d'Hubert Steiner... 

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Iam solitos poscunt cursus populusque paterque, 
cum me sollicita proles Neptunia voce 
invocat Hippomenes 'Cytherea,' que 'conprecor, ausis              640
adsit' ait 'nostris et quos dedit, adjuvet ignes.' 
Detulit aura preces ad me non invida blandas: 
motaque sum, fateor, nec opis mora longa dabatur. 
est ager, indigenae Tamasenum nomine dicunt, 
telluris Cypriae pars optima, quem mihi prisci                             645
sacravere senes templisque accedere dotem 
hanc jussere meis; medio nitet arbor in arvo, 
fulva comas, fulvo ramis crepitantibus auro: 
hinc tria forte mea veniens decerpta ferebam 
aurea poma manu nullique videnda nisi ipsi                                  650
Hippomenen adii docuique, quis usus in illis. 
Signa tubae dederant, cum carcere pronus uterque 
emicat et summam celeri pede libat harenam: 
posse putes illos sicco freta radere passu 
et segetis canae stantes percurrere aristas.                                   655
Adiciunt animos juveni clamorque favorque 
verbaque dicentum 'nunc, nunc incumbere tempus! 
Hippomene, propera! nunc viribus utere totis! 
pelle moram: vinces!' dubium, Megareius heros 
gaudeat an virgo magis his Schoeneia dictis.                                  660
O quotiens, cum jam posset transire, morata est 
spectatosque diu vultus invita reliquit! 
Aridus e lasso veniebat anhelitus ore, 
metaque erat longe: tum denique de tribus unum 
fetibus arboreis proles Neptunia misit.                                           665
Obstipuit virgo nitidique cupidine pomi 
declinat cursus aurumque volubile tollit; 
praeterit Hippomenes: resonant spectacula plausu. 
Illa moram celeri cessataque tempora cursu 
corrigit atque iterum juvenem post terga relinquit:                            670
et rursus pomi jactu remorata secundi 
consequitur transitque virum. Pars ultima cursus 
restabat; 'nunc' inquit 'ades, dea muneris auctor!' 
inque latus campi, quo tardius illa rediret, 
jecit ab obliquo nitidum juvenaliter aurum.                                        675
An peteret, virgo visa est dubitare: coegi 
tollere et adjeci sublato pondera malo 
inpediique oneris pariter gravitate moraque, 
neve meus sermo cursu sit tardior ipso, 
praeterita est virgo: duxit sua praemia victor.                                     680

traduction universitaire

Mais déjà le peuple et le père d'Atalante demandent par leurs cris que la course commence. Alors le petit-fils de Neptune m'invoque, et m'adresse cette prière : "Ô Cythérée, soutiens mon courage, préside à mon entreprise, et protège des feux que tu viens d'allumer". Les Zéphyrs favorables m'apportent ses vœux; je vois et je plains ses dangers. Mais les secours étaient pressants : un moment pouvait perdre Hippomène. "Il est à Chypre, dans le vallon le plus fertile, un champ que les habitants de l'île ont appelé champ de Tamasus, et que leurs ancêtres m'ont consacré en l'ajoutant aux terres qui dotent mes autels. Au milieu de ce champ s'élève un arbre dont les bruyants rameaux agitent des feuilles et des pommes d'or. J'avais, sans dessein, cueilli trois de ces pommes; je les tenais encore : invisible pour tout le monde, excepté pour Hippomène, je l'aborde, je lui remets ces fruits, et de ce don je lui prescris l'usage. Les trompettes avaient donné le signal. Hippomène et Atalante s'élancent de la barrière. Une égale ardeur les anime; leurs pieds légers volent sur l'arène et l'effleurent sans la toucher. On dirait qu'ils pourraient courir à pied sec sur la profonde mer, ou sur les moissons de Cérès, sans courber les épis. Les spectateurs applaudissent; ils excitent Hippomène; ils s'écrient : "Courage, jeune étranger ! presse tes pas, sers-toi de toutes tes forces; hâte ta course, et tu vaincras". Peut-être en ce moment, Atalante n'est-elle pas moins flattée de cette faveur publique que le héros qui en est l'objet. Ah ! combien de fois, trop légère, et redoutant de vaincre, elle retarda son élan trop rapide ! combien de fois tournant la tête pour voir l'étranger, elle reprit à regret sa course vers le but fatal !Déjà de fatigue accablé, le fils de Mégarée ne tirait plus qu'une haleine pénible de sa bouche desséchée. Il se voyait encore bien loin du terme de la lice. Alors il lance dans l'arène une des pommes d'or. Atalante s'étonne, admire, saisit l'or qui roule. Hippomène la devance, les spectateurs applaudissent, et leurs cris remplissent les airs. Mais, reprenant sa course rapide, Atalante répare le temps qu'elle a perdu :Hippomène est derrière elle. Il jette un second fruit; elle y court, le ramasse, revole, et le fils de Mégarée est encore devancé. Déjà le but n'était plus éloigné : "Maintenant,, s'écrie Hippomène en s'adressant à moi, déesse, qui m'as fait ces dons, sois-moi favorable". Il dit, et lance obliquement et au loin son dernier fruit dans la carrière. Atalante, incertaine, paraît hésiter; j'excite son désir; elle se détourne, elle court après le fruit roulant, et le saisit; je le rends plus pesant dans ses mains. Retardée par ce poids et par le détour qu'elle a fait, Atalante est vaincue; et, pour ne pas rendre ce récit plus long que la course, Hippomène triomphe. Atalante est sa conquête et son épouse.

traduction par groupe de mots

JAM POPULUSQUE PATERQUE (avec syndèse) Déjà le peuple et (le, sg collectif ici, équivalent donc à un PATRES, terme désignant les sénateurs, de l'ordre patricien) les sénateurs (par ethnocentrisme romain) POSCUNT CURSOS SOLITOS réclament les courses habituelles, CUM PROLES NEPTUNIA HIPPOMENES lorsque la descendance neptunienne, Hippomène, ME INVOCAT VOCE SOLLICITA m'appelle avec une voix inquiète ET AIT et dit: CYTHEREIA, COMPRECOR, ADSIT que la Cythéréenne, je l'en prie (déponent, style parataxique, sans que le UT soit nécessaire) porte aide NOSTRIS AUSIS à nos +actes+ osés (participe passé passif de ce semi-déponent, donc adjectif ici substantivé) ET ADJUVET IGNES et qu'elle porte assistance à des feux QUOS DEDIT qu'Atalalante (d'après DSF) a (donnés) allumés. AURA NON INVIDA La brise non envieuse AD ME DETULIT m'apporta BLANDAS PRECES ces douces prières ; QUE MOTA SUM, FATEOR et je fus émue, je l'avoue; NEC MORA OPIS NON DABATUR LONGA et (le délai de l'aide n'était pas donné long +à moi+) je n'avais guère de temps. EST AGER il existe un champ, INDIGENAE DICUNT NOMINE (AGRUM) TAMASENUM les habitants (+l'+appellent de nom) le nomment (champ de, s.e.) Tamasus (TAMASEUM dans le Gaffiot), OPTIMA PARS TELLURIS CYPRIAE la meilleure partie de la terre Chyprienne QUAM SENES PRISCI que les vieillards de l'ancien temps MIHI SACRAVERE (archaïque pour -RUNT) m'ont consacré QUE IUSSERE ACCEDERE et qu'ils ont ordonné d'ajouter HANC DOTEM MEIS TEMPLIS comme dotation mienne (HANC) à mes temples (au départ, espace découpé dans le ciel pas le bâton augural et projeté au sol; le temple lui-même est celui où parle le dieu, le FANUM). ARBOR NITET Un arbre brille IN MEDIO ARVO dans le milieu de +cette+ propriété, FULVA COMAM fauve quant à sa frondaison, RAMIS AURO FULVO CREPITANTIBUS, ses branches d'or fauve crépitant. VENIENS FORTE HINC Venant d'aventure de cet endroit FEREBAM MEA MANU je portais (avec) dans ma main TRIA POMA AUREA trois pommes d'or DECERPTA (MEA MANU) cueillies de ma propre main (cette dernière expression fonctionnant en facteur commun avec les deux verbes). QUE VIDENDA NULLI et visible pour personne NISI IPSI sinon pour lui-même, ADII HIPPOMENEN j'accostai Hippomène QUE DOCUI QUIS USUS (ESSET) IN ILLIS et +lui+ montrai (quel usage était à elles) à quoi elles servaient. TUBAE DEDERANT SIGNA les trompettes avaient donné le signal, CUM UTERQUE PRONUS lorsque l'un et l'autre, penchés en avant, EMICAT CARCERE jaillissent de la (prison) barrière ET LIBAT SUMMAM ARENAM et (fait une libation aux dieux en laissant tomber une goutte à terre, donc goûter à, sans abuser) effleurent la surface du sable PEDE CELERI d'un pied rapide. PUTES ILLOS POSSE (Tu penserais que ceux-ci peuvent) Ils pourraient même RADERE FRETA PASSU SICCO raser les flots d'un pied sec ET PERCURRERE ARISTAS STANTES et parcourir les épis (se dressant) drus CANAE SEGETIS d'une blanche moisson (la balle est ici blanchie par le soleil, donc le grain est mûr est mûr). CLAMORQUE FAVORQUE (avec syndèse, et endyadyn: Le cri et l'encouragement) Les cris d'encouragement ADICIUNT ANIMOS JUVENI (ajoutent des souffles) insuffle du courage au jeune homme VERBAQUE DICENTUM ainsi que les mots de ceux qui disent: NUNC, NUNC TEMPUS INCUMBERE voilà, voilà le moment +de+ forcer (avec un jeu de mots: INCUMBERE veut dire aussi: s'appuyer sur... un lit pour s'y coucher, ce qui sera le cas si Hippomène gagne); HIPPOMENE, PROPERA Hippomène, hâte-toi; NUNC UTERE TOTIS VIRIBUS maintenant sers-toi de toutes tes forces. PELLE MORAM, VINCES Chasse +tout+ retard, tu vaincras. +EST+ DUBIUM +UTRUM+ HEROS MEGAREIUS Il est douteux si +c'est+ le héros, fils de Mégarée, GAUDEAT MAGIS +qui+ se réjouit plus HIS DICTIS à de tels propos AN VIRGO SCHOENEIA ou la jeune fille, enfant de Schénée. O QUOTIENS, CUM POSSET ô combien de fois, alors qu'elle pouvait IAM TRANSIRE déjà +le+ dépasser (aller au-delà) MORATA EST s'est-elle attardée QUE RELIQUIT INVITA et a-t-elle quitté malgré elle VULTUS DIU SPECTATOS ses traits longtemps contemplés. ANHELITUS ARIDUS VENIEBAT Un essoufflement sec venait E ORE LASSO de sa bouche fatiguée QUE META ERAT LONGE et la borne était (loin) éloignée. TUM DENIQUE PROLES NEPTUNIA Alors enfin le descendant neptunien MISIT UNUM envoya un DE TRIBUS FETIBUS ARBOREIS de trois fruits (arboréens) de l'arbre= une des 3 pommes. VIRGO OBSTIPUIT La jeune fille fut surprise (OBSTUPESCO) QUE DECLINAT CURSUS (et) quitte (les) la course (cf. le DECLINAMEN des atomes, cher à Lucrèce: un petit pas de côté suffit...) CUPIDINE POMI NITIDI sous le désir de la pomme brillante, QUE TOLLIT AURUM VOLUBILE et enlève l'or (par synecdoque: la partie pour le tout, ici, la matière pour l'objet) qui roule. HIPPOMENES PRAETERIT Hippomène passe devant. SPECTACULA RESONANT PLAUSU Les places résonnent sous (l') les applaudissements. ILLA CURSU CELERI Celle-ci, d'une course rapide, CORRIGIT MORAM rattrape son retard QUE TEMPORA CESSATA et le temps perdu (ce laps de temps!) ATQUE ITERUM RELINQUIT et une deuxième fois laisse POST TERGA JUVENEM derrière son dos le jeune homme; ET RURSUS REMORATA et une deuxième fois retardée JACTU SECUNDI POMI par le lancer d'une deuxième pomme, CONSEQUITUR QUE TRANSIT VIRUM elle le rattrape et dépasse l'homme. ULTIMA PARS CURSUS RESTABAT La dernière partie de la course restait: ADES NUNC, INQUIT aide-+moi+ maintenant, dit-il, DEA AUCTOR MUNERIS déesse responsable de ce présent (le MUNUS est le service dû par un fonctionnaire lors de son exercice). QUE JECIT JUVENALITER AURUM et il lança avec une ardeur juvénile l'or (synecdoque=la pomme) brillant AB OBLIQUO de côté, IN LATUS CAMPI sur un côté (du champ) de l'arène, QUO ILLA REDIRET TARDIUS pour qu'(QUO=UT EO) ainsi celle-ci revînt plus lentement. VIRGO VISA EST La jeune fille sembla DUBITARE AN PETERET hésiter si elle +irait la+ chercher; COEGI TOLLERE Je l'ai contrainte à la soulever ET ADJECI, MALO SUBLATO, PONDERA et j'ajoutai, la pomme une fois soulevée, leurs poids (le texte semble sous-entendre que les deux autres pommes ont été laissées sur place?) QUE IMPEDII PARITER et je +l'+ai retardée également GRAVITATE ONERIS par le poids de +ce+ fardeau QUE MORA et le retard +qu'il a causé+. NEVE MEUS SERMO SIT pour que mon récit ne soit pas TARDIOR CURSU IPSO plus lent que la course elle-même, VIRGO EST PRAETERITA la jeune fille fut dépassée; VICTOR DUXIT SUA PRAEMIA le vainqueur épousa sa récompense.

commentaire

Avant-propos: ce qui suit n'est qu'une esquisse d'un embryon de commencement de commentaires. Prenne ma place qui voudra!

1) une tonalité épique accentuée pour un succès à ces jeux dont les deux seules ruptures, compte non tenu du fait que le cirque, habituellement réservé aux courses de char - ou aux combats de gladiateur - sert ici de stade, avec la tradition, sont: la participation d'une femme et l'enjeu, même si, comme dans les combats de gladiateur, les efforts faits le sont pour la plus grande gloire des dieux. Nous sommes donc sensible à la grandiloquence de ce texte, pour ne pas dire son emphase (mais non son enflure!)

Ceci se retrouve dans les champs sémantiques utilisés: celui de la réclamation, instante: POSCUNT (638), plus pondérée: SOLLICITA VOCE (en fin de v. 639) INVOCAT au début de 640, voire suppliante: COMPRECOR, puis AIT pour varier par un passage au style direct, ce qui accentue encore plus la vivacité de ce récit (640-641). Vénus procède de la même manière quand elle repasse sans transition au présent de l'énonciation: FATEOR, à la césure p du v. 643.

Ces alternances d'actes et de paroles ont un écho dans le jeu sur les tempsla terminlogie classique dans ce genre littéraire pour évoque rl'amour: IGNES en fin de 641.

les constructions binaires en balancement, fermement martelées.les périphrases: PROLES NEPTUNIA (639)la mise en valeur des phrases au style direct, avec la paraxataxe

2) des éléments qui prêtent à un sourire complice; le poète s'amuse et ce stylé épique frôle le pastiche.

Ne faut-il pas voir un clin d'oeil critique à ces CURSUS SOLITOS, ce d'autant plus qu'il s'agit bien d'un cirque: TUBAE (652), CARCERE (id.), ARENAM (fin de 653), META (664), la fin de 668 après la césure p: RESONANT, avec le v. au début, SPECTACULA et PLAUSU qui éclate en fin de v, LATUS CAMPI (674), PRAEMIA, VICTOR en fin de v. 680.

Et la fièvre autant de la plèbe que des patriciens (POPULUSQUE PATERQUE) soulignée par la syndèse n'est pas pour nous rassurer sur la qualité du spectacle. Cette structure n'est-elle pas d'ailleurs ironiquement reprise par CLAMORQUE FAVORQUE en fin de 656? Tout est fait certes pour donner du panache à cette course, mais la répétition du même schéma - en un processus propre à déclencher le rire, selon la théorie chère à Bergson - ne peut être prise complètement au sérieux: il y a là une alacrité plaisante, dont nous ne devons pas être la dupe: malgré l'arrière-plan tragique, il n'y a en fait pas de risque et tout court normalement, pour ne pas dire naturellement. D'abord, le mot course lui-même, symbole de rapidité et non de retard; or, un rapide relevé montre bien que les deux sont étroitement imbriqués: CURSUS, 638, MOTA SUM 643 (Vénus s'y mettrait-elle, elle aussi?), puis le rappel MORA LONGA, nié, ii est vrai, juste avant, VENIENS, 649, CELERI PEDE, 653, PASSU SICCO en 654 alors que les courses trempent de sueur, surtout en climat méditerrannéen, le STANTES ne manque pas non plus de sel en 655; INCUMBERE est lui-même ambigu (657), PROPERA éclate à la césure p de 658; le VIRIBUS TOTIS exprime bien l'effort de dépassement de soi opéré par l'athlète sur lui-même, ainsi que par les amants performants. Nous retrouvons MORAM en 659, en légère césure t; le changement de position (sic! cf. le khamasoutra? Soit dit en passant, lassant à lire, car entre yoni et linguam, pourquoi en faire toute cette... sauce?) - ou sa virtualité! - est nettement marqué: POSSET TRANSIRE (661), puis MORATA EST en fin de 661; le ANHELITUS ORE ne manqua pas non plus de salacité ambiguë. Pendant que nous sommes dans les allusions obscènes, la course de la jeune fille derrière deux boules est pour le moins douteuse, ce d'autant plus qu'elle hésite pour chasser la 3ème! (cette allusion obscure pour les non-initiés a déjà été en partie dévoilée à mots... couverts! par l'interrogative indirecte du v. 651: QUI USUS IN ILLIS). Pour reprendre (sic!), OBSTIPUIT VIRGO n'est-il pas un pléonasme? Car le mot CUPIDINE est ici sans fard... Nous retrouvons CURSUS et VOLUBILE. Il s'agit, notons-le bien toujours de TOLLIT en fin de v. 667, après un MISIT en fin de 665. Il y a là tout un jeu érotique. En début de v. 668, le mâle reprend l'avantage: PRAETERIT; le rapprochement en oxymore de MORAM CELERI à la césure p corrobore le bien-fondé de notre remarque: il s'agit bien d'une rapidité en suspension, comme le savent bien tous les adeptes du plaisir d'amour. CURSU reprend bien sûr la thématique de cet exercice physique (669: ce passage ne se veut pas graveleux!) Le pauvre Hippomène n'a pas de chance: CORRIGIT et RELINQUIT encadrent le v. 670, avec reprise de fin 662! ITERUM, RURSUS, REMORATA (671-672) un perpétuel recommencement, un aller et retour constant! avec de nouveau, non plus la racine verbale, mais le déverbatif: JACTU. Retour à la situation - ou la position? - initiale: CONSEQUITUR au début du v. 762, TRANSIT avec le révélateur, non plus JUVENI (cf. 656, 670) mais VIRUM à la césure h du même v. Le sens, avec rejet très fort, du v. 672 s'en trouve singulièrement éclairé. Avec l'appel: ADES! Le désir de ralentir la partenaire dans la performance physique, pour ne pas dire sa montée orgasmique, apparaît de nouveau: TARDIUS REDIRET (674); encore une fois: JECIT en début de v. 675; faut-il voir un sourire imperceptible de notre poète érotique dans l'adverbe JUVENALITER: il y a des moyens plus adultes de retenir une femme! L'hésitation de la jeune fille est elle aussi plaisante et non dépourvue d'arrière-pensée (676); TOLLERE derechef en début de 677; elle semble tout de même avoir obtenu, lors de sa course, son compte: GRAVITATE MORA(678); la fin conclut sur les deux termes: CURSU, TARDIOR, ce qui confirme à l'envi le bien-fondé de notre analyse, avec son résultat attendu: PRAETERITA EST VIRGO, à la césure p. La fin du vers donne bien sûr la solution de ce qui n'est plus pour nous une énigme... Grâce à ses performances dans le lancer de pommes et aux encouragements de la foule, le JUVENEM a subi son initiation: de PROLES NEPTUNIA deux fois - donc non adulte, ne pouvant que se réclamer de son origine, HIPPOMENES 640, 651, 658, 668), peu sûr de lui: ADJUVET: 641, un peu mièvre: BLANDAS PRECES (642), il devient un concurrent respectable: UTERQUE EMICAT en fin et début de v. 652-3. Pour une fois, Ovide n'interpelle pas son héros mais le fait interpeller par la foule: 658. Il passe par la périphrase MEGAREIUS HEROS (fin de 659), redevient JUVENEM en 570, ce par le truchement de son apparence physique: SPECTATOSQUE DIU VULTUS (662), après son premier échec que ne laissait pas envisager le PROLES NEPTUNIA de 665; L'homme VIRUM semble vaincu: 672; une dernière tentative, encore JUVENALITER: 675, pour conclure sur VICTOR en fin de 680. Le but est atteint. De l'autre côté, une simple VIRGO: sous-entendue en 641, dans UTERQUE (qui préfigure le couple finalement instauré en 680), de nouveau sous-entendue comme COD de VINCES en 659 - dont le sens érotique n'échappe à personne, VIRGO en 660, encore plus probant, nous l'avons vu: OBSTIPUIT VIRGO en début de 666, ILLA en début de 669; elle est désignée aussi par son dos: POST TERGA en 670; ILLA de nouveau en 674, car c'est Hippomène qui, en dernière analyse, dirige cette course... débridée; la VIRGO se montre quelque peu réticente à la troisième tentative: 676: VIRGO VISA EST DUBITARE; finalement, elle est PRAETERITA en début de 680, pour se trouver désignée par PRAEMIA, objet en 680.

3) le comportement des deux concurrents pourrait aussi prêter à commentaires, avec, qui plus est, le jeu entre l'énoncé et l'énonciation, puisque la narratrice intervient directement dans son propre récit...

PS remplaçant le prologue, cité ici pour mémoire, in extenso: «Il m'eût été agréable de saluer ici la contribution bénévole d'un autre collègue, mais rien, pas de soutien, même financier sous la forme d'un chèque à l'ordre de FAI, notre association, alors que tout téléchargement, vu la fréquentation du site dont la bande-passante frôle le Go mensuel maintenant, nous coûte? A votre bon coeur, M'sieurs-dames...
Mais place à notre poète!»