Alors que l'abbé Lecur prenait en
main l'Institution, l'abbé Flavigny dut sentir le poids de la
solitude à Bois-Guillaume, il tint cependant à y rester
et s 'y fit aménager un pavillon pour y vivre en compagnie de
son ami de toujours, l'abbé Fouard. Mais que faire des
classes, de la chapelle, du parc ? Une proposition fut vite
formulée par les Frères de la doctrine
chrétienne de Nancy, désireux d'y ouvrir une
école professionnelle, l'acquisition étant
financée par une riche bienfaitrice, Mme Lebaudy ; l'acte de
vente fut signé dès juin 1900.
Mais le montage juridique imaginé pour préserver
l'anonymat de Mme Lebaudy se montra malheureux, car trois ans plus
tard, dans le feu de l'anticléricalisme qui s'élevait
alors, les Frères, qui ne constituaient pas une
congrégation autorisée, furent expulsés et la
propriété de Bois-Guillaume mise aux enchères.
Sous la menace d'un lotissement, l'abbé Flavigny la racheta en
février 1905 ; il offrit alors à Mgr Fuzet,
Archevêque de Rouen, d'y accueillir le séminaire de
Rouen sur le point d'être expulsé à son tour, au
titre de la loi de Séparation de décembre 1905 : cette
proposition intéressante échoua, tant en raison des
atermoiements des autorités diocésaines que des
hésitations de la dame Lebaudy qui avait encore son mot
à dire et nourrissait quelques préventions contre le
diocèse
En définitive, la propriété
de Bois-Guillaume fut reprise en 1907 par l'uvre des maisons de
famille, avant d'être rachetée en 1921, par la Ville de
Rouen qui en fit une annexe de son Centre hospitalier.
Quant à l'abbé Flavigny, l'abbé Fouard
étant mort en 1903, il vécut encore un quart de
siècle dans son pavillon de Bois-Guillaume où il mourut
le 6 mai 1925, à l'âge de 88 ans ; il avait reçu
entre-temps les dignités de vicaire général
honoraire et de protonotaire apostolique. Mgr Lecur,
évêque de Saint-Flour, se déplaça pour ses
obsèques et le dépeignit ainsi : " La bonté, on
est porté à la considérer comme le trait
dominant de ce prêtre. Je me demande pourtant s'il n'y en a pas
un plus profond, plus marquant encore : l'amour du devoir
".