Nous avons coutume actuellement de compter les années à partir d'une date fixe, l'année supposée de la naissance du Christ, d'où nos indications av. Ou ap. J.-C. Les Romains n'ignorent pas cette manière de mesurer le temps: ils peuvent compter à partir de la fondation légendaire de Rome (753 av. J.-C;) ou, plus rarement, à partir de l'année supposée de l'expulsion des rois (509 av. J.C.). Mais la plupart du temps ils désignent l'année par le nom des deux consuls en charge.
Ex.: Cicerone consule <Cicéron étant consul> = sous le consulat de Cicéron
Le calendrier, formulé par le Grand Pontife (Pontifex Maximus), a une importance à la fois religieuse, politique et sociale. Avant César, l'année dite de Numa comporte 355 jours, soit 12 mois lunaires. Pour rattraper le retard sur l'année solaire, tous les deux ans le Grand Pontife ajoute un mois intercalaire dont il fixe la durée. En principe, les mois de mars, mai, juillet et octobre comportent 31 jours, les mois de janvier, avril, juin , août, septembre, novembre et décembre en comptent 29, le mois de février 28. Pour des raisons religieuses, le mois intercalaire d'une vingtaine de jours débute entre le 23 et le 24 février. Les mois portent des noms qui ont perduré: januarius, februarius, mars, aprilis, maius, iunius, quintilis (qui devient iulius en 44 av. J.-C. en l'honneur de César), sextilis (augustus à partir de 8 av. J.-C. en l'honneur d'Auguste), september, october, nouember, december. On peut remarquer qu'à partir de quintilis les noms des mois sont formés sur des adjectifs numéraux: ainsi september est formé sur septem, sept. Cette manière de compter les mois s'explique par le fait que l'année ne commence en janvier qu'à partir de 153 av. J.-C.; auparavant, elle débutait en mars. Il se produisit un décalage important, surtout lors des troubles politiques qui gênèrent les Grands Pontifes dans leur travail. Jules César, qui est en 46 av. J.-C. dictateur et Grand Pontife, institue l'année de 365 jours, avec un jour intercalaire tous les quatre ans, situé entre le 24 et le 25 février. C'est ce calendrier, dit julien, qui est encore le nôtre (si l'on tient compte d'une légère modification intervenue au XVIème siècle).
Notre habitude actuelle est de partir du premier du mois et d'ajouter les jours qui suivent (le 2, le 3...). Les Romains comptaient par rapport à une date ultérieure, c'est-à-dire " à reculons ". Chaque mois comportait trois dates qui servaient de repères: les Calendes, les Nones et les Ides. Les Calendes marquent le début du mois (le 1er), les Nones et les Ides tombent respectivement le 7 et le 15 en mars, mai, juillet, octobre, le 5 et le 13 pour les autres mois. Dans le calcul, on tient compte à la fois du jour que l'on veut dater et de la date repère. Ainsi, le 1er janvier est appelé Calendes de janvier, le 2 janvier est le 4èmejour avant les nones de janvier, le 8 est le 6ème jour avant les Ides de janvier, le 30 est le 3ème jour avant les Calendes de février. Le jour supplémentaire intercalé tous les deux ans est dit littéralement " le second dixième jour " (avant les Calendes de mars), c'est-à-dire en latin bis sextus, ce qui a donné notre adjectif bissextile.
Les Romains n'ignoraient pas notre notion de " semaine ". Les nundinae sont littéralement le retour de chaque neuvième jour, ce qui, compte tenu des habitudes de calcul des Romains mentionnées plus haut, signifie qu'il existe une " semaine " de huit jours, marqués par les lettres de A à H; le jour des nundinae porte la lettre A. C'est un jour de repos pour le travail agricole, où les gens de la campagne se rendent à Rome pour le marché. Il existe des jours fastes, où il est légitime d'administrer les affaires publiques, et des jours néfastes où, pour des raisons religieuses, les tribunaux ne peuvent pas siéger; ils sont indiqués sur les calendriers qui nous sont parvenus par les lettres F et N.
Peuple de paysans et de soldats, les Romains mesurent leur temps d'après la course du soleil. Ils comptent 12 heures de jour et 12 heures de nuit. La journée commence au lever du soleil, elle s'achève à son coucher et la sixième heure prend fin lorsque le soleil est au zénith. Ainsi, suivant les saisons, les heures n'ont pas la même durée: les heures de jour sont plus longues l'été que l'hiver. Par habitude militaire, les heures de nuit, qui vont du coucher au lever du soleil (et qui sont elles aussi de durée variable suivant la saison), sont divisées en quatre veilles, dont la seconde s'achève à " minuit ".
Les Romains mesurent les heures qui s'écoulent grâce à deux types d'instruments: le cadran solaire et l'horloge à eau. Pour le cadran solaire, une hampe verticale, le gnomon, installée dans un endroit exposé au soleil, projette son ombre sur un cadran gradué. L'horloge à eau, ou clepsydre, consiste en un récipient percé d'un orifice qui laisse s'écouler l'eau: le niveau d'eau restant permet de connaître l'heure. Il faut dire que, même perfectionnés, ces instruments restent approximatifs. De plus, pour le cadran solaire il est indispensable que le soleil brille et il faut également tenir compte de la latitude. Dans un cas comme dans l'autre, compte tenu de la longueur variable des heures, il faut procéder à des corrections saisonnières, ce qui rend le système extrêmement complexe.