de vous signifier notre profond désaccord vis-à-vis de votre politique actuelle à l’encontre des Humanités, dites (car comment les concevoir en l’absence du latin et/ou du grec ?) classiques. A l’évidence, la stratégie de votre ministère s’oriente vers une solution finale : la mort non annoncée, voire déniée, mais programmée, de ces deux langues «mortes». «Toutes nos querelles sont langagières», disait Montaigne ? Vous faites mentir ce Mentor. Car ce que vous avez entrepris est un crime contre l’intelligence, et nous ne cautionnerons pas votre décérébration des jeunes générations. . Oui, les Lettres Classiques ouvrent leur esprit, oui, nous avons l’outrecuidance d’affirmer, comme Térence, que «rien de ce qui est humain ne nous est étranger», donc, ne doit pas l’être pour eux : le but de l’enseignant(e) est de mettre en signes et en signification la réalité. Comment y arriver si vous confisquez les mots pour le dire, les idées pour le faire ? Vous brûlez ce passé qui est le nôtre (le vôtre ?), vous empêchez les jeunes de s’en nourrir, vous les contraignez à un consumérisme mortifère pour leur développement intellectuel. Oui, vos services semblent sur ce point avoir atteint leur stade létal, oui, nous avons la volonté… la volonté ? l’obligation morale d’obtenir de vous un changement dans votre politique, car nous sommes humaniste et faisons confiance à l’intelligence : nonobstant, nous ne pouvons pas vous imaginer imperméable à :
l’étude des langues anciennes permet la formation de la logique, au même titre que les mathématiques ou que la programmation informatique : si X est soit catégorie A soit catégorie B et qu’Y soit uniquement catégorie A, alors, si X et Y sont incompatibles, X est catégorie B. Cela se dit très bien en Turbo pascal (langage informatique), cela se vit tous les jours, sachez-le, en classe de latin et/ou de grec, en osmose avec l’esprit des élèves : quel plaisir, dont vous voulez les priver.
elle développe le sixième sens, celui de la subtilité, toute révérence gardée, Monsieur le Ministre. Et nous nous targuons que les élèves peuvent dépasser leur enseignant(e) . Le latin et le grec développent le sens de l’hypothèse subtile : si ceci est et que cela est possible tant en sachant qu’une partie est incompatible, alors peut-être que c’est cela, ce qui serait corroboré par ceci ou dénié par autre chose. Ou le contraire. Du galimatias, des arguties ? Quelle piètre appréciation des relations personnelles, quelle piteuse appréhension du réel ! Car la découverte d’un texte permet tous les tours et détours de la Mêtis, chère à Ulysse, l’épigone de notre Panurge national. (excusez-nous de cet arrière-plan… culturel)
Elle permet aussi le petit pas de côté, celui de Pappert. Celui que l’on doit faire pour trouver la solution ; apprenez-le, Monsieur le Ministre : regarder sur nouveau fond, en oubliant ses préjugés, le regard nettoyé de toute pollution ambiante. La solution existe, je le sais, mais l’esprit reste bloqué. Soudain, l’étincelle. Comment ? Pourquoi ? Les sciences cognitives cherchent. Mais depuis des lustres, l’étude du latin et du grec entraîne à la provoquer. Ce que fait très bien l’exercice de traduction orale ou écrite, en latin et/ou grec, sur des textes à haute teneur culturelle; conseillez, Monsieur le Ministre, cet apprentissage minimum aux techniciens ( pseudo-, vu l’étymologie par TEXNH) de votre entourage.
N’oublions pas le regard en arrière que ces langues permettent sur notre passé, la découverte de l’Autre, ce que la mondialisation va de moins en moins favorriser, avec les lissages géographique et culturel qu’elle semble opérer…Le latin et le grec ? Ecoutez la différence, Monsieur le Ministre.. Le voyage dans «l’espace-terre» est de plus en plus éculé, vive le voyage dans le temps, à la rencontre de nos «proches» ancêtres.
Nous vous épargnons ce que vous êtes censé savoir : les humanités gréco-latines ne sont pas qu’un simple vernis et, à supposer qu’elles le soient, c’est celui de l‘humanité, qui saute très vite - toute l’histoire, même celle de l’antiquité, nous le prouve - quand il n’est pas entretenu ! Lisez la colonne Trajane, arrêtez le massacre des langues anciennes…
Laisser vivre les options qui surnagent encore, sans chercher à les couler par le bas, à grands renforts de perte d’heures et d’attente de mise au rancart - avec plusieurs années en sus pour les achever plus cruellement - des enseignants les plus âgés.
Permettre l’accès, dans les collèges et Lycées et de nos périphéries urbaines et de nos campagnes, à cette Culture (Non, ce n’est pas un gros mot - Qui cherche son Lüger ?) par l ‘ouverture raisonnée, programmée et gaiement volontariste, de nouvelles sections de Latin-grec !