Tout apport d'un(e) collègue aurait été le bienvenu ici et son nom aurait figuré à cet endroit en lieu et place du mien. Mais trève de récriminations, place! le texte...

donc, d'Hubert Steiner

texte traduction universitaire traduction par groupe de mots commentaire

texte

"Forsitan audieris aliquam certamine cursus                           560
veloces superasse viros: non fabula rumor 
ille fuit; superabat enim. Nec dicere posses, 
laude pedum formaene bono praestantior esset. 
Scitanti deus huic de conjuge 'conjuge' dixit 
'nil opus est, Atalanta, tibi: fuge conjugis usum.                      565
Nec tamen effugies teque ipsa viva carebis.' 
Territa sorte dei per opacas innuba silvas 
vivit et instantem turbam violenta procorum 
condicione fugat, 'nec sum potiunda, nisi' inquit 
'victa prius cursu. Pedibus contendite mecum:                        570
praemia veloci conjunx thalamique dabuntur, 
mors pretium tardis: ea lex certaminis esto.' 
Illa quidem inmitis, sed (tanta potentia formae est) 
venit ad hanc legem temeraria turba procorum. 
Sederat Hippomenes cursus spectator iniqui                            575
et 'petitur cuiquam per tanta pericula conjunx?' 
dixerat ac nimios juvenum damnarat amores; 
ut faciem et posito corpus velamine vidit, 
quale meum, vel quale tuum, si femina fias, 
obstipuit tollensque manus 'ignoscite,' dixit                               580  
'quos modo culpavi! nondum mihi praemia nota, 
quae peteretis, erant.' laudando concipit ignes 
et, ne quis juvenum currat velocius, optat 
invidiaque timet. 'sed cur certaminis hujus 
intemptata mihi fortuna relinquitur?' inquit                                  585
'audentes deus ipse juvat!' dum talia secum 
exigit Hippomenes, passu volat alite virgo. 
Quae quamquam Scythica non setius ire sagitta 
Aonio visa est juveni, tamen ille decorem 
miratur magis: et cursus facit ipse decorem.                                590
Aura refert ablata citis talaria plantis, 
tergaque jactantur crines per eburnea, quaeque 
poplitibus suberant picto genualia limbo; 
inque puellari corpus candore ruborem 
traxerat, haud aliter, quam cum super atria uelum                         595
candida purpureum simulatas inficit umbras. 
Dum notat haec hospes, decursa novissima meta est, 
et tegitur festa victrix Atalanta corona. 
Dant gemitum victi penduntque ex foedere poenas.
 

traduction universitaire

"Le nom d'Atalante a peut-être frappé ton oreille. Elle surpassait à la course les hommes les plus légers. Ce qu'on en raconte n'est point une fable, elle les surpassait en effet; et on n'eût pu dire ce qu'on devait admirer davantage en elle ou sa vitesse, ou sa beauté. Un jour, par elle consulté sur le choix d'un époux, l'oracle lui répond : "Crains un époux, fuis l'hymen; mais tu ne le fuiras pas toujours; et sans te priver du jour, l'hymen te privera de toi-même." Par cet oracle épouvantée, Atalante fuyait les hommes et vivait dans les forêts; mais, poursuivie par les vœux des prétendants, elle leur imposa cette loi : "Je ne dois appartenir qu'à celui qui m'aura vaincue à la course. Entrez en lice avec moi. Je serai le prix et l'épouse du vainqueur; mais le vaincu périra : telle est la loi du combat." Cette loi était dure et cruelle; mais tel est l'empire de la beauté, que les prétendants voulurent en foule entrer dans la carrière. Spectateur du combat, Hippomène était assis sur la barrière : "Et c'est à travers tant de dangers qu'on cherche une épouse ! s'écriait-il". Il condamnait l'imprudence et l'amour des concurrents. Mais il aperçoit Atalante; elle lève son voile; et dès qu'il la voit, telle que je suis, ou telle qu'on pourrait toi-même t'adorer sous les traits d'une femme, il est ébloui, il admire, et levant les mains, il s'écrie : "Amants, dont j'ai blâmé la flamme, pardonnez à mon erreur; le prix auquel vous aspirez ne m'était pas connu" ! Il s'enflamme en voyant, en louant Atalante. Il fait des voeux pour qu'aucun des prétendants ne la devance à la course; il craint de trouver un rival heureux : "Eh ! pourquoi, dit-il, ne tenterais-je pas aussi les hasards du combat ? les dieux favorisent ceux qui savent oser". Tandis qu'il parle encore, Atalante part et s'élance : l'oiseau dans son vol a moins d'agilité. La flèche que le Scythe a lancée ne fend pas plus vite les airs. Alors même les charmes d'Atalante brillent de plus d'éclat aux regards d'Hippomène. La rapidité de sa course augmente sa beauté. Sa robe flottante découvre ses pieds agiles; sur ses épaules, ses cheveux voltigent en arrière emportés par les vents. Sous un léger tissu, son genou se dessine ou se découvre. Animée par la course, un rouge délicat nuance ses traits : telle on dirait reflétée sur l'albâtre une gaze à Sidon colorée. Mais tandis qu'Hippomène admire, Atalante touche le but fatal, triomphe, ceint de laurier sa tête virginale; les vaincus gémissent et se soumettent à la loi terrible du combat.

traduction par groupe de mots 

FORSITAN AUDIERIS Peut-être as-tu entendu +dire+ ALIQUAM SUPERA(VI)SSE qu'une femme a surpassé VIROS VELOCES des hommes rapides CERTAMINE CURSUS (au moyen d'une lutte de course) dans la course à pied. ILLE RUMOR NON FUIT FABULA Cet on-dit n'est (sens aspectuel du perfectum) pas une légende, ENIM SUPERABAT de fait, elle +les+ surpassait +tous+; NEC POSSES DICERE (tu n'aurais pu) On n'aurait pu dire ESSET PRAESTANTIOR si elle était plus remarquable (PRAE-STARE: se tenir devant, au premier plan) LAUDE PEDUM par la louange (de ses) à l'égard de ses pieds NE BONO FORMAE ou par le mérite/prestige (adj substantivé) de sa beauté. HUIC SCITANTI DE CONJUGE (à elle s'enquérant: SCITOR, déponent) Alors qu'elle s'enquérait d'un époux, DEUS DIXIT un dieu lui (dit) répondit: OPUS EST NIL TIBI CONJUGE (besoin n'est en rien à toi d'un époux) Tu n'as en rien besoin d'un époux, ATALANTA Atalante; FUGE USUM CONJUGIS fuis le commerce d'un mari. TAMEN NEC EFFUGIES Cependant tu n'+y+ échapperas pas QUE IPSA VIVA et toi-même vivante TE CAREBIS (CAREO + abl., cf. carence) tu seras privée de toi-même. TERRITA SORTE DEI Terrifiée par la prophétie du dieu INNUBA VIVIT PER SILVAS OPACAS la jeune fille vit (présent!) de par les forêts épaisses ET VIOLENTA FUGAT et, impétueuse, elle met en fuite TURBAM INSTANTEM PROCORUM CONDICIONE la foule pressante (IN-STARE, se tenir au-dessus) des prétendants par sa clause: NEC SUM POTIENDA, INQUIT (POTIOR, déponent, sens passif à l'adjectif verbal) Je ne dois pas être soumise/mariée, dit-elle, NISI VICTA PRIUS CURSU si je ne +suis+ pas vaincue d'abord à la course. CONTENDITE MECUM PEDIBUS Rivalisez (avec) contre moi (avec les pieds) à la course à pied. CONJUX QUE THALAMI l'épouse et (les) la chambre DABUNTUR PRAEMIA VELOCI seront données comme récompenses à celui qui est rapide, MORS (DABIT) PRETIUM TARDIS la mort +sera donnée+ comme prix à ceux qui sont lents (aux trainards?). EA EST LEX CERTAMINIS Que ceci soit la loi du concours. ILLA QUIDEM INMITIS Celle-ci est certes sans douceur; SED - TANTA EST POTENTIA FORMAE - Mais - si grande est la puissance de la beauté - TURBA TEMERARIA PROCORUM la foule téméraire des prétendants VENIT AD HANC LEGEM vint (VENIT avec initiale longue, donc parfait!) (vers) +se soumettre+ à cette loi. HIPPOMENES SEDERAT Hippomène était assis (plus-que-parfait de SEDEO) SPECTATOR CURSUS INIQUI en spectateur de +cette+ course injuste ET DIXERAT (et), il avait demandé: CUIQUAM CONJUX PETITUR Par qui (datif d'intérêt, fréquent au passif comme équivalent d'un complément d'agent en poésie, surtout pourtant au perfectum!) une épouse est-elle recherchée PER TANTA PERICULA (à travers de si grands périls) au prix d'un si grand danger? AC DAMNA(VE)RAT AMORES NIMIOS JUVENUM et il avait condamné les amours trop +passionnées+ des jeunes gens. UT VIDIT FACIEM Quand il vit la beauté ET CORPUS, VELAMINE POSITO (et le, ici hendiadys < du grec, une chose par deux mots) +du+ corps , +tout+ voile ayant été déposé, QUALE MEUM +un corps tel+ que le mien, VEL QUALE TUUM et tel que le tien (VEL en coordination addititive. A moins qu'il ne s'agisse ici pour Vénus de donner la part belle à son amant, pour qu'il se sente concerné par le conte, sans pour autant être fasciné a postériori par... Atalante!) SI FIAS FEMINA si tu devenais femme (sic!) OBSTIPUIT QUE TOLLENS MANUS DIXIT il fut frappé de stupeur et, levant les mains, il dit: IGNOSCITE, QUOS CULPAVI MODO Pardonnez-+moi, vous+ que j'ai accusés dernièrement. PRAEMIA QUAE PETERETIS (les, pl. évocateur, pour les appâts d'Atalante) la récompense que vous demandiez (avec un subjonctif en relative, pour marquer la concession?) NONDUM ERANT NOTA MIHI n'était pas encore connue (pour) de moi. LAUDANDO CONCIPIT IGNES En la louant, il allume ses +propres+ feux ET OPTAT NE QUIS JUVENUM (et) il souhaite qu'aucun des jeunes gens (après SI, NISI, NE, NUM, CUM, AN, UT, UBI, QUO, QUANDO, le pronom ALIQUIS n'a pas besoin de son renforçateur ALI- et se présente sous sa forme simple QUIS) CURRAT VELOCIUS ne courre trop vite QUE TIMET INVIDIA et il le craint par haine/jalousie. SED CUR FORTUNA HUJUS CERTAMINIS Mais pourquoi le hasard/résultat de cette joute RELINQUITUR INTEMPTATA MIHI est laissé (non essayé pour/de moi) sans tentative de ma part? INQUIT, DEUS IPSE JUVAT AUDENTES dit-il, le dieu lui-même favorise (les osants) ceux qui osent (en opposition avec l'adage du v. 544. Est-ce une contradiction interne? Que non pas, puisque l'histoire se terminera mal!). DUM HIPPOMENES EXIGIT Pendant qu'Hippomène délibère TALIA CUM SE sur de telles (choses) problèmes avec lui-même, VIRGO VOLAT PASSU ALITE la vierge vole d'un pas ailé (ALES, ALITIS) QUAMQUAM QUAE NON VISA EST mais (relatif de liaison QUAE) quoiqu'elle ne semblât pas JUVENI AONIO au jeune d'Aonie IRE SETIUS (cf. SECIUS) aller moins bien/vite SAGITTA SCYTHICA qu'une flèche scythe , TAMEN (corrélatif de QUAMQUAM) ILLE MIRATUR MAGIS DECOREM cependant, celui-ci admire plus sa grâce (DECOR DECORIS, m.) ET ILLE CURSUS FACIT DECOREM De fait, cette course fait/augmente sa grâce. AURA REFERT TALARIA La brise emporte les rubans ornant ses sandales ABLATA PLANTIS CITIS détachés de ses pieds rapides QUE QUAEQUE CRINES et chaque boucle de cheveux JACTANTUR PER TERGA EBURNEA (est ballotée de par) voltige sur son dos d'ivoire (pluriels poétiques), GENUALIA LIMBO PICTO les genouillères avec leur frange brodée (abl.de qualité) SUBERANT POPLITIBUS se trouvaient sous l'arrière du genou QUE TRAXERAT RUBOREM et elle avait tiré/amené de la rougeur IN CORPUS CANDORE PUELLARI sur son corps d'une blancheur de jeune fille (abl. de qualité), HAUD ALITER QUAM CUM pas autrement que lorsque VELUM PURPUREUM INFICIT un voile de +couleur+ pourpre étend UMBRAS SIMULATAS des ombres feintes (car fabriquées, artificielles) SUPER ATRIA CANDIDA (au-dessus de l'atrium blanc, pl. poétique) sur la blancheur de l'atrium. DUM HOSPES NOTAT HAEC Pendant que l'étranger observe (ces choses que je viens de montrer) cela, NOVISSIMA META EST DECURSA la dernière borne a été parcourue (par métonymie; dans les courses d'attelage au cirque, 7 oeufs mobiles installés sur la borne à l'extrémité de la SPINA indiquaient le nombre de tours à faire. Ici, il s'agit donc du dernier!) ET ATALANTA VICTRIX TEGITUR et Atalante victorieuse est couverte CORONA FESTA d'une couronne de fête. VICTI DANT GEMITUM Les vaincus donnent/poussent un gémissement QUE PENDUNT POENAS EX FOEDERE et acquittent la peine due au contrat.

commentaire

La narratrice, dans ce passage, sait ménager l'intérêt (1), avec une grande habileté (2), pour nous présenter une sportive qui fascine un jeune homme (3); tout ceci ne va pas sans induire un jeu d'inversion entre les rôles traditionnels masculin et féminin.

N.B.: 1 et 2 peuvent être fusionnés, donc, comme le commentaire risque de s'en trouver déséquilibré au bac (7' 30 "), il est conseillé - mais ce conseil ne me coûte rien! - de regrouper aussi 3 et 4, tout en réduisant la première partie ainsi instaurée. Au reste, cher(e) candidat, au vu de cette masse de commentaires, ne t'effraie pas: le correcteur en attend... 10 à 20 % !

1) Vénus s'avère une conteuse émérite et le déroulement de l'anecdote est remarquablement bien mené: elle commence par évoquer une histoire censée connue, en début de v. 560: FORSITAN AUDIERIS en césure p, avec un rythme allègre: dddsds; elle semble continuer son appel à l'attention en insistant sur la véracité de ce qui va suivre, en une phrase apparemment au départ nominale: NON FABULA RUMOR, juste après la césure h en 561, en un rythme assez enlevé: sddsds; tout ceci génère une attente prolongée par la suite: ILLE FUIT, en césure t; le rythme est aussi prenant en 562: dddsds; elle place en une phrase très concise, comme un titre, le contenu de son anecdote, à l'imparfait de narration: SUPERABAT ENIM à la césure h; elle s'adresse ensuite à un auditeur non plus réel (Adonis) mais virtuel, vu le subjonctif imparfait généralisateur: NEC DICERE POSSES. Vénus soigne sa présentation, avec un chiasme au v. 563. Le fait que la personne évoquée (cf. ALIQUAM au v. 560) soit FORMAE BONO amène automatiquement, à l'époque antique, son mariage, comme le rappelle la redite: CONJUGE au v. 564. La consultation d'un oracle (SCITANTI en début de v.) permet une variation dans le récit et le passage au style direct, avec le suspens opéré par le CONJUGE avant le verbe d'incise DIXIT (au parfait attendu) au même vers. Nous apprenons alors, entre la césure t et h, le nom de l'héroïne: ATALANTA, TIBI, dont la rapidité semble incarnée par le rythme ddddds en 565. Notre récit s'avère un conte traditionnel: il recèle une forte interdiction: NIL OPUS EST en début de v., reprise par l'impératif FUGE, lui-même dénié par le NEC (début de v. 566) TAMEN EFFUGIES à la césure p. Cette intervention divine se termine, comme souvent, par une phrase absconse, dont l'intéressée ne soulèvera l'ambiguïté que trop tard pour elle, en un rythme alternant (567: ddssds). La suite s'enchaîne logiquement en asyndète, en jouant sur les affects: TERRITA SORTE DEI (à la césure p), dieu dont l'identité ne nous sera jamais révélé car il incarne le destin inéluctable de tout un chacun et que ce détail serait superfétatoire par rapport à la concision du récit, jeu sur le ressenti aussi de l'auditeur par OPACAS. Le passage au présent de l'indicatif (VIVIT, 568, FUGAT, 569 à la césure p) donne toute sa vivacité au texte; le rapprochement entre VIOLENTA et PROCORUM fonctionne comme un clin d'oeil et le mot CONDICIONE a un effet d'annonce que corrobore le parallélisme du rythme du v. 569: ddsdds; c'est au tour de l'héroïne de poser ses conditions: un interdit absolu NEC POTIENDA après la césure p, puis la clause qui permet au récit de continuer, NISI, soulignée par les [U]: UICTA PRIUS CURSU; l'enjeu ne se discute pas, comme l'indique la reprise de cet terme par PEDIBUS, les deux termes étant séparés par une césure p. Tous les termes du contrat initial avec les impétrants sont énoncés en asyndète du v. 570 à 572 où les 3 hexamètres dactyliques ont leur césure p classique. Les phrases sont très variées: une principale au présent, suivie d'une conditionnelle au verbe non exprimé; s'ensuit un impératif à la deuxième pluriel (570) en un rythme alternant: dsdsds; un passif futur en fin de vers 571 présente la récompense, proclamée d'entrée par PRAEMIA en début de vers, en un rythme souple: dssdds; une phrase nominale plus courte oppose à cela l'autre branche de l'alternative: MORS en début de v. Un impératif futur, d'essence religieuse, clôt cette intervention. Un court jugement fait le bilan: INMITIS en césure p, jugement énoncé soit par Vénus, soit par Orphée, soit par Ovide lui-même, car n'oublions pas que nous nous trouvons face à un texte-gigogne, en emboîtement. Notre hésitation trouve d'ailleurs sa confirmation dans la parenthèse: la remarque sur la puissance de la beauté, au présent de vérité générale en fin de v. 573, en variation d'ailleurs avec ESTO du v. précédent, semble plus pertinente dans la bouche d'un mortel comme Ovide que dans celle de Vénus, en un rythme en reprise: ddsdds Le texte repasse au parfait en début de v. 574, suivi d'un léger retour en arrière: SEDERAT en début de v. suivant (suivi de DIXERAT au début du v. 575, puis DAMNARAT, en forme syncopée) avec son sujet inversé, et l'apparition de notre deuxième héros, Hippomène à la césure p. Un bref passage au style direct lui donne, à lui aussi la parole, non sans ironie, car le CUIQUAM, sans qu'il le sache encore - mais nous, auditeur de ce conte, ne sommes pas dupe - renvoie à lui... Le texte rompt de nouveau brutalement le pacte de lecture: Vénus intervient directement dans le récit, pour nous renvoyer à sa propre beauté ainsi qu'à celle de son amant, avec l'idée curieuse pour notre goût de féminiser ce dernier, même à titre de pure hypothèse - ou s'agit-il d'un petit jeu érotique? SI FEMINA FIAS en fin de v.. Cette intervention, rapide, est enlevée, par l'anaphore de QUALE, l'homéotéleute en -UM, les césures t et h, le rythme alternatif dsdsds. Le OBSTIPUIT sera repris beaucoup plus loin, pour Atalante, au v. 666, ce qui ne manque pas de sel... Nous retrouvons un DIXIT en fin de vers 580, introduisant derechef un style direct, où le jeune homme s'adresse aux futures victimes, en une totale innocence; cette rupture est soulignée par la césure h et le rythme alterné dsdsds (580), comme le vers précédent. Comme dans le conte, et conformément au style oral, le passage recherche les répétitions: PRAEMIA en 581, cf. 571, ultérieurement 680, comme IGNES en 582 sera repris en 641; notons qu'Atalante amène à une totale conversion du néophyte, ce que souligne le balancement entre MODO et NONDUM, en un rythme dssddt. Il y a là une révélation subite, que souligne judicieusement le passage au présent de l'indicatif: CONCIPIT ainsi que la césure p avant la cause: LAUDANDO et le rythme assez régulier ddssds. Le désir du jeune s'incarne dans l'accumulation des verbes d'action: CURRAT, OPTAT en fin de vers, accumulation renforcée par le rythme spondaïque: sdssds, pour finir le TIMET en césure p. Après son MEA CULPA, Hippomène se résout à se lancer, en une attaque phonétiquement forte: CUR CER-TAMINIS. La violence de l'interrogation est contrebalancée par la référence à la sagesse des nations. Ovide semble se moquer des affres du jeune homme, comme Vénus: le rythme est assez rapide: en 585 sdsdds, sddsds en 586, s'accélère en 587: ddsddt, avec la disjonction évanescente entre PASSU et ALITE encadrant VOLAT qui explique d'adjectif. La complexité de la comparaison, ainsi que sa référence militaire SCYTHICA SAGITTA (car, comme pour les Parthes, l'arc est leur arme d'élection) s'efface ensuite devant la reprise en fin de vers de DECOREM: voilà bien le noeud de l'affaire; pour reprendre un vieux terme de la scolastique médiévale: HIC JECIT LEPUS! Les dactyles abondent et participent au côté enlevé de ce récit: 588: sdsdds, 589: dsddds, 590: sdsdds, plus alterné en 591: dsdsds, la suite à l'avenant pour la description détaillée des mouvements du corps et des vêtements, intimement mélangés... 592: dssddt, 593: ddsdds, 594 plus alangui car il s'agit des marques de l'effort: dsssds, plus souple pour la comparaison avec le VELUM de l'atrium: 595: ddsdds, 596: dddsds; l'arrivée est plus pénible: dssdds, comme le suivant, le destin des vaincus rapidement évoqué, avec des spondées plus funèbres: dsssds. Toutes ces variations rythmiques contribuent bien sûr à l'alacrité de ce récit. Par-delà ce survol, nous ne pouvons manquer de relever aussi les articulations logiques lourdes du début: QUAE QUAMQUAM SCYTHICA avec ses gutturales en début de 588. Mais déjà le JUVENI était mis en valeur, ce qui relève l'intérêt, par sa place à la césure p au v. 589, avec le jeu entre le PERFECTUM VIS(A) EST et le MIRATUR qui éclate au début du v. suivant, compte non tenu du surenchissement induit par la syndèse ET qui introduit le CURSUS avant la césure h. La jeune fille est présente: FACIT, REFERT, JACTANTUR, avec le léger imparfait SUBERANT à la césure p du v. 593. Faut-il relever le champ sémantique du corps et de son habillement, avec des termes très techniques parfois: TALARIA, PLANTIS en fin de vers 591, TERGA au début du vers suivant, CRINES à la césure h - notons l'adjectif classique EBURNEA pour le dos, POPLITIBUS en début de vers, GENUALIA LIMBO PICTO, en terminant cette visite du corps, qui a commencé par les pieds (590), est remontée par le dos jusqu'aux cheveux (592), pour redescendre à un endroit plus stratégique, sur le terme général: RUBOREM en fin de vers 594, avec le sens PERFECTUM du plus que parfait: TRAXERAT en début de vers 595, là où se trouvait avant le CANDORE PUELLARI... Soyons sensible à l'allusion quotidienne, l'intervention des REALIA domestiques, au sens étymologique du terme, avec le VELUM en fin de 595. Notre conteur abrège de lui-même son récit: DUM, et la course est déjà terminée, le temps même de lire la description d'Atalante: DECURSA (après la césure h) EST. le résultat est immédiat, souligné par la syndèse en début de vers 598: ET, les allitération en dentales claquant comme pour consacrer sa victoire, avec les doublets, voire plus, des voyelles en harmonie soit I, soit A, soit O. Le rapprochement d'un vers sur l'autre entre VICTRIX et VICTI participe de la simplicité du conte et les voyelles fermées, encadrées du A ouvert DANT-POENAS (lui-même s'opposant à CORONA en fin de vers précédent) ne fait qu'évoquer par l'assourdissement leur triste destin, auquel ainsi Vénus nous fait rapidement, avec l'indifférence de l'être supérieur, participer...

2) Mais Vénus n'est pas que bonne conteuse; elle sait se monter fine mouche, et subtilement intellectuelle; nous avons déjà noté sa concision: ENIM SUPERABAT, mais nous ne pouvons pas ne pas mentionner sa remarquable mise en abyme par l'expression: RUMOR, FABULA; cette idée sera reprise ensuite avec FATEOR en 643, puis MEUS SERMO en 679; et elle tient... parole: elle annonçait un SUPERASSE en 561, elle le confirme au vers suivant par le tranchant et brutal SUPERABAT. Car notre Vénus n'est pas une niaise évaporée (mais ne faisons pas d'anachronisme en parlant de féminisme!): en 563, elle sait alterner les dactyles et les spondées pour conforter son auditeur dans son expectative: dsdsds, avec le chiasme LAUDE PEDUM FORMAEQUE BONO, avec la petite VARIATIO d'un adjectif substantivé. Après avoir ménagé le suspens, elle nous donne enfin l'identité de notre célèbre inconnue, après la césure t du v. 565. Relevons aussi le décalage de la mise en abyme: c'est dans le texte un DEUS qui annonce l'avenir, alors que c'est une DEA qui nous rapporte ce message, comme elle sait TANTA POTENTIA FORMAE EST en fin de 573. Il faut voir une légère ironie, qui souligne la supériorité d'Hippomène, entre le VENIT en début de 574 et le SEDERAT du début du v. suivant. Notre conteuse prend parti: INIQUI en fin de 575, puisqu'Atalante ne risque pas, elle, sa vie et, qui plus est, en théorie du moins, l'avantage devrait revenir aux hommes... plus... coureurs? Le 576 avec TANTA souligne aussi que nous sommes, comme dans tout conte, dans une situation périlleuse, avec le pl. pour PERICULA. Vénus insiste sur le retournement de situation prévisible, en 577, puisqu'Hippomène, non sans infatuité (NIMIOS), se montre un juge tranchant: DAMNARAT, avec aussi l'indifférenciation du pl. JUVENUM qui met tous les prétendants dans le même sac.... La révélation ne se fait pas attendre, avec une sensualité subtile (578: POSITO CORPUS VELAMINE), retournement brutal que souligne le ET adverbial en 577. Notre jeune homme perd tout contrôle: il passe de l'immobilité aux gestes les plus expressifs: OBSTIPUIT TOLLENSQUE MANUS en début de vers et en césure p, comme le souligne aussi l'allitération en S.

Vénus n'a pas oublié son projet psychagogique: persuader Adonis du danger de la désobéissance; elle a affirmé en 544: IN AUDACES NON EST AUDACIA TUTA, pour faire dire en 586 à Hippomène, en totale contradiction: AUDENTES DEUS IPSE JUVAT. Mais nous savons que, dans ce dernier cas, cela se terminera mal, cf. 553: VETERIS MONSTRUM MIRABILE CULPAE. Le texte devient même franchement hyperbolique, avec une évocation de la rapidité de la course (SCYTHICA SAGITTA) qui devrait empêcher, en toute logique, la possibilité d'un jugement esthétique, mais Atalante est si belle que QUAMQUAM, ILLE MIRATUR en début de vers 590. Ce type de raccourci saisissant sera bien sûr repris dans certains dessins animés par ex. de Tex Avery. Le regard s'attarde, comme en ralenti, sur la coureuse, sur 6 vers, dont 2 de comparaison un peu déconcertante. Faut-il voir dans le SIMULATAS INFICIT une légère mise en abyme du processus créatif qui conduit à cette évocation? De toute façon, les comparaisons avec la réalité des auditeurs, les références au vécu quotidien, l'écho de ce à quoi les gens sont confrontés tous les jours infiltrent les contes de leur présence, les diaprent certes de contre-points, de contrastes en fait, mais de plus concourent à la crédibilité minimale que les auditeurs doivent leur apporter pour être emportés par le récit: il leur faut un certain ancrage dans la réalité, ici celui des personnes très aisées pour recouvrir l'ATRIUM d'un VELUM pourpre, la couleur impériale. Mais c'est bien le niveau social de ceux qui apprécient, à l'époque romaine, les Métamorphoses... Le conte se termine comme attendu: la gagnante est récompensée: FESTA CORONA en forte disjonction, les vaincus, en un périphrase euphémique, condamnés à leur funeste sort... Ainsi la chute est vigoureuse, marquée par les asyndètes et le destin antagoniste, opposé du vainqueur: VICTRIX, des vaincus: VICTI, CORONA d'un côté, POENAS de l'autre, tous les deux en fin de v. 598-599. Ainsi, Vénus a montré ses talents de conteuse (1) mais au sens noble du terme: elle est bien loin de toute simplification infantile (2)...

3) Dans ce passage, la présence du sport, du corps, est prégnante; on peut même y voir un éloge quasi-obsessionnel - et très moderne? - du sport - non sans rapport avec la beauté - dont le champ sémantique se développe dans ce passage:

dès le début,en 560, la rapidité de la course se retrouve dans le rythme: dddsds, avec un titre implicite pour ce récit: CERTAMINE CURSUS, ce dernier terme se retrouvant en polyptote à maintes reprises dans ce passage: CURSU en césure p en 570, CERTAMINIS en 572, CURSUS en 575 après la césure p, derechef en 590 avec l'emphatique ILLE.

Les adjectifs sont répétitifs, comme la frappe des pieds sur le sol: VELOCES en début de v. 561, VELOCI en césure p de 571, par opposition à TARDIS en césure p en 572, adverbe tiré du même VELOX: VELOCIUS en en 583, CITIS en 591.

Dans les noms, nous ne serons pas surpris de rencontrer l'extrémité privilégiée d'une course: PEDUM en césure p au v. 563, PEDIBUS après la césure p de 570, l'enjeu: PRAEMIA en début de 570, en 581 aussi, PASSU qualifié d'ALITE au v. 587. PLANTIS en 591; POPLITIBUS en 593 semble relever d'une attention plus de notre époque à la foulée elle-même et à ce qui la permet, avec les accessoires: TALARIA en 591 et GENUALIA en 593; notons le CORPUS et RUBOREM soulignant l'effort physique en 594 par la rougeur qu'il provoque. Mais ceci n'a bien sûr pas obéré la beauté de la sportive: FORMAE après la césure t en 563. Celle-ci a un impact certain: INSTANTEM TURBAM en césure h au vers 568. Ceci est corroboré par la remarque: TANTA POTENTIA FORMAE en 573 après la césure p. En 578, le terme FACIEM conforte , si besoin était, la beauté du corps d'Atalante, qui est reconnu comme tel: NOTA en fin 581, puis LAUDANDO après la césure p au v. 582. La duplication du terme DECOREM en fin des vers 589 - 590 en est un autre avatar; son TERGA EBURNEA, au pl. évocateur, en est un des aspects, sans négliger les tissus raffinés et élégants: PICTO LIMBO, le premier après la césure p, le deuxième en fin de vers. La couleur de la peau: PUELLARI CORPUS CANDORE revèle la qualité de la demoiselle, même dans la comparative: CANDIDA (reprenant le même CANDORE) en début de v. 596, PURPUREUM à la césure p. Et, comme pour couronner (CORONA en fin de 598) cette beauté corporelle, le succès est au rendez-vous...

Ceci ne s'est pas fait tout seul: les verbes soulignent l'effort, le but à atteindre: PETITUR 576, PETERITIS 582, CURRAT, bien sûr, mais seulement en 583, donc avec une élégance de bon aloi: comme un auteur de l'OULIPO, Ovide semble s'être complu, par coquetterie littéraire, à retarder l'apparition de ce verbe pourtant incontournable, vu l'activité présentée. Ce dernier verbe se transforme d'ailleurs en VOLAT au v. 587, IRE est bien banal mais relevé par la comparative hyperbolique en 588; DECURSA EST en 597 puisqu'il faut bien une fin, avec un perfectum évoquant en fait la rapidité avec laquelle ce concours gymnique (n'oublions pas que ce terme signifie nu en grec) s'est déroulé sous nos yeux par le truchement du témoin Hippomènes, devenu supporter... de la coureuse!Outre VELOCIUS déjà nommé, relevons un autre adverbe, banal: SETIUS en 588, mais comme IRE, relevé par l'outrance de la comparaison...

La course en elle-même est décrite précisément, avec ses spectateurs: 575, ses préparatifs: POSITO CORPUS VELAMINE; la tradition antique est de courir nu; le texte n'insiste pas sur ce point concernant Atalante, et les 3 vers plus précis - 591 - 593 ne s'occupent que de ses jambes (et non des cuisses, si un tissu protégeait la pudeur féminine) et de leur protection décorative. le but à atteindre: NOVISSIMA META en 597; le résultat: VICTRIX, CORONA FESTA, la honte, et pire ici pour les VICTI: GEMITUM, PENDUNT POENAS, en une défaite sinistre en fin de vers 599.

4) le jeu du masculin et du féminin est constant.Ceci ne nous surprend pas car, dans le couple Vénus-Adonis, les rôles de chacun des partenaires ne correspond pas à la répartition classique du comportement sexuel attendu: Vénus, dans le passage précédent, semble plutôt la chasseresse...L'opposition est marquée dès le... départ: ALIQUAM après la césure p au v. 560, VIROS à la césure h au v. suivant, avec le contraste entre le singulier de cette personne singulière, exceptionnelle et la multiplicité des VELOCES (en début de v.) VIROS, avec une harmonie en U, et deux allitérations, l'une en sifflante, l'autre en liquide, dans ce vers, comme pour s'opposer aux gutturales initiales concernant la concurrente féminine. En fait, les sonorités elles-mêmes sont bien en contraste... Ovide s'amuse ensuite à laisser flotter une ambiguïté masculine ou neutre: ILLE déterminant, avec enjambement, de RUMOR, pas de sujet pour SUPERABAT, sinon un ALIQUA, mais non exprimé, PRAESTANTIOR est épicène. Seul, le terme FORMAE - cher à Vénus (cf. FACIEM en 577, aussi 534) - pourrait être féminin...

Notons le sens de la supériorité féminine dont fait preuve Vénus à l'égard d'une mortelle, comme semble le souligner la répétition (assez infantile, comme si Atalante avait tout de l'oie blanche): CONJUGE: CONJUGE au v. 564; la déesse se joue, avec l'attrait du fruit défendu, celui de l'infraction, du désir secret de toute jeune fille à l'époque, avec l'harmonie des U: FUGE CONJUGIS USUM en fin de v. 565.Ce n'est pas sans un certain plaisir un tant soit peu cruel (mais ne parlons pas de sadisme!) qu'elle évoque cette malheureuse qui, comme elle en fait cf. 535, VIVIT PER SILVAS OPACAS sans même la consolation d'un amant: INNUBA, ce en quoi Vénus diffère complètement de notre demoiselle... Le TURBAM PROCORUM, (568) d'une hauteur bien méprisante de la part de la déesse de l'amour sera repris plus loin en 574; (avec une contradiction interne totale, mais qui souligne l'impact de la beauté d'Atalante: FUGAT au vers 569, VENIT au début de 574). Il est aussi amusant d'entendre, de la bouche même de Vénus jouant Atalante, le NEC SUM POTIENDA en 569, et le CONTENDITE MECUM prend toute sa saveur dans sa bouche. Notons que le titre de CONJUX évoque la réalité légale et que le terme THALAMI implique la possession physique, le don du corps: cela est dit clairement et sans fausse pudeur, en un contrat en bonne et due forme, avec livraison du produit en cas d'accord... ce, sur la décision, non du PATER FAMILIAS, mais de notre jeune fille. Autre contraste, pour ne pas dire subversion: habituellement, ce sont les hommes qui édictent les lois, là, il s'agit d'une jeune fille: 572: EA LEX en césure p, repris par l'hyperbate très forte: VENIT AD HANC LEGEM au v. 574...Il convient de relever aussi la passivité du héros (indigne d'un homme - certes, il s'agit d'un grec, mais nous ne sentons pas dans ce passage le mépris ethnocentrique classique du romain, parfois perceptible chez Cicéron): Son introduction dans le récit lui-même est triviale et inattendue, à contre-courant: SEDERAT en début de v. 575; de plus, non content de souhaiter, de façon fort peu chevaleresque, la mort des autres prétendants: avec des spondées appuyés au v. 583 (sdssds), il est l'homme du ressassement intérieur, de la méditation procrastinatrice: DUM TALIA SECUM en fin de vers, puis EXIGIT au début du vers suivant, alors que la jeune fille VOLAT en un rythme enlevé déjà évoqué; ce même processus se retrouve au v. 597, avec, de façon révélatrice, la même conjonction de subordination temporelle de concomitance, et avec le même effet de contraste avec la fin du vers. Vénus et Adonis participent aussi de ce jeu ambigu masculin-féminin et le vers 579 est à cet égard tout à fait clair; il est très travaillé, avec ses deux césures justement l'une à MEUM pour la femme, l'autre à TUUM pour l'homme, le tout étant mis en parallèle avec l'anaphore des deux QUALE, la conditionnelle fermant le vers et évoquant le changement même de texte, même si c'est à titre purement hypothétique... Les prétendants sont au masculin: QUOS en début de vers, Atalante est évoquée de façon plus tangible par le neutre pluriel PRAEMIA, repris par QUAE en début de vers suivant... Ils sont indifférenciés: TURBA déjà rencontré, QUIS JUVENUM en césure p en 583. Et, pendant toute la course, c'est Atalante qui est décrite, occultant tous ses adversaires qui ont disparu de l'arène. Certes, c'est par focalisation amoureuse (JUVENI en césure h en 589), il n'en reste pas moins que les autres, les hommes, ont disparu sans même que leurs efforts, que l'on peut supposer extrêmes vu l'enjeu pour eux, soient évoquées, au moins par contraste: la seule rougeur évoquée (RUBOREM) est celle PUELLARI, avec les spondées du v. 594: dsssds, et la césure h à CORPUS... la femme est mise au pinacle, avec le report de son nom vers la fin du v. 598, après deux termes nettement féminins; certes, FESTA concerne CORONA mais VICTRIX à la césure h joue bien en opposition avec les innommés VICTI du v. suivant à la césure p, en une attitude peu courageuse: DANT GEMITUM: la femme est ici maîtresse de la course et maîtresse de la vie...

Ainsi, ce passage a retenu notre attention sur quatre points: nous avons vu en quoi il relevait du genre traditionnel du conte (1), non sans une certaine complexité (2) (à laquelle d'ailleurs Bruno Bettelheim, dans Psychanalyse des contes de fée, nous a ouvert, en d'autres termes, il est vrai, que ceux énoncés ici). Le sport et la beauté du corps ont été mis au pinacle (3), tout en opérant un retournement subtil, qui ne manque pas d'humour, entre les rôles masculin et féminin (4).