ETIAM DUM: la guérison (FRUERIS) est en synchronie avec le traitement qui dépend du disciple lui-même, vu la 2ème personne.

Notre philosophe fait flèche de tout bois: il passe ensuite implicitement à l'insulte, mortelle pour un romain et un homme mûr digne de ce qualificatif: PUERITIA, pour mieux toucher l'orgueil de celui à qui il s'adresse, même s'il atténue la virulence de son attaque frontale par un nous: HABEMUS, alors même qu'il accentue sa dépréciation en tendant vers zéro: il prend les deux pôles opposés de la vie: SENUM, puis PUERORUM, pour remonter et achever sur INFANTUM, amené, pour le rendre indubitable, par le QUIDEM... Entre-temps, on tombe de Charybde en Scylla: GRAVIUS, puis PEJOR (deux comparatifs, s'opposant ainsi au MAJUS antérieur), comme avec le NEC TANTUM... SED. le NOS UTRAQUE ne laisse pas d'échappatoire: conscients de nos illusions (FORMIDANT LEVIA, FALSA), de notre misère sans le stoïcisme (démarche dialectique dont se resservira Pascal dans ses Pensées), nous échappons alors au monde, composé de faux-semblants: NULLUM MAGNUM MALUM, ou MAGNUM revient au degré normal, sans outrance. Nous retrouvons la crainte de la mort, crainte que Lucrèce, lui aussi et pour les mêmes raisons: accéder à l'ataraxie (cf. SECURA VITA, un peu plus loin en 4, AEQUO ANIMO en 5, JUCUNDAM VITAM OMNEM en 6, PLACIDI en 9, et, avec l'inversion, (HORAS) INQUIETAS), l'absence de trouble, élude avec les mêmes arguments. Face à la réticence de son interlocuteur: INQUIS, DIFFICILE EST, Sénèque a beau jeu d'évoquer de multiples exemples où d'autres vivants ont montré leur mépris (CONTEMPTIONEM, CONTEMNATUR) de la mort, sans rien nous épargner: LAQUEO PEPENDIT, SE PRAECIPITAVIT E TECTO avec ses dentales crispantes et le tonitruant: STOMACHANTEM, ADEGIT IN VISCERA: bien loin d'attendre passivement ce à quoi nous sommes tous condamnés, les personnes évoquées ont agi, ce que confirment les c. de lieu. Le résultat est patent: EFFICIT, comme le défi, lancé par l'interrogative, pour l'honnête homme, ou celui qui est digne de ce nom: VIRTUTEM. Nous retrouvons, sous forme de clin d’œil, le terme MAGNA: c'est pour mieux déprécier, par le blessant, et comme atteint de sénescence - mais ce qui est bien vu, car voir les autres disparaître avant soi semble être un des travers les mieux partagés de ceux qui croupissent dans nos mouroirs - QUI MULTOS CONSULES NUMERAT, avec un présent de permanence, comme une machine bien huilée qui ne pourrait s'arrêter. La fin de 5 jaillit comme une condamnation, avec ses deux parallélismes. La cause est finalement entendue, en s'appuyant sur le rejet des contre-exemples évoqués: on ne peut que ressentir de la répugnance vis à vis de tels comportements. Sénèque reprend l'argument lucrétien de l'inconscience après la mort: QUAE DESIDERARI AMISSA NON POTEST. Il convient, non: il faut, vu les impératifs, se reprendre, comme le marquent les deux préfixes: ADHORTARE TE ET INDURA. S'ensuivent une kyrielle d'exemples, qui montrent en fait que le sage est au-dessus de toutes les contingences. Et Sénèque d'évoquer des épisodes de l'histoire récente: les destin de l'IMPERATOR Pompée, éliminé par un PUPILLUS (cf. POMPEI en légère paronomase) aidé d'un spado. La défaite humiliante de l'armée romaine à Carrhae, même rachetée par la récupération des enseignes perdues sous Auguste, remonte: seul le CRUDELIS évoque la mort, sordide en fait: INSOLENS, de Crassus, avec de l'or fondu versé dans sa bouche. Plus proche de l'époque néronienne, l'ironie de l'histoire où Caligula meurt après avoir fait mourir, vengeant ainsi sa victime, en toute justice immanente. Mais le terrain deviendrait polémique, voire miné - passez-nous cet anachronisme ici, vu le passé de Néron: Tacite, dans ses Annales, nous le montre tramant l'assassinat de sa mère, certes sur un lac, mais par le truchement d'un bateau dûment saboté - et Sénèque de poursuivre naturellement sur le lieu commun - bien connu des romains qui n'apprécient rien tant que de transformer la mer en terre (cf. l'invention des corbeaux lors des guerres puniques) et pour qui la mer reste source d'inquiétude - de la tempête en mer.

Nous retrouvons dans cette lettre, des thèmes déjà développés antérieurement: il s'agit d'imprégner, par la répétition, l'âme du destinataire: DIUTIUS renvoie ainsi à la gestion efficace du temps qu'il convient de mettre en place, si l'on en croit la lettre 1. En début de lettre 2, Sénèque écrivait: PRIMUM ARGUMENTUM COMPOSITAE MENTIS POSSE CONSISTERE ET SECUM MORARI; apparemment, Lucilius a atteint cet objectif puisqu'il est question pour lui, au début de la lettre 4, FRUI ANIMO COMPOSITO, au PERFECTUM pertinent. La fin de la lettre 3 (5), comme prônant le juste milieu, préfigure déjà l'appel à jouir d'une âme équilibrée: la lettre 3 renvoyait à ce propos dos-à-dos les extrêmes, Sénèque nous propose ici, malgré le sérieux du sujet: comment échapper à l'angoisse de la mort, la solution médiane, humaine et équilibrée, nous n'osons écrire: l'AUREA MEDIOCITAS chère à Horace. Ces effets d'échos avec les lettres précédentes ne vont pas sans effet sur la suite, comme en une sorte de vibration esthétique ainsi qu'intellectuelle EMENDATO sera repris plus loin (6, 1) par EMENDARI.

2) Dans cette lettre, Sénèque entend suivre la démarche sans apprêt, naturelle, de la conversation:

une lettre: avec son en-tête attendue: SENECA LUCILIO SUO (marque d'affection) SALUTEM DAT, et la formule d'adieu, le salut final: VALE; mais cet encadrement ne suffit pas: il lui faut aussi, comme pour faciliter la séparation, la référence littéraire, la pensée du jour, pour permettre à cette lettre de continuer son chemin dans la pensée de son destinataire; certes, cela fait partie des critères formels des lettres à Lucilius, mais y participent aussi, et essentiellement, l'utilisation des personnes: le locuteur s'exprime comme attendu, à la première personne du singulier, voire à celle du pluriel, lorsqu'il se veut plus solennel ou qu'il aborde des notions générales que les stoïciens partagent. Le destinataire est interpellé à la deuxième pers. du sg, et les conseils sont vigoureux, instants, avec l'impératif. Tout ceci donne l'impression d'un dialogue vivant, même si nous devons rester conscient de la part de l'artifice littéraire, et ne va pas sans évoquer une causerie entre amis...

avec l'apparence de la simplicité: aussi les phrases rebondissent-elles d'un mot à l'autre: POTES amène à POSSIS, EMENDATO, COMPOSITO sont repris par EMENDAS, COMPONIS qui remettent par l'actif le disciple en face de ses propres responsabilités; de même FRUI est repris: FRUERIS, avec son verbe au début, fidèle à la vivacité du contact direct. Et si cela est trop intellectuel, si la contemplation de l'esprit pur semble manquer de consistance et d'écho dans le réel, Sénèque sait se fonder sur des exemples tangibles, concrets: UTIQUE en 2 le précise, en évoquant la prise de la toge virile, donc, pour reprendre le jargon moderne, le vécu de son interlocuteur qui ne peut manquer de se sentir concerné. Au reste, les mots ronflants (EMENDATO ANIMO), voire impressionnants (CONTEMPLATIONE MENTIS AB OMNI LABE PURAE ET SPLENDIDAE, PHILOSOPHIA) n'empêchent pas les clins d’œil: nous ne pouvons croire au rapprochement fortuit de PUERILITAS à côté du terme GRAVIUS, qui renvoie à la qualité, profondément stoïcienne et romaine, de la GRAVITAS. Idem, nous l'avons évoqué plus haut, pour l'écho du préfixe PER dans l'expression MORS NON PERVENIAT. AUCTORITAS SENUM est immédiatement contrebalancé par le pl. concret VITIA PUERORUM, avec un rapprochement entre SENUM et PUERORUM par le parallélisme qui induit en SENUM l'idée de sénilité...

Cette métaphore de l'enfance est rien moins qu'originale, car nous trouvons là pléthore de LOCI COMMUNES, qui font partie du fond commun des écrivains... par ex. , Cicéron, dans son livre II des Tusculanes concernant la douleur et sa maîtrise, évoque les enfants (XV, 35) spartiates, réputés pour leur courage. Ici, Sénèque reprend l'exemple de l'enfance, à rebrousse-poil par rapport à Cicéron: l'important n'est pas l'originalité, mais un traitement personnel de ce que tous ont en commun. Les grands exemples: OBSERVENTUR SPECIES HONESTAE ANIMO. ZENO PROPONATUR etc. (52, in Tusculanes, II) jouent, chez Cicéron comme chez Sénèque, le même rôle persuasif. Ceci se retrouve au niveau des idées: ainsi, celle de la non-coïncidence entre la mort et la vie en fin de 3 semble reprendre les mêmes Tusculanes en XIX, 44 où Cicéron critique Epicure dans un passage concernant la mort et la douleur: SI SUMMUS DOLOR EST, INQUIT, NECESSE EST BREVEM ESSE. En fait, nous avons parfois l'impression que Sénèque a les célèbres Tusculanes en tête - un autre chant du cygne, dans les mêmes circonstances psychologiques, MUTATIS MUTANDIS - et là où son prédécesseur citait écrivains (tragédies, épopées, etc.) et philosophes, Sénèque se veut moins abstrait (d'où aussi ses pirouettes d'une subtile coquetterie avec leur clin d’œil - parfois bien appuyé - en fin de lettre quand il s'agit de citations alors que ce qui les précède se voulait marqué au sceau de l'expérience et non de la culture livresque); il entend nous faire toucher du doigt la réalité: ses exemples sont parfois à la limite du trivial, mais renvoient vraiment chacun à sa propre expérience personnelle: ce qui est évoqué n'a rien qui nous soit étranger, pour paraphraser la phrase bien connue de Térence. Comme chez ce dernier, nous retrouvons le sens de la formule chère à Sénèque, la recherche de la formule concise, frappante, éclairante, donc convaincante: PUERILITAS (capacité mentale) REMANET, comme annoncée par l'accusateur QUOD EST GRAVIUS en apposition, et amené par PUERITIA qui évoque l'âge physique, avec le surenchérissement: PEJOR EST en légère anacoluthe (ou syllepse ici): on attendrait PEJUS. Sénèque manie comme à plaisir, et en le soulignant, le paradoxe: MINUS TIMENDA... MULTUM METUS, et il continue en une principale nominale, assourdie par ses nasales multiples, et l'absence de sourdes, en opposition avec la relative qui suit: NULLUM MAGNUM MALUM (initiales identiques), QUOD EXTREM(UM) EST - très ramassé. En asyndète, un exemple imposé, au présent, sans fard: MORS AD TE VENIT. Ensuite, en une concision d'une évidence aveuglante:, souligné par les sifflantes, les 4 E, puis les deux homéotéleutes: NECESSE (longue, donc non amui) EST AUT NON PERVENIAT AUT TRANSEAT où l'ensemble est d'ailleurs si concentré que l'édition Budé dans la traduction faite par H. Noblot présente une phrase..

Tu peux continuer ce type d'étude sur le reste de la lettre, voire sur les autres lettres!

=> Sénèque recherche donc en permanence la formule qui fait choc et qui est presque un tic chez lui qui, sans faire toc, prétend faire... toc-toc, comme pour nous pousser à ouvrir notre porte à ses propos.

Ces manipulations verbales qui pourraient sembler formelles ne doivent pas faire oublier les résonances quasi affectives, où l'âme de Sénèque cherche à mettre en résonance la nôtre, avec le jeu subtil des voyelles, comme par ex.: ALIA TAMEN ILLA VOLUPTAS EST QUAE PERCIPITUR EX CONTEMPLATIONE MENTIS AB OMNI LABE PURAE ET SPLENDIDAE (avec le rapprochement en oxymore de LABE PURAE); il frôle même le sentimentalisme quand il évoque la dépose de la toge prétexte (PRAETEXTA POSITA) et la prise de la VIRILEM TOGAM: QUANTUM SENSERIS GAUDIUM: ce souvenir du passage de l'enfance (comme le rappelle la charge critique qui suit) à l'âge adulte est touchant et presque tragique, vu l'âge du destinataire, et il ne faut pas être surpris du changement brutal de ton, avec l'insulte qui fuse: PUERILITAS, après le faux déni: NON PUERITIA: il s'agit pour Sénèque de grossir le trait, comme pour compenser la faiblesse affective précédente. Il aime les contrastes forcés (AUCTORITATEM SENUM... VITIA PUERORUM), affiler le tranchant de ses phrases, comme en haletant: ET... QUIDEM NEC TANTUM... SED avec les voyelles [U] fermées d'un grand nombre de mots... en terminant par un déversement collectif: chacun est servi: NOS UTRAQUE en une finale ramassée... Le reste est à l'avenant: à toi de continuer...

Tout ceci ne va pas sans un raffinement, parfois artificiel pour notre goût (haro sur Luchini!), dans l'élocution:- structures ternaires: la série SENUM, PUERORUM, INFANTUM; ILLI LEVIA, HI FALSA FORMIDANT, NOS UTRAQUE en 2, ALIUS en 4; plus loin (6): NON ESURIRE, NON SITIRE, NON ALGERE, avec l'anaphore de NON... etc.- binaires: ETIAM DUM EMENDAS, ETIAM DUM COMPONIS avec son anaphore, PURAE ET SPLENDIDAE en 1; par ex. le jeu entre ANTE FORES et E TECTO en 4. Plusloin (6): NON ES NECESSE répété, PARABILE ET ADPOSITUM... etc.- parallélismes: VIRILEM TOGAM... PUERILEM (même suffixe adjectival) ANIMUM en 2, NE... AUDIRET, NE REDUCERETUR, MAGNA BONA MULTOS CONSULES en 4- harmonies et homéotéleutes déjà rencontrés.- allitérations: QUID AD TE ITAQUE QUAM POTENS SIT QUEM TIMES (dentales, gutturales et sifflantes)- balancements: AUT APERTA VI AUT...- liens logiques exprimés: relevé à faire ici- ou sous-entendus (cf. les asyndètes).Ce qui nous amène tout naturellement à étudier la cohérence subtile de la démarche: ici, étude du plan pour les amateurs, avec l'étude du renforcement des articulations logiques.

3) Cet ensemble s'inscrit dans la réalité du temps:

Nous avons cité Zénon: n'oublions pas que le stoïcisme est d'origine grecque. A lire Sénèque, nous ne pouvons que constater que cette philosophie s'est complètement acclimatée - au rebours de l'épicurisme qui a dû se mâtiner d’hédonisme pour être pratiqué, compte non tenu de la déviance manifeste, et choquante pour les traditionalistes dès Auguste, cf. les satires d'Horace, que constituent les pourceaux d'Epicure avec leurs orgies (qui n'étaient d'ailleurs pas quotidiennes: personne n'y aurait résisté!).

Sénèque prône ici l'une des qualités morales les plus prisées à Rome (avec prudence, toutefois: NIHIL NIMIUM? vu la répression politique opérée par les sbires des Claudiens): la constance (PER-SEVERA, d'emblée, comme pour nous y encourager, cf. les DUM, le DIUTIUS); c'est aussi le titre d'une des œuvres philosophiques de Sénèque: DE CONSTANTIA SAPIENTIS. La VOLUPTAS est celle du devoir accompli, du but atteint, ce dont doit se gargariser, par delà ses efforts, tout romain digne de ce nom. Ainsi Sénèque récupère cette sensation au bénéfice de sa philosophie, avec un pragmatisme proprement romain (qui créent peu mais adaptent à leur convenance les découvertes des autres civilisations, d'où leur durée) et dans le droit fil ici de l'éclectisme cher à Cicéron...

Notons que, si, dans le PERSEVERA du début (1) semble se cacher aussi, en figure étymologique, une autre qualité: SEVERITAS, c'est un trait d'humour: le GAUDIUM qui suit annonce l'avers plus souriant (2) de la SEVERITAS, si l'on peut dire: l'AUCTORITAS (rappelons qu'Octave se fait nommer AUGUSTUS - pourvu d'une augmentation religieuse en -27; c'est dire l'aura, le prestige de cette dernière notion). Faut-il penser aussi que, par un renversement inattendu des valeurs, cette SEVERITAS cachée (qui pourrait dévier en une INHUMANITAS) se trouve inversée en une ridicule PUERILITAS? La philosophie elle-même participe à l'idéal romain d'être un homme: IN VIROS en 2. Sénèque partage ensuite le mépris de ses contemporains pour les enfants (IN-FA-NS, qui ne parle pas encore, mais qui n'a pas droit à la parole: l'éducation consiste à le faire sortir de son état de sauvagerie, cf. les méthodes romaines d'éducation, brutales, avec les châtiments corporels, moins poussés que les spartiates certes, mais en partant du même principe: on forme par la contrainte, à la DISCIPLINA et au respect de l'autorité, sans discussion ni marchandage possible... ceci n'a rien d'étonnant? j'évoquerai ici les paroles du Christ, à la même époque, concernant les petits!). Sénèque, comme Cicéron dans les Tusculanes, II, à propos de la douleur, joue sur le sens de la DIGNITAS, nous dirions de l'honneur, en mentionnant tout ce qu'il y a de plus insultant, en creux, comme pour l'évoquer par l'absence: PUERILITAS, PEJOR, VITIA, LEVIA, FALSA FORMIDARE: ainsi, le socle de la réflexion de Sénèque, les rouages psychiques sur lesquels il entend jouer sont bien romains. La suite est un écho à peine voilé de Lucrèce (cf. DE RERUM NATURA, III; au reste le passage précédent sur les erreurs de l'imagination, attribuées aux seuls enfants, n'est pas sans rappeler la charge du même Lucrèce, IV, contre les erreurs de nos sens) et fait partie de la batterie des arguments classiques pour lutter contre l'angoisse de la mort, comme l'atteste l’alternative qui ferme le 3; Epicure l'avait déjà construite dans sa lettre à Ménécée, 125; Sénèque la reprendra en 24, 14, puis en 63, 3, en 78, 7. En fait, le jeu intellectuel est le même chez les épicuriens et chez Sénèque: seule la raison (INTELLEGES) peut nous tirer d'affaire, cf. toujours Lucrèce, II, 44-46, 48,53)

Après une série d'encouragements vifs, une référence commune à tout citoyen (l'abandon de la toge prétexte, en se dépouillant de sa marque, de son habit - symbole de sa situation dans la société - à l'instar des philosophes cyniques - sans les suivre ensuite, puisque notre impétrant revêt la toge virile!), le rappel à la dignité que l'on se doit à soi-même pour être un homme digne de ce nom, Sénèque aborde une série d'exemples qui prouvent que ce que peut un homme sous l'emprise des passions (celle de l'amour, du silence - sic! le rapprochement avec ce qui précède laisse rêveur sur l'estime dans laquelle Sénèque tient les amoureux -, de la liberté: la série se clôt sur une tragédie réelle) est accessible a fortiori au sage éclairé par la raison, ou, pour être plus précis, à l'homme courageux ici: VIRTUTEM (comme Cicéron dans les Tusculanes, Sénèque ne semble pas différencier les deux)... Nous retrouvons Lucrèce avec l'image de la vie qui nous entraîne vers la mort telle un torrent. Sénèque continue en jouant sur notre sens de l'honneur (MISERI, 6 - ADHORTARE comme un général ses troupes avant l'assaut) sans oublier notre intérêt bien compris: AEQUO ANIMO, JUCUNDAM VITAM OMNEM, car le résultat semble garanti, sans laisser aucune faille: c'est dans ce mélange que nous retrouvons l'âme romaine, avec son idéal, certes, mais aussi son pragmatisme bien compris... c'est aussi ce qui nous la rend d'une proximité si gênante, comme celle d'un travers intime; oserions-nous l'expression: idéalisme intéressé, dont nos amis américains sont coutumiers, comme si ces deux impérialismes (romain et américain), une fois sublimés, présentaient malgré tout la même paille dans leur métal inoxydable, le même défaut secret? Ce renvoi à la réalité romaine, ces références implicites à Lucrèce rendent le texte palpable, tout comme son évocation du fonctionnement réel de la politique à Rome: soit le règlement se fait au tribunal (cf. Cicéron qui élimine ainsi ses opposants ou l'est lui-même à son tour!), soit par la violence, ne l'oublions jamais: les bandes armées, les exécuteurs des basses œuvres au service des empereurs, les trop fréquents rappels au respect de la loi. Ainsi, après avoir vu que le texte semble curieusement prémonitoire, si, dans ce dialogue épistolaire, nous échangeons les deux partenaires: MORS AD TE VENIT (pardonnez cette parenthèse: n'est-ce point là la preuve de l'existence de la Providence, aux décrets de laquelle tout stoïcien se plie, sans réticence aucune et en toute confiance...), nous voyons fonctionner les grands de ce monde (POTENTISSIMIS - eux dont Sénèque, par sa retraite, ne veut plus faire partie!): Pompée, après sa défaite à Pharsale devant les légions, moins nombreuses mais aguerries, de César, allait débarquer en Egypte lorsque Achillas lui trancha la tête, sur l'ordre de l'eunuque Pothinos et du précepteur du jeune roi Ptolémée XII, Theodotos, en septembre - 48. Crassus, membre du premier triumvirat, mourut à Carrhae, avec son plus jeune fils, d'une ingestion d'or fondu: les Parthes s'étaient ainsi vengés de sa cupidité. Lépide fut un ancien mignon de Caligula, lui-même fut éliminé par un tribun d'une cohorte prétorienne, qui se vengea ainsi de l'humiliation de mots d'ordre donné par Caligula: VENUS, PRIAPUS, épisode déjà évoqué par Sénèque dans son DE CONSTANTIA SAPIENTIS, 18, 3. Notons qu'au-delà de cette raison ponctuelle, Caligula avait déjà subi plusieurs complots, car il s'était mis à dos, par ses exactions et son comportement (nommer par ex. son cheval consul) le Sénat (il va sans dire que tous les éléments précis donnés ici ne sont pas attendus IN EXTENSO par la/le correctrice/teur au bac.) Les exemples continuent, plus généraux: LATRONEM, HOSTEM, HOSTIUM qui ferme la série, en passant par le SERVUS, devenu, par le mépris de sa propre vie, un DOMINUS. L'angoisse de la mort ayant été ainsi évacué, Sénèque aborde une autre raison d'être malheureux: la crainte du manque. Il la règle en conseillant de se satisfaire de ce que l'on a, en repoussant tout ce que cherche le romain, par AMBITIO, en prenant des risques certains: le pouvoir politique (TOGAM), avec sa courtisanerie: ADSIDERE LIMINIBUS SUPERBIS, ce qui est le rôle du CLIENS, l'armée: SEQUI CASTRA, SENESCERE SUB TENTORIO, les voyages, en fait pour faire du commerce - ce qui est l'apanage des Chevaliers: MARIA TEMPTARE, IN ALIENA LITORA IMPINGUNT. La cheville utilisée pour relier tout ceci à ce qui précède: SED UT FINEM EPISTULAE INPONAM est renforcée par la reprise des 3 dangers déjà évoqué: au LATRONEM correspond le voyage, aux HOSTEM/HOSTIUM l'armée, au SERVUS correspondrait la vie publique, d'où le développement qui le concerne, car seul, l'investissement dans la vie politique concerne Sénèque: il n'a pas eu de responsabilité militaires et son exil en Corse a été dû justement à des démêles politiques (exil à la demande de Messaline, le femme de Claude, en 41) et retour en 49 grâce à Agrippine, la mère de Néron. Et sans vouloir paraître mesquin, ajoutons que Sénèque avait une fortune s'élevant à 300 Millions de sesterces, une des grosses fortunes de Rome, ce qui n'est pas peu pour un provincial (né à Cordoue) de rang équestre... Comme quoi la philosophie bien comprise peut mener loin... jusqu'à la mort en fait, des suites de la conjuration de Pison!

4) Nous sommes aussi sensible à cette leçon de philosophie pratique (cet aspect sent son 2001, avec ses cafés philosophiques) où Sénèque entend nous faire partager le... plaisir? Non, le bonheur - d'essence religieuse? -, d'être un philosophe stoïcien, dans le cadre d'une vie tranquille libérée des angoisses de la mort et du manque, bel exemple d'une alliance ici possible entre Zénon et Epicure (paradoxalement, la crainte des Dieux, la seconde cause d'angoisse après la mort d'après Lucrèce, n'est pas évoquée ici; c'est que Sénèque est loin de partager le paganisme au ras du sol de ses contemporains - sans pour autant sombrer dans les cultes orientaux d'Isis et de Mithra).

Cette lettre fonctionne comme un petit vademecum de l'apprenti philosophe: la CAPTATIO BENEVOLENTIAE est évidente au début: on n'attrape pas les mouches avec du vinaigre et Sénèque entend bien faire oublier le côté sérieux, rébarbatif du stoïcisme - Voltaire dirait: métaphysique (acceptation de la Providence, d'où GRAVITAS et mépris de ce qui ne dépend pas de soi, en fait, les conditions extérieures subies qui doivent être acceptées); aussi accumule-t-il à l'envi les termes évoquant la jouissance (FRUI, FRUERIS en polyptote, VOLUPTAS, GAUDIUM): si philosopher, c'est apprendre à mourir - pour Sénèque, c'est plutôt accepter son statut de mourant, car vivant -, ce n'est pas une raison pour accélèrer le mouvement: DIUTIUS, ni oublier le plaisir réel à se sentir abstrait des contingences matérielles: PURAE AB OMNI LABE, d'être équilibré, bien structuré, nous dirions actuellement bien dans son EGO: ANIMO EMENDATO (ceci n'est pas allé sans sacrifice) ET COMPOSITO. Nous assistons à une sorte d'épiphanie du sage (SPLENDIDAE), en une quasi extase religieuse (CONTEMPLATIONE), et nous comprenons mieux le succès de Sénèque auprès des chrétiens. L'utilisation du présent de l'indicatif, conforté par les impératifs, participe à cette effusion de bonheur. Et nous ne sommes pas surpris de voir Sénèque rebondir sur LE souvenir de tout jeune homme: son accession au monde des adultes, encore une révélation, puisqu'ici, c'est le côté religieux qui nous frappe. Pour paraphraser l'Evangile, il s'agit de quitter le vieil homme, notre ancienne peau, pour s'assumer (SUMPSISTI) et accéder à la Parole: IN FORUM... Il y a bien une conversion, qui semble s'opérer sans mal; son moteur est l'espérance (aussi l'une des trois vertus théologales): EXPECTA GAUDIUM MAJUS Nous le voyons bien, nous ne pouvons pas ne pas donner à ce passage toute son aura religieuse... ce que vient confirmer la suite: DEPOSUERIS ANIMUM PUERILEM. Oui, la philosophie permet une transformation totale, un changement qualitatif, une mutation d'état: TRANS-SCRIPSERIT.

Nous sommes face à une leçon de philosophie pratique...

                                                                                                         HS

P.S.: Le pensum a donc continué, certes, mais singulièrement allégé par la participation d'autres collègues qui ont accepté de prendre leur part de ce fardeau : ils ont droit à la plus grande reconnaissance de tous : ainsi, chaque INTERNAUTA percevra plus de deux battants de cloche [sans que je veuille enfoncer le... marteau ?]. Au fait, n'oublie pas, lecteur bénévole, d'envoyer ton don gracieux, auquel tu es, n'en doute point, en bon stoïcien, moralement tenu, à notre association, FAI.

Et je censure ici les malédictions dont je couvrais avant l'administration dont je relève: je plie devant les puissances d'Etat... Tout en gardant à leur encontre ma condamnation intérieure...




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