CENDRES

A trois reprises, le site Lutèce a disparu du net. 

Il a dû d'abord migrer et quitter avec regret son premier fournisseur d'accès, ALTERN, avec lequel il était en total accord déontologique: Internet à l'époque - cela n'a pas duré - devait être le lieu des échanges gratuits, dans le respect des engagements de chacun à condition qu'ils n'empiètent pas sur les droits et la liberté de tous. Force est de regretter que nous en sommes à des années-lumière. DE PROFONDIS, avec regrets...

Une seconde fois, plus aucune requête n'aboutissait. Après avoir envisagé le pire, tout est revenu, il fallait et suffisait de régler les comptes: le trésorier avait omis de payer à notre fournisseur d'accès son dû. En bon shylock, ce dernier nous avait, sans état d'âme ni autre forme de procès, amputé du réseau. IN MEMORIAM...

Mais la camarde nous a poursuivis et a effacé le site pendant 9 mois, le temps d'une gestation, à partir du mercredi 10 mars 2021 quand un violent incendie détruisit à Strasbourg une partie du centre de données d'OVH. Cette photo, POST MORTEM...

Oui, nous dépendions de l'Est et nous ne le savions pas. Nous avons, comme le jeu vidéo Rust, disparu corps et bien. Nous nous croyions virtuels, mais étions bien réels, octet sur octet par paquets stockés minutieusement au sein d'un DATA CENTER, dans des caissons sans grâce, type conteneur, empilés, enchaînés les uns aux autres. il a suffi d'une simple réparation, d'une soudure mal maîtrisée, et tout est parti en fumée, dans un tourbillon de flammes et d'émanations sûrement toxiques. Par effet domino, toute requête, sur un moteur de recherche trop couru, concernant le site, ses participants, ses traits les plus attestés antérieurement par des références, rassurantes aussi car immédiates, premières et multiples, débouchait sur... le néant. Disparus, les textes, les explications brillantes, les commentaires minutieux, pas à pas, peaufinés pendant des heures, des jours... Envolées les photos, évanouis tous les liens patiemment tissés en écho, pensions-nous dans notre naïveté, avec les autres sites les plus solides, les plus attestés car sous l'aval de l'université. Eux aussi avaient secoué leur tablier de notre poussière: Ne subsistait plus de ce travail de Romain, que dis-je? de Bénédictin, que deux buttes-témoins: 2 renvois, débouchant vainement sur notre vide existentiel ... Cette aporie dura une semaine d'angoisse.

 

De fait, par un hasard chanceux, juste avant de partir à la retraite en 2016, HS, en bon paranoïaque, avait fait une sauvegarde générale. Ce répit fut de courte durée: la porte d'entrée lui avait, sans qu'il le sût, échappée: claquemurée, il a fallu reconstruire l'ensemble du chambranle et rattraper ce qui avait été bâti à la va-vite (eh oui!), retaper, peu ou prou, plus ou moins fidèlement, ce qui avait disparu, en fait «rapetasser» les coins qui s'étaient éborgnés, accepter de déboguer ce qui avait été auparavant accepté, bref, un grand ravaudage blessant pour l'amour-propre...

Vous en constatez, DE VISU, le résultat. En l'état, l'ensemble court sur son erre. Jusqu'au prochain iceberg? (car on a soupé des flammes!)