introduction type bac:

ATTENTION: réappropriez-vous la! En effet, comme ce texte est sur le WEB, il risque d'être dégorgé partout, au point de faire dégurgiter la/le correctrice/teur qui le subirait pour la nième fois. Vous en sortiriez CANDIDATUS... sur le visage!

Le texte que nous allons lire est un passage d'une des 124 Lettres à Lucilius, écrites par Sénèque au jour le jour, pour la partie qui en subsiste, entre l'été ou l'automne 63 et l'automne 64, donc après la retraite de l'auteur de la scène politique en 62, alors qu'il était âgé de 66 ans.

[rappel: notice biographique de LUCIUS ANNAEUS SENECA: né vers 4 av. J.-C. à Cordoue, son père étant l'auteur des CONTROVERSIAE, un cahier de devoirs de rhétorique. Après une formation classique à l'époque pour ceux qui aspirent au pouvoir - rhétorique, puis philosophie, avec ATTALUS, stoïcien, FABIANUS et SOTION, pythagoriciens), des succès au barreau, et un poste de questeur, il est riche, membre du sénat; sont-ce ses succès mondains qui éveillent contre lui le ressentiment de Messaline, femme de Claude? Il est exilé en Corse (sic!) pendant 8 ans (41 - 49); Agrippine obtient sa grâce et lui confie l'éducation de Néron pour la partie intellectuelle, Burrus se chargeant de la formation physico-militaire. Son élève, devenu empereur, le nomme consul en 57; cet état de grâce dure 5 ans, puis les affranchis de Néron, assouvissant les passions du prince, prennent la place de l'intellectuel; Sénèque quitte la cour en 62 et revient à une vie ascétique plus conforme au stoïcisme. Impliqué par Néron dans la conjuration de Pison, il se donne la mort, après avoir reçu l'ordre de mourir de son ancien élève (ne fantasmez pas, cher(e) candidat(e)!), en s'ouvrant les veines - ici, image gore? cf. les tableaux inspirés par cette scène à Giodano, Rubens, Vignon et Delacroix! Nous retrouvons là la tradition du suicide stoïcien, évoqué aussi par Pétrone, dans son Satiricon, et Fellini dans son film, le seul moment de pureté dans cette oeuvre!]Elles sont en correspondance avec celles envoyées par Lucilius junior qui naquit peu après l'ère chrétienne, son mentor étant de peu son aîné. Ces lettres de direction stoïcienne furent divisées en livres par l'auteur lui-même, en suivant de fait l'ordre chronologique; elles se présentent sous forme de diatribe ou causerie de professeur à catéchumène ou disciple, avec des effets rhétoriques avérés: c'est qu'il s'agit d'amener de l'épicurisme au stoïcisme ce chevalier, procurateur de Sicile (cf. PROCURATIUNCULA). La DISPOSITIO (plan), pour reprendre la terminologie cicéronienne, n'est pas toujours conforme - mais le genre épistolaire permet cette liberté dont Sénèque a parfois abusé - à une rigueur logique qui n'est pas l'apanage de notre philosophe: dans les 3 premiers livres, la majorité des lettres dévient à la fin vers quelque pensée cueillie - cf. anthologie ou florilège! - au cours de récentes lectures et offertes à la sagacité du destinataire, pensée souvent épicurienne, étrangère au sujet du jour, mais pour nourrir la réflexion: en ce sens, Sénèque est un philosophe éclectique, il fait flèche de tout bois. Est-ce pour monter qu'il se soucie plus de L'INVENTIO que nous trouvons cette rupture dans la PERORATIO...

Quant à l'ELOCUTIO? Passons à la lecture pour mieux l'apprécier, avec certes son style parlé, son excès de préciosité, ses répétitions trop frappées, voire son mauvais goût (ouh!), mais tout cela contrebalancé, heureusement, par une langue entrainante, savoureuse, spontanée, des métaphores pertinentes et bien menées, des antithèses pénétrantes, ce afin d'emporter la conviction (ce paragraphe pour justifier par avance un plan de commentaire où la séparation entre la forme et le fond s'avèrerait trop évidente. Sois, toi aussi, un fin rhéteur, «- Hypocrite lecteur, - mon semblable, - mon frère!» Merci, Baudelaire.)